|
Panique ou pas panique ? par Nathalie Leenhardt |
|
|
REFORME | 03 09 09
| n° 3333| Au fil des ans,
des termes jusqu’alors inconnus à nos oreilles sont devenus des leitmotive :
tsunami, hedge funds, parachutes dorés... Ils nous sont désormais familiers, objets
de jeux de mots. Aujourd’hui, la rentrée à peine entamée, nous voici
submergés par un nouveau sigle étrange : H1N1. Ah oui !, la grippe A, celle
dont on nous rebat les tympans sur les ondes, celle sur laquelle joue les
magazines, masques à l’appui, pour nous faire peur et donc... nous faire
acheter ! Réforme n’y a pas échappé mais en se posant cette juste question :
le gouvernement en fait-il trop ? Les médias en rajoutent-ils ? La question n’est
pas simple à trancher. D’un côté, les médecins nous le redisent : cette
grippe est certes terriblement contagieuse mais elle est bénigne dans la
grande majorité des cas. Depuis l’alerte lancée en mai dernier par l’OMS, il
y a eu quelque 2 200 cas mortels dans le monde. Soit bien moins que le nombre
de décès provoqué par l’habituelle grippe saisonnière. Et que quantité
d’autres maladies mortelles qui ravagent silencieusement l’Afrique. Mais
c’est un autre débat... Trois jours de paracétamol, le lit, une autre grosse
fatigue, voilà ce à quoi devrait se résumer, pour la majorité de ceux qui
seront touchés, l’épisode.
Certes, le fait
que le H1N1 concerne plus particulièrement les enfants, les jeunes et les
femmes enceintes inquiète. Faut-il pour autant annoncer la fermeture des
écoles ? Parler de cours à la télé ? Réponse : les Français doivent en être
convaincus, le gouvernement an-ti-ci-pe ! Il a tout prévu : les doses de
vaccins, la réquisition des gymnases pour leur injection, la distribution de
masques... Il ne veut pas être pris en défaut au cas où la pandémie prendrait
une très grande ampleur. Peut-on l’en blâmer ? Non parce que gouverner, c’est
prévoir, selon un mot fameux. Et qu’on ne peut reprocher à un gouvernement de
protéger sa population. En revanche, il y
a les mots. Attention de ne pas en rajouter tant la peur peut être mauvaise
conseillère et inciter à la méfiance généralisée. Si le principe de
précaution peut être politique, il n’est pas chrétien. Il ne peut être l’aune
des relations humaines. La peur de l’autre n’a jamais fait le ciment d’une société... Nathalie Leenhardt |
|
|
Réforme n° 3333
– 3 SEPTEMBRE 2009 Panique ou pas de
panique ? |
|