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La Cimade dénonce
les pratiques « absurdes » |
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LE MONDE Laetitia
Van Eeckhout| 29 10 09 | 12h16 Dix-huit
Marocains arrêtés à quelques mètres de la frontière espagnole. Billet de
retour en poche, bagages à la main, ils l'ont été alors qu'ils rentraient
vers le Maroc. C'est une des illustrations des "dérives" et "absurdités"
de la politique gouvernementale dont s'alarme la Cimade. Cette association, à
ce jour seule habilitée à intervenir dans les centres de rétention
administrative (CRA), a présenté, jeudi 29 octobre, son rapport annuel 2008. Les
centres de rétention frontaliers regorgent de migrants arrêtés comme ce
groupe de Marocains sur le chemin du retour. Parce qu'il s'agit de faire du
chiffre, pour être dans les objectifs. "Des touristes font eux aussi
les frais de cette obsession", souligne la Cimade qui a aussi
rencontré, dans les CRA, des étrangers vivant régulièrement dans un autre
pays de l'Union européenne venus visiter un proche. POLITIQUE
DU CHIFFRE En
2008, 32 268 personnes ont été placées en
rétention. Un tiers a été présenté
à l'embarquement d'un avion pour être expulsé.
Très souvent vers un autre pays européen. En effet,
près d'un tiers des reconduites effectives
réalisées depuis les CRA concerne des étrangers
renvoyés, en vertu du règlement européen Dublin
II, vers un Etat voisin par lequel ils ont transité. "Autant
de personnes qui risquent fortement de revenir", note Damien Nantes,
un des responsables de l'association. Si
l'on connaît l'objectif d'expulsion que se fixe le gouvernement chaque année
(27 000 en 2009), aucun chiffre officiel n'a jamais été communiqué sur le
coût de cette politique. La Cimade a calculé qu'elle s'élève à plus d'un
demi-milliard d'euros (533 millions). Pour arriver à ce résultat,
l'association s'est appuyée sur un rapport sénatorial et une étude de la Cour
des comptes sur la gestion des CRA. Ainsi, chaque expulsion (20 000 en 2008)
coûterait 27 000 euros. Une "somme
considérable" qui témoigne, pour la Cimade, des "moyens
démesurés et disproportionnés" employés pour atteindre des objectifs
d'expulsion planifiés chaque année. Au-delà
de ses aspects "coûteux" et "à bien des égards
inefficaces", l'application de cette politique, insiste-t-elle, "entraîne
nécessairement une réduction des droits des étrangers et des atteintes graves
aux droits fondamentaux de la personne humaine". Les conditions d'accueil en rétention (à l'exception de l'outre-mer) se sont pourtant améliorées au fil des ans. En 2005, l'Etat s'est engagé dans un vaste plan triennal de rénovation des CRA. L'objectif étant de faire passer de 1000 à 2700 le nombre de places, "tout en étant irréprochable sur la qualité de leur accueil pour pouvoir légitimer un objectif quantitatif d'éloignements" de sans-papiers. Laetitia Van
Eeckhout Article paru dans
l'édition du 30.10.09. LE MONDE Laetitia
Van Eeckhout| 29 10 09 | 12h16 |
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