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Rompre
le silence du Proche-Orient |
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Le Monde du 20
octobre 2010 M. Ahmaninejad tient des propos
intolérables N'est-il pas
temps de rompre notre silence - le silence des citoyens du Moyen-Orient -
face aux propos incendiaires du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad ? Nous savons qu'il n'y a pas de démocratie
dans cette partie du monde. Nous savons qu'ils risquent la prison ou la mort,
ceux ou celles qui oseraient descendre dans les rues de Beyrouth, Damas ou
Amman pour dire " non " à cet illuminé, dans l'état actuel des
rapports de force. Nous savons que, pour l'heure, notre histoire ne s'écrit
pas avec la voix des peuples mais avec leur soumission ou pire : dans la
fusion passionnelle avec leurs chefs de guerre respectifs. Nous savons aussi, bien sûr, que la
politique israélienne creuse savamment, brutalement, chaque jour davantage,
le fossé qui sépare son peuple de ceux de la région, à commencer par le
peuple palestinien. Il n'empêche. L'appel du président
iranien à la disparition de l'Etat d'Israël est une abomination. Sa petite
phrase sommant ses habitants à " retourner dans leur pays d'origine
" un monument de bêtise et de haine. Est-ce trop réclamer de soi que
l'effort d'une pensée qui tienne les deux bouts ? Se battre pour les droits
des Palestiniens et la fin de leur calvaire - aussi bien dans les territoires
occupés que dans les camps des pays voisins - n'est pas incompatible que je
sache avec la reconnaissance - au plein sens du terme - d'une réalité
humaine. Israël n'est pas qu'un ennemi, c'est un peuple. Autrement dit : des millions de fois un
être unique. Ce pays, qu'on le veuille ou pas, et quoi qu'il nous en coûte,
est adossé à une histoire d'une cruauté innommable que nous sommes en devoir
de prendre en compte dès lors que nous savons lire et écrire. Pas seulement.
Cette histoire, il faut qu'elle entre dans nos écoles, dans nos librairies.
Nous n'écrirons la nôtre, avec autonomie - dans les faits comme dans les
livres - que le jour où nous renoncerons au confort de l'ignorance ; au
recours à la surdité pour se faire entendre. Respecter la mémoire de l'autre
n'est pas abdiquer sur la sienne. Se battre contre le pouvoir israélien n'est
pas rêver la mort, mais le contraire. C'est rêver une autre vie. Or quoi de plus favorable aux sinistres
projets d'épuration ethnique d'Avigdor Lieberman, chef du parti
ultranationaliste Israel Beitenou, que le discours négationniste de Mahmoud
Ahmadinejad ? Va-t-on laisser au gouvernement israélien le soin de répondre à
notre place ? Ils sont légion, en Europe et aux Etats-Unis, les jeunes
d'origine arabe ou musulmane qui pourraient lancer sur le Web une campagne de
signatures s'opposant au discours de cet ennemi idéal qu'est Mahmoud
Ahmadinejad pour les partisans israéliens du transfert de population. Le bateau Irene dirigé, il y a
trois semaines, par des dissidents juifs contre le blocus de Gaza, avait
adopté une formule toute simple : " Deux peuples, un avenir ".
Voilà une phrase qui mériterait de voyager, via le Net, par-dessus les têtes de
MM. Nétanyahou, Lieberman et Ahmadinejad. Dominique Eddé Ecrivaine
libanaise |
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Le Monde du 20 octobre 2010 Rompre le silence
du Proche-Orient |
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