Mais pourquoi qualifier de niaiserie la fiction contée par l’écrivain Frédérique Hébrard ? La grâce sacramentelle, normée, définit par le Magistère, serait-elle seule valable ?  Il faut le reconnaître la grâce vécue, existentielle, expérimentée en dehors de codes écclésiaux continue à susciter suspicion, moquerie ... Susciterait-elle encore l'excommunication ? Cette grâce vécue hors des sentiers battus, hors des chemins balisés du Magistère, continue cependant à faire vivre en générant amour de Dieu et amour du prochain, en suscitant de véritables fraternités ... dérangeantes, probablement.  Certes la fiction ne prépare personne à traverser les drames. Elle peut simplement dessiner un décor où s'exprime l'espérance.  Alors, pourquoi dénigrer et moquer l'expérience de la grâce ?

A vous de juger !

Les Châtaigniers du désert

L’écrivain Frédérique Hébrard propose, avec l’adaptation de son roman Les châtaigniers du Dése un hommage à la terre de ses ancêtres et fait l’éloge du dialogue interreligieux.  Lorsque la caméra suit la voiture de Marie sur les routes cévenoles, dévoilant collines et vallées, nul ne peut résister à la splendeur ensoleillée de ces lieux de mémoire. Inspirée depuis toujours par la région de ses ancêtres, l’écrivain Frédérique Hébrard propose l’adaptation de l’un des ses romans, Les châtaigniers du Désert, réalisée par Caroline Huppert. Une aventure familiale puisque son mari, le comédien Louis Velle, et son fils, le metteur en scène François Velle, ont participé à la rédaction du scénario. Mais c’est aussi de famille qu’il s’agit dans ce téléfilm en deux parties.

Les châtaigniers du Désert
de Caroline Huppert

avec Elodie Navarre,
Louis Velle et François Marthouret

diffusion les 13 et 14 novembre à 20 h 35 sur France 3.

 

Réforme n° 3390 2010_11_04
Les châtaigniers du désert
À la lumière du Désert

Chemins spirituels

Jeune femme qui a étudié la théologie pour le seul plaisir de démontrer l’inexistence de Dieu, Marie s’apprête à épouser Desmond Campbell, secrétaire d’État au commerce extérieur des États-Unis, quand survient la mort soudaine de son frère, pasteur dans un village des Cévennes. Elle découvre alors un monde qui la bouleverse. Impossible ici de révéler toutes les péripéties qui s’imposent à Marie, non plus que les multiples rencontres qui parsèment son histoire : avec l’aide d’un couple d’homosexuels, d’un berger, d’un pompier, d’un prêtre et le soutien des protestants, l’héroïne atteint son équilibre social et spirituel.

« J’ai toujours eu le désir de rapprocher ce qui paraît inconciliable, admet Frédérique Hébrard. Cela me vient du temps de la débâcle. Nous avions un cousin, protestant très pratiquant que ma mère appelait “le cousin de droite”, avec lequel nous n’avions aucun contact. Alors que nous étions réfugiés à Montauban, cet homme est venu dire à mon père, André Chamson, qu’il possédait une maison en Lozère et la mettait à notre disposition, tout le temps que nous le désirions. Cela m’a fait comprendre que les dissensions politiques ou religieuses peuvent disparaître devant une grande cause ».

L’union de la protestante Frédérique Hébrard et du catholique Louis Velle a longtemps symbolisé l’œcuménisme parmi les artistes français. « Nous formons en réalité un ménage à trois avec Jésus, pense Louis Velle. Il nous relie et nous permet d’être en communication avec les autres religions du Livre, puisqu’il était juif et que sa mère est particulièrement bien traitée par le Coran ; il est triste de constater l’ignorance qui prévaut d’une communauté spirituelle à l’autre et nous avons voulu montrer que, dans les Cévennes, les ruptures de jadis ont été dépassées. » Un point de vue partagé par son épouse : « Quand le personnage de Melchior suggère de boire à la mémoire de l’enfant caché dans les Cévennes, cela fait référence au fait que catholiques et protestants se sont unis pour protéger des juifs pendant l’Occupation. Je n’aurais pas pu écrire Les châtaigniers du Désert si je n’avais pas constaté une grande évolution dans notre région. » Cette volonté de dialogue inspire la plupart des protagonistes du téléfilm et, selon le pasteur Antoine Nouis, les relations entre le prêtre et la jeune femme protestante reflètent assez bien ce que l’on pourrait appeler un œcuménisme pratique et fraternel. 

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La fiction ne prépare personne à traverser les drames, Elle peut simplement dessiner un décor où s'exprime l'espérance.

                                                  Frédéric Casadesus

 

La Vie n° 3402 du 11-17 novembre 2010
Les châtaigniers du désert

Marie de Walheim rentre tout juste des Etats Unis où elle vient de faire huit ans d’études de théologie … pour démontrer l’inexistence de Dieu. Problème : son fiancé américain est très croyant, et Johan, son frère bien-aimé, pasteur dans les Cévennes. Tout bascule quand il décède brutalement alors que Marie venait rendre visite sur cette terre chargée d’histoire … Ca commence comme une bluette, ça continue comme un thriller mâtiné de science-fiction, et ça s’achève dans une apologie de l’œcuménisme tellement angélique qu’elle en perd tout impact. Pour montrer sa stupéfaction devant ce monde étrange, Elodie Navarre traverse une partie du film les yeux écarquillés et la bouche ouverte. Ce qui lui donne l’aire passablement niais. Mais le téléspectateur finira peut-être dans le même état s’il arrive au bout de cette fiction au scénario brouillon. Dommage car le sujet de la grâce méritait un autre traitement. Seuls l’incroyable beauté des paysages et les seconds rôles bien interprétés donnent une raison de regarder ce téléfilm en deux parties réalisé par Caroline Huppert.

Françoise Presles