Les religions de la région lilloise fêtent les 25 ans d’Assise

« La Croix du Nord » n° 2232 28 octobre – 3 novembre 2011

Le 24 octobre, 250 personnes ont entouré les représentants régionaux des religions dans une prière pour la paix.

Au mur une colombe, le portrait de Saint François d’Assise, et une photo du rassemblement des religions, à Assise, le 27 octobre 1987, autour de Jean Paul II. Nous sommes à l’accueil Marthe et Marie, sur le site Humanicité, le 24 octobre, trois jours avant l’anniversaire officiel du grand rendez-vous des religions du monde. C’est Mgr Ulrich qui est à l’initiative de la rencontre.

Nous sommes en fait en face d’un « mini Assise » : il y a côte à côte, deux évêques catholiques, Mgr Ulrich et Coliche ; trois bouddhistes, dont deux bonzes ; deux pasteurs réformés, Frédéric Verspeeten et Didier Destin; deux représentants juifs, Charles Sulman, président du Conseil régional des Israelites de France (CRIF), et Edgar Leser ; trois musulmans, l’imam Ahmed Miktar, Abedelkader Aoussedj, président de la fédération Nord - Pas-de-Calais de la Grande Mosquée de Paris et l’imam Abdel Akiz ; et un prêtre orthodoxe russe, Jean Maquart.

On pouvait noter une seule femme dans ces représentants religieux, Debbie Flach, prêtre de l'Elise anglicane de Lille.

C'est Abdelkader Aoussedj qui, ouvre la rencontre, rappelant notamment sa présence lors de la fête de départ de Mgr Defois début 2008 ! L’imam dunkerquois Abdel  Akiz rappela, lui, qu'on ne peut parvenir à la paix « sans lutter contre l’injustice.» Le révérend Flach précisa l'importance de vivre la paix intérieure pour en rayonner. « C'est notre travail de la révéler en chacun. » L’imam villeneuvois Ahmed Miktar a invité à "se remettre en question, à prendre conscience de ses limites  pour s'enrichir de l'autre. »

Charles Sulman, du CRIF, a salué cette « merveilleuse initiative » : « On a tous notre vérité, mais il y a une vérité plus globale, l’amour du prochain. Nous sommes dans une période très difficile, avec la famine, les droits de l'homme bafoués, le repli sur soi, l’exclusion. Cette rencontre est un espoir. Que la fraternité soit le, début de ce monde meilleur. »

Le discours le plus laïc et le plus étonnant revient à Edgar Leser, figure lilloise, membre de la communauté juive. « La prière ne sert à rien d’autre qu’à l’autosatisfaction de ceux qui la prônent. Dieu ne répondra pas ! C’est à nous d’agir. » Et d’échanger une poignée de main avec chaque religieux, prononçant le mot « Shalom ». Le père Maquart a lu un texte du Conseil des Eglises chrétiennes : «  Le signe distinctif d’un chrétien est d’être artisan de paix… Un monde d’injustices ne peut être un monde de paix ».

La rencontre s’acheva par un geste symbolique, pour lequel tous les participants ont été sollicités : la signature d’un texte fruit de la communauté San Egidio. Extraits : « Dans un monde plus sensible à ce qui divise, un tournant s’impose. La mondialisation a besoin de trouver une âme… Il est de la responsabilité des religions dans le danger qu’elles font courir à la paix lorsqu’elles ne se tournent pas vers le haut… Il n’ya pas d’alternative au dialogue… »

Une charte de la paix

Un regret pour Charles Sulman : l’absence de jeunes dans la salle. Il est vrai qu’ils n’étaient pas présents, mais les organisateurs les ont sollicités en amont. Un diaporama a repris les dessins des élèves d’établissements catholiques de la métropole qui ont illustré le mot « Paix ».

Mgr Colliche a estimé ce temps essentiel, « car il faut des gestes symboliques ». « Dans notre région, nous vivons souvent la rencontre entre religions, mais cela ne se sait pas, ne se voit pas. Il faut se montrer ensemble, rendre visible cette union dans un monde de médias et de spectacle, pour donner des signes forts. Dans les textes partagés aujourd’hui par les traditions religieuses, il y avait des points communs, mais aussi des différences, les deux sont importants… ».

Anne Sophie Hourdeaux

 « La Croix du Nord » n° 2232 28 octobre – 3 novembre 2011

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