|
L’intelligence artificielle en débat |
|
|
L’intelligence artificielle En 2020, l’IA (Intelligence
Artificielle) est de plus en plus utilisée. Et nous ne sommes, très
probablement, qu’au tout début d’une utilisation de plus en plus généralisée.
Les héritiers de la
pensée de Jacques Ellul ne peuvent que développer une opposition vis-à-vis de
l’IA, un des derniers avatars particulièrement puissants de nos technologies.
Surtout si l’on tire les déductions pratiques auxquelles conduisent, ipso facto, cette opposition. Le
théologien protestant Frédéric Rognon, admirateur et adepte de Jacques Ellul,
écrit un article intitulé "Jacques Ellul et l'Intelligence
Artificielle" (Paroles
protestantes, édition Paris, septembre 2020). Comme, à son
époque, J. Ellul ne pouvait pas stigmatiser l’IA, on ne peut qu’en déduire
que Fréderic Rognon fait siennes les conclusions de Jacques Ellul sur les
techniques en les appliquant, tout naturellement, à l’IA :
« sacralisée », « ambivalente », qui doit être
« profanée au nom du Dieu vivant ». Une telle position,
au nom de la foi chrétienne, n’est pas sans susciter plusieurs interrogations. Vous trouverez ci-dessous les questions
suscitées et les réponses que nous donnons. * * * * * L’intelligence artificielle (IA) est une des technologies
de plus en plus généralisée. Est-elle « sacralisée » ?
Est-elle « ambivalente », doit être « profanée au nom du Dieu
vivant » ? Il est inquiétant
d’abandonner au nom du Dieu vivant une composante essentielle de notre être,
notre intelligence, qui contribue à nous rendre créateur, à l’image de notre
Créateur. L’utilisation de l’IA, comme de beaucoup d’autres techniques, nous
conduit à en obtenir tantôt le
meilleur tantôt le pire, mais pas à la fois le meilleur et le pire.
L’IA est-elle sacralisée par ses créateurs et ses utilisateurs ? Non, en
aucune façon. En milieu religieux, le qualificatif me semble attribué pour
disqualifier l’IA en la « démonisant » et pour déclarer qu’il faut
la « profaner au nom du Dieu vivant » On a le plus fréquemment l’habitude d’entendre que les
techniques ne sont ni bonnes, ni mauvaises en elle-même. Tout dépend ce qu’on
en fait. Autrement dit, au départ, elles sont neutres. Cette qualification ne
convient pas aux détracteurs de l’IA qui la qualifient d’ambivalente. Le
terme d’ambivalent
convient-il ? Je n’adhère pas au
qualificatif d’ambivalent qui
signifie, par définition, ambiguë, c’est-à-dire pouvant servir simultanément à deux usages distincts.
Ce sont plutôt nos caractères, à nous humains, qui sont ambivalents, pouvant
manifester simultanément deux
sentiments opposés à l’égard d’une même personne (amour et haine, joie et
tristesse, etc.) ; il en résulte des utilisations ambivalentes de nos
créations les plus performantes ou même les plus belles. Ainsi, bien qu’une
voiture puisse être utilisée comme véhicule, pour convoyer quelqu’un, elle
peut être, dans le même temps, utilisée, par un chauffard ou par un
terroriste, pour l’écraser (tristement illustré récemment à Nice). Alors,
pour le motif de la soi-disant ambivalence des techniques, devrait-on refuser
de les utiliser pour construire des voitures, pour générer et conduire
l’électricité, pour maîtriser l’énergie atomique, la force marémotrice,
etc. ? La réponse évidente est non. A moins que la crainte de notre
ambivalence humaine amène à
la non utilisation de certaines technologies, considérées comme diaboliques
(en fait c’est nous qui le sommes !!!), comme le font, actuellement
encore, les Amish … Bien sûr toute technologie a le potentiel d’être
dangereuse. Cependant, une autre manière de faire face aux risques c’est
d’émettre des règles de sécurité (code de la route par exemple). L'utilisation des nouvelles technologies a
d’ailleurs toujours été encadrée (cf. le comité national d'éthique, entre
autre, dans le domaine du vivant)[i]. La dissuasion
nucléaire a servi, pendant la guerre froide, à protéger l’humanité contre sa
propre folie … en jouant sur notre réflexe de survie profondément enraciné en
nous. Certains, comme J. Moltmann, considèrent que le temps de l’utilisation
dissuasive du nucléaire est à présent révolu en raison de l’existence de nations terroristes qui cultivent une idéologie de mort affirmant : Nous
ne voulons pas gagner ; nous voulons tuer et être tués. Les dispositifs de dissuasion nucléaire ne
fonctionnent que tant que tous les belligérants ont la volonté de vivre et
veulent survivre. Certes, toute technologie a le potentiel d’être
dangereuse. Récemment, l’utilisation de l’IA a influencé les électeurs d’au
moins deux grands Etats de notre planète. Devons-nous pour cette raison s’en
méfier au point d’aller jusqu’à la « profanation » ? Nous
sommes déjà habitués, et depuis fort longtemps, au
lancement de nombreux sondages, simplistes ou/et à questions
pré-orientées, amenant à répondre de
façon binaire à des questions complexes. Le
résultat de tels sondages est ensuite utilisé pour
infléchir l’opinion des indécis ou même
modifié l’opinion de ceux s’étant
déjà déterminés. Moins sophistiquée
comme démarche mais aussi dangereuse et efficace que
l’utilisation de l’IA, pour obtenir les mêmes
résultats faussement représentatifs de l’opinion. Il est exact que la puissance d’analyse des
données par l’IA permet de détecter au sein des populations les profils
d’individus les plus vulnérables (physiquement ou psychologiquement) puis permet
de les influencer en leur envoyant des messages (subliminaux et temporaires,
parfois) amenant, subrepticement, sans qu’ils s’en rendent compte, à les
faire changer d’opinion. Trump a fait ainsi basculer, grâce aux
informaticiens, une frange de l’opinion et a remporté, de façon “inattendue”
l’élection à la présidence des USA. De même, Johnson pour faire adopter le
Brexit au Royaume Uni. Cependant, si l’on veut être complet dans l’information,
il faut ajouter que pour se faire élire les candidats ont proféré
directement, verbalement, ouvertement, des propos du même type ; ces
propos ont été relayés par les grands quotidiens d’information et par les
réseaux sociaux. Ces derniers sont, nous le savons, particulièrement
dangereux pour véhiculer fake news, et haine
… sans discontinuer. Il ne s’agit donc pas de condamner une technique,
nullement diabolique, mais les instigateurs des nouvelles diffusées par
différemment moyens et tous ceux qui les ont volontairement retransmises. La « profanation au nom du Dieu vivant » de
certaines techniques, en raison de leur sacralisation paraît-elle
opportune ? Je répondrai :
la création fait courir des risques. Aucune création ne s’est jamais courue
sans risques. Dieu n’en a-t-il pas couru lui-même en nous créant ? Dans
le domaine de la santé, de la médecine et de la chirurgie, pensons aux
réalisations techniques fantastiques ayant rendu possible l’allongement de
notre durée de vie. Si l’IA est utilisée dans les années avenir pour guérir,
bravo ! Au lieu de refuser de s’impliquer, on doit mettre les mains dans
le cambouis pour contribuer à orienter l’utilisation des techniques d’IA vers
le meilleur plutôt que vers le pire. Cela me semble une attitude éminemment
plus intelligente, plus constructive et plus solidaire que de « jeter le
bébé avec l’eau du bain ». Rester sur la touche en condamnant et en
attendant le salut venant du ciel constitue une attitude irresponsable, que
je considère non conforme au mandat que nous a confié notre Créateur. Dieu nous préserve de telles
attitudes négatives, qu’elles soient encouragées par certains extrémismes
religieux ou non. Que les hommes, nos frères, quelle que soit leur croyance,
soient préservés[ii]
de tels contre-témoignages, on ne peut plus désastreux ! Non à
l’obscurantisme au nom du Dieu vivant ! Philippe Vernet * * * * * Encore et toujours en débat ! Et ça ne fait que commencer... !!!
Daron Acemoglu, Prix Nobel d'économie 2024 affirme:
"Le monde doit oeuvrer pour une IA au service de l'humain" Cédric Villani,
médaillé Field, équivalent du prix Nobel en
Mathématique, sur France,
Culture "L'intelligence artificielle: utopie
dystopique", saison 4, "l'agent converstionnel par
qui le chaos arriva":
certes la technique n'est pas neutre. Le
vrai choix est à
exercer dans les rapports de pouvoir avec
l'économie et la politique. Janvier 2025.
Si l'IA permet d'éclaicir des problèmes scientifiques passionnant, "qu'est-ce que le monde s'en fou". Arpès tout, l'IA "ça marche" et c'est plus vendeur, beaucoup plus vendeur, de l'utiliser pour alimenter les prophètes de bonheur ou de malheur que les chercheurs avec leur but. Car les objectifs des chercheurs, malheureusement, ça n'intéresse personne (ou si peu !).... "Folle aventure de l'IA, prolongement inéluctable de la révolution informatique qui aura plongé l'humanité dans la vertigineuse confusion d'identité et de réalité, et dont, malgré les prophéties, NUL NE SAIT où elle nous mènera". |
|
|
La vie, en elle-même, est un risque
que nous n’avons pas voulu, |
|
[i]
Lire le rapport de Cédric Villani remis en mars 2018 à Edouard Philippe: https://urlz.fr/dztt . Notamment la “Partie 5”
qui préconise la création d’un comité d’éthique des technologies numériques et
de l’IA ouvert sur la société.
[ii]
Les articles de Liens Protestants sur
l’IA d’octobre 2020 sont beaucoup objectifs et équilibrés (http://www.erf-hainaut.net/Actualite/2016_11_13_pub_PRP_LP.html)