Partage sur le livre des Actes des Apôtres :
être témoin, hier et aujourd’hui
Bible & Culture Valencienne étude biblique 2

Actes 1, 9 à 14
L’ascension

GIOTTO, L’Ascension
Capella degli Scrovegni (1303-1305), Padoue, Italie.

Giotto, dans sa représentation, cherche à illustrer avec précision le récit des Actes des Apôtres. Ce souci de précision et de respect de la lettre du texte est une des caractéristiques des fresques de la chapelle des Scrovegni.

 

 

 

 

 

Etude biblique 2

L’ascension

Actes 1, 9 à 14

Luc est le seul qui nous relate cet évènement particulier de l’enlèvement au ciel. « Il a été emporté aux cieux ». Ces récits n’ont rien avoir avec l’astrophysique moderne.

Pour l’ensemble des auteurs du Nouveau Testament, qui ne nous livrent pas de mise en scène lucanienne, où se télescopent réalité historique et réalité spirituelle, Jésus a bien été enlevé au ciel. Dans l’hymne au Philippiens, Paul en témoigne (Philippiens 2, 9). Jean fait de même (Jean 17, 16). L’épitre à Timothée (1 Timothée 3, 16) suit ce schéma. Luc, à la différence de ces discours déclaratifs ou confessants, met dans Actes 1 la parole en récit.

Luc en son temps, en historien de son époque considère que l’intervention de Dieu qui emporte Jésus derrière la nuée, appartient à l’histoire. Luc réussit, ou tente ce tour de force de mettre par écrit la narration d’une vérité de foi. Il « rend possible et visible, ou visualise, l’invisible ».

La littérature apocryphe chrétienne reprendra plus ou moins harmonieusement cette manière de voir et de faire, notamment en:

-       Epître apocryphe de Jacques 1, 14-16

-       Epître des Apôtres 51

-       Martyre et Ascension d’Esaïe 11, 22-33

Luc 24 et Actes 1 visent à interpréter l’évènement plutôt que de le relater. L’évangile de Pierre (2ème siècle), qui expose la résurrection dans ses chapitres 35 à 44, va dans le même sens.

1.    Le récit de Luc est conforme à la tradition des grands récits de héros glorifiés que l’on retrouve dans la littérature gréco-romaine et juive :

-       Abraham et Moïse connurent le « ravissement »

-       Hénoch, Elie, Esdras, Baruch connurent l’enlèvement céleste

-       Romulus, Héraclès et Alexandre le Grand furent enlevés eux aussi aux cieux

-       Certains héros revinrent aux cieux après une apparition

-       Les romains ont utilisé ceci pour affirmer la divinisation des empereurs. L’empereur est consacré (consecratio), il passe de l’espace profane au sacré. En juillet 44, lors de l’apothéose de Jules César, une comète traversa les jeux, lors des jeux funéraires en son honneur. La conclusion s’imposa : c’était l’indice de sa divinisation ! Scipion l’Africain pensait qu’il existait dans les cieux un lieu où ceux qui ont travaillé au salut de la patrie connaîtraient la béatitude éternelle.

La foi juive, nous l’avons dit, utilise ce genre de récit. Mais il y a une différence essentielle et fondamentale. Elle y discerne le rétablissement du Juste par Dieu ! Notamment dans les récits d’Hénoch (Genèse 5, 24, 1 Hénoch 70, 1-2, 2 Hénoch 67), d’Elie (2 Rois 2, 1 à 18), d’Esdras (Esdras 4, 14) et Baruch (2 Baruch 76) on y retrouve d’ailleurs le schéma d’Actes 1.

Luc décrit enfin la disparition du Ressuscité sans développement spectaculaire, ce que fait aussi Flavius Josèphe (Antiquités Juives 4, 326) et Philon d’Alexandrie (De vita notis 2, 291).

Pour Luc, le retour de Jésus à la vie n’est pas la revivification d’un cadavre mais une association par Dieu à son pouvoir, un accès au monde de la sphère céleste d’où il viendra à nouveau … Il est désormais absent mais n’abandonne pas les siens.

Luc, dans ce récit de l’ascension de Jésus, n’en rajoute pas sur le décor (nuées, éclairs, etc.). Il garde l’essentiel : les disciples et Jésus. Mais il insiste sur le fait qu’il s’est passé quelque chose de visible, tangible, jusqu’à disparition. Il est à la droite de Dieu. Il est monté. La nuée rappelle celle de l’Exode (Exode 19, 16). Dieu se manifeste et reste voilé. Jésus désormais est avec le Père.

Le Ressuscité est absorbé en Dieu, en sa présence. Il est sur un autre plan.

Il est bien sûr important de mettre en parallèle les deux récits de Luc 24, 50-52 et Actes 1. Les hommes en blanc, anges, interprètent l’évènement, comme Luc 24, 4-5. L’Esprit sera donné mais cela n’exclut pas la Parousie.

2.    L’Eglise à Jérusalem (Actes 1, 12 à 14)

Tout reprend au chemin des oliviers. De Jérusalem commence la mission. Ils se retirent (les disciples) dans la chambre haute, là où ils étaient avec Jésus. Sont présents les douze moins un de Luc 2, 14-16. Et le verset 14 nous présente une image de la première communauté assez idéale.

Ce chapitre comporte une vérité fondamentale : l’ascension place Jésus au cœur du projet de Dieu. La mort n’a pas été la fin. L’accès à Dieu est ouvert et possible.

Le Christ apparaît désormais « glorieux », mais il sera présent avec tous les siens sur Terre, bien qu’absent physiquement. Il sera visible par ses témoins.

Frédéric Verspeeten

Retour au début de l’étude …