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Avant d’étudier l’Exode L’Exode, ce n’est
pas seulement le livre de l’Exode. Quand a-t-il eu
lieu ? Les trois livres
(Exode, Nombres, Lévitique) forment un ensemble littéraire homogène. Il n’y a
pas de césure nette entre Genèse et Exode : - plusieurs récits de l’Exode ont des parallèles avec le livre
des Nombres - les deux récits du don de l’eau (Exode 15, 22 – 27 et Exode
17, 1 – 7) sont à rapprocher de Nombres 20, 11 à 30 - Le récit du don de la nourriture en Exode 16 (la manne)
trouvent un parallèle en Nombres 11, 4 à 35 (les cailles) - Le récit de l’institution des juges en Exode 18, 13 à 27
ressemble à celui de Nombres 11, 11 à 30 De plus, il faut
noter la continuité littéraire narrative entre les récits de l’Exode et ceux
des Nombres. Le peuple est
délivré grâce à l’intervention de Dieu (Exode 1 et Exode 2 à 15). Mais cela
débouche sur la marche au désert (Exode 15, 22 à 18, 27, qui se retrouve dans
Nombres 11, 1 à 14, 45, puis Nombres 20, 1 à 21, 35). Sur le plan de
l’analyse synchronique il y a continuité entre ces deux livres. Cette
continuité se vérifie aussi entre l’Exode et le Lévitique. Les lois relatives
à la construction du lieu de culte (Exode 25 à 31 et 35 à 40) précèdent
celles sur les sacrifices (Lévitique 1 à 7) et l’institution des prêtres
‘Lévitique 8 à 10). Sui vent tous les rites de pureté de la communauté
cultuelle (Lévitique 11 à 16 et 17 à 27). Mais le livre des nombres n’échappe
pas à la comparaison (Nombres 1, 1 à 10, 10) car il évoque la mise en service
de la demeure cultuelle et le rôle des prêtres, des lévites, des chefs et du
peuple. Quand
l’Exode a-t-il eu lieu ? Si l’on s’en tient
à la tradition biblique le récit de l’Exode est limpide et miraculeux. Tout commence avec
un certain Joseph dont la famille s’installe en Egypte. Le séjour se prolonge
400 ans (Exode 15, 13) mais les
chiffres sont trompeurs. Au verset 16 du même chapitre il est question de quatre générations. En Exode 12, 40
il est question de 430 ans. S’en
tenir à l’histoire biblique pose déjà un problème et si l’on se dit que
Joseph était un personnage important notre surprise est grande lorsque nous
étudions l’histoire de l’Egypte qui ne fait aucunement mention de Joseph ni
de l’Exode. Bien sûr l’historiographie égyptienne a peut-être, elle aussi,
gommé tout ce qui ne glorifiait pas Pharaon et le passé de la nation, mais
cet argument est, en partie, insuffisant. 400 ans plus tard
Dieu se souvient de sa promesse et suscite Moïse qui va faire traverser Si l’Exode a eu
lieu, sa date est incertaine. C’est alors un fait qui pose problème. Deux chronologies sont maintenant
retenues : une chronologie dite courte
et une seconde dite longue. Ce qu’il faut
savoir c’est qu’au-delà de l’année 931 av. JC (mort de Salomon) tout ce qui
précède est approximatif. Nous disposons
d’une stèle érigée par le Pharaon Merneptah vers 1220 avant JC. Cette stèle
nomme Israël comme peuple de la région. Certains,
à partir de ce repère, placent l’Exode au 15ème siècle
et d’autres au 12ème
siècle avant JC. A.- Les avocats de la chronologie longue (15ème
siècle av. JC) s’appuient sur quatre éléments : 1. Le chantier du
Temple de Jérusalem aurait commencé 480 ans après la sortie d’Egypte (1 Rois
6, 1), soit douze générations de 40 ans (c'est-à-dire 933 + 480 = 1413). Mais
ce symbolisme de générations de 40 ans n’est pas forcément littéral. 2. Ils s’appuient
encore sur un second élément, les trois siècles mentionnés en Juges 11, 26
que l’on veut situer entre – 1100 et – 1400. Mais ici encore le nombre
d’années est incertain. La période concernée pourrait ne représenter qu’un
siècle 3. Le troisième
argument vient du Livre des Juges encore. Si l’on reprend le Livre des Juges
en mettant bout à bout les cycles de 40 ans, il faut une durée totale de
trois siècles (- 1400 à – 1050). De plus le total des années citées en Juges
dépasse même les 400 années. Les périodes d’oppression – délivrance des Juges
se chevauchent. On ne peut pas donner à ces renseignements une base
historique solide. 4. Le quatrième
argument consiste à identifier les Pharaons mentionnés dans l’Exode à
certains rois du 15ème siècle av. JC. Mais la même opération est
possible pour le 13ème car les données bibliques sont volontairement
schématisées. Dans la chronologie
longue l’Exode se serait déroulé sous la 18ème dynastie.
Thoutinasis III serait le Pharaon constructeur d’Exode 1 et Aménophis II ou
III serait le Pharaon d’Exode 5 à 15. Les évènements qui nous intéressent se
situeraient donc dans la seconde moitié du 15ème siècle avant JC.
Les raisons que l’on donne à ceci sont les suivantes. L’expulsion des HYKSOS
sémites aurait eu pour conséquence la disqualification des asiatiques en
Egypte et la persécution d’Exode 1. On essaie aussi
ainsi d’établir une convergence entre l’apogée de la puissance sous la 18ème
dynastie et les constructions auxquelles sont asservis les hébreux. On va même encore
plus loin et l’on assimile dans cette chronologie Hatshepsout (première Pharaon
femme d’Egypte et qui régna 21 ans) avec la fille du pharaon d’Exode 2 … et
l’on imagine que celle-ci décédée Toutmasis III reprend le pouvoir et que
cela entraîne la fuite au désert. Les lettres d’El Amarna (14ème
siècle) dans lesquelles les gouverneurs des villes vassales d’Egypte en
appellent à celle-ci contre les invasions d’asiatiques et notamment d’Habirou
ou Apirou pourraient faire penser aux Hébreux du temps de Josué et des juges.
Et l’on s’appuie aussi sur des inscriptions alphabétiques du 15ème
siècle, inscription pré – hébraïques à Séralut El Khadim dans le massif du
Sinaï, et sur les ruines de Jéricho qui avait été daté par certains
archéologues de la fin de la seconde moitié du 15ème siècle … Mais les
découvertes archéologiques récentes battent en brèche l’hypothèse d’un
Jéricho dont les murs se seraient effondrés au 15ème siècle avant
JC. (Il y eu une cité beaucoup plus tard). Il s’agit donc
d’harmonisation beaucoup plus que de preuves. B.- La plupart des savants, des exégètes et des
biblistes adoptent don plutôt la chronologie courte (12ème siècle
av. JC) Les arguments en
faveur de cette chronologie se fondent surtout sur des recherches faites sur
le terrain : 1. La ville de Ramsès
que les esclaves israélites ont contribué à fortifier avec PITHOM (Exode 1,
1) qui doit tenir son nom de Ramsès II (roi de 1304 à 1224 ou de 1290 à 1224
selon les égyptologues) serait un élément. 2. Plusieurs villes
cananéennes auraient été détruites par le feu au 13ème siècle (cf.
Josué 6, 24, 8, 28 et 11, 11) et reconstruites ensuite de manière moins
élaborée … mais était-ce des israélites qui firent le saccage. 3. L’unification
politique des Amoréens (Siho et Og selon Nombres 21, 21 à 24), des Moabites
et des Ammonites n’ont lieu qu’au 13ème siècle. Si l’Exode a eu
lieu au 13ème siècle, les Pharaons de l’époque résident dans le
Delta ; ce sont ceux de la 19ème dynastie. Les royaumes
d’Edom, de Moab, d’Edom qui vont barrer la route aux hébreux venant du Sinaï
sont identifiés à cette époque. La destruction des cités cananéennes (Béthel,
Lakish) sont situées dans la deuxième moitié du 13ème siècle. Merneptah ou
Mineptah (1232 à 1223) signale avoir arrêté un groupe d’Israïlou dans le sud
de On propose alors
comme date de l’Exode : - 1225 ou – 1250. Les historiens
reconnaissent aujourd’hui que des clans nomades sémites se sont infiltrés en
Egypte au 2ème millénaire avant JC. Leur venue avait été favorisée
par les HYKSOS, souverains sémites qui dominèrent l’Egypte de 1730 à 1550
avant JC. Les HYKSOS ont mis fin au Moyen Empire ; ils régnèrent donc
pendant deux siècles. Le documents égyptiens trahissent une réelle répugnance
à parler d’eux. Même l’origine de leur nom est contesté. « Rois
pasteurs ». Selon ce qu’en dit Manethon. Mais on parle aussi de rois du
désert, peuplade en partie sémitique. Ils auraient traversé les déserts
syro-palestiniens avant d’envahir l’Egypte. Ils remportèrent une victoire sur
l’Egypte due à leur suprématie et armement (utilisation d’armes
nouvelles : cimeterres de bronze ainsi que chars et chevaux inconnus
jusque là). Ils ont introduit
avec eux des notions sémitiques. Ils séjournèrent essentiellement dans la
région de Tanis (Est du delta du Nil). Leurs dieux tutélaires étaient Seth et
la déesse Anati qui rappelle le couple divin Baal – Anat (divinités
cananéennes). Ils occupèrent donc l’Egypte et suscitèrent la haine. Ils furent
chassés vers - 1580. Ces clans chassés,
il dut en rester quelques uns mineurs en Egypte. Le nouvel empire
qui succédera à cette période fixera sa capitale à Thèbes. Ainsi
il faut bien reconnaître que les historiens anciens
n’écrivaient pas l’histoire comme nous. Le rapport
au temps n’était pas le même. L’homme de cette
époque distingue le temps où il vit et les temps aux
origines lointaines où s’enracinent les mythes fondateurs
… le passé fondateur. Nous sommes dans des
catégories littéraires qui font penser à
l’Iliade, à l’Odyssée, à
l’Enéide. Il faut ainsi
accepter que le récit de l’Exode dont nous disposons s’est fixé par écrit à
la fin du 6ème siècle avant JC, alors qu’il est censé évoquer une
histoire du 12ème siècle avant JC. Les
traditions orales ont précédé le récit
écrit. Dans ces traditions se sont mêlés des
éléments légendaires, des faits racontés
embellis, modifiés, enjolivés. La fiction et la
demi-fiction se mêlent aux faits. Et il y a des vides, des
absences, des manques, des souvenirs à jamais disparus.
L’ancien testament est le produit de l’histoire du peuple
d’Israël mais il en témoigne et le reflète de
façon multiple. L’écriture de l’histoire est
dépendante de l’évolution de l’histoire
d’Israël. Il n’est pas exclu de penser que des vides
ont été comblés et d’autres laissés.
Les livres de Lorsque nous
abordons l’Exode nous sommes obligés de constater que l’Egypte ne nous laisse
aucune source relative à cette histoire. Israël a construit son histoire, l’a
formée et n’a pas seulement voulu informer. Toutefois le récit
biblique ne manque pas de vraisemblance et de cohérence même si l’on sait
assez mal qui étaient les HAPIRU ou les SHOSHOU mentionnés par les égyptiens. |
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