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Genèse 2, 8-17 |
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Le premier commandement que l’on trouve dans
la Bible Dans la Bible, le plus vieux métier du
monde n’est pas celui auquel on pense. Dieu établit Adam dans le jardin pour
qu’il le cultive et le garde. Le plus vieux métier du monde, c’est celui du
jardinier. Dieu place l’humain dans ce jardin pour le travailler et le
soigner. Les sages ont tiré de ce verset l’interdiction de détériorer, de
détruire, d’empoisonner, de souiller la nature, ce qui donne un soubassement
théologique à la préoccupation écologique. Le jardin est aussi défini par son
centre, un arbre ou plutôt deux : l’arbre de vie et
l’arbre de la connaissance du bien et du mal,
auquel est associé un commandement. Quel commandement ? A cette
question, 90% des personnes interrogées répondent : Tu ne mangeras pas
de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Un professeur
indulgent donnerait à cette réponse une note de 10 sur 20 ; et un
professeur sévère pourrait descendre jusqu’à 0,5 sur 20. Cette réponse
correspond soit à la moitié, soit au centième, voire au millième, du
commandement que Dieu a donné à l’humain. C’est comme lorsqu’on présente une
feuille quadrillée blanche, avec un carreau noir, alors qu’il y a 2519
carreaux blancs pour un seul carreau noir ! Il en est de même avec le
commandement de Dieu. Le texte ne dit pas : Tu ne mangeras pas de l’arbre
de la connaissance du bien et du mal, mais Tu pourras manger de tout
arbre du jardin mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance
du bien et du mal car, du jour où tu en mangeras tu devras mourir. Ce
n’est pas tout à fait la même chose de dire : Tu peux tout faire…
sauf une chose. L’humain est tellement obnubilé par l’interdit qu’il le
met sur un piédestal, alors que l’Ecriture place la liberté en premier :
Tu peux manger de tout arbre du jardin. Le premier
commandement que l’on trouve dans la Bible est une parole de liberté. Combien y-a-t-il
d’arbres dans la création de Dieu ? Des milliers, des millions
peut-être. Tu peux tous les manger. C’est comme un roi qui partirait
en voyage et qui laisserait son palais, immense à son serviteur. Il
dirait : tu peux profiter de tout, les salles, les entrées, les
chambres, les cuisines, les tours, les cours, les jardins, les patios, les
couloirs, les bureaux… tout. Sauf une seule pièce, celle où se trouve mon
lit. Tu es ici comme chez toi, mais en respectant mon lit tu te souviendras
que je t’ai confié ce palais. Dans l’histoire, l’Eglise s’est plus souvenue
de l’interdit (elle en a fait même un catalogue) que du permis : elle a
tenu le rôle du serpent. Il dit à Eve en Genèse 3 : vraiment !
vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin ? Entre la parole de
Dieu et celle du serpent, quelle est celle que l’Eglise a répétée ?
Celle du serpent. Mensonge ; nous en avons la preuve. Dans la pensée biblique, la liberté se
définit par la responsabilité devant les choix. Potentiellement, l’humain
peut tout faire, il peut manger de tous les fruits ; mais Dieu lui dit
qu’il ne sera vraiment libre que s’il renonce à manger un certain fruit, s’il
renonce à faire tout ce qu’il peut. Si Dieu interdit un fruit, quelconque, à
l’humain dans le jardin, c’est pour le rendre responsable de ses choix et de
sa vie. C’est en effet d’une question de vie qu’il s’agit : du jour
où tu en mangeras, tu devras mourir. Sans l’interdit, l’humain aurait été
condamné à demeurer éternellement dans le jardin, comme dans une prison. Une
prison dorée certes, mais une prison dont il n’aurait eu aucun moyen de
s’échapper. Sa relation à Dieu se serait inscrite dans le registre de
l’obligation et non de la liberté. L’humain vit au milieu des contraintes.
Il n’est pas responsable de son apparence physique, ni de la famille dans
laquelle il a grandi, ni de l’instruction qu’il a reçue. En revanche, il est
toujours responsable du caractère moral de son comportement. Il est toujours
responsable des fruits qu’il mange, et de ceux qu’il ne mange pas. Dans un
commentaire de ce chapitre, Tertullien dit que c’est par sa capacité à faire
des choix que l’humain est à l’image de Dieu : Ce ne sont pas les
traits de son visage ou de son corps, si variés à travers tout le genre
humain, qui expriment sa ressemblance avec le Dieu un, mais son âme qui
reçoit le sceau de l’image de Dieu, dans sa liberté et son pouvoir de
décision. L’expression de cette liberté est récapitulée dans les
évangiles, dans le récit de la tentation. Les deux paroles du serpent dans le
jardin et du Satan au désert révèlent deux perversions symétriques, l’excès
de loi et l’absence de loi. Selon la première dérive tout doit rentrer dans
une loi, un règlement, c’est la tentation de la domination par la
règlementation. L’absence de loi cherche la domination par un autre moyen, la
puissance et la force. Entre le totalitarisme et l’anarchie, l’Ecriture nous
invite à laisser une juste place à la loi, pour permettre à l’humain de vivre
sereinement dans les limites de son humanité. Tu peux faire tout ce que tu
veux, mais tu ne peux pas vouloir tout ce que tu peux, car cela te conduirait
à la mort. * * * Nous
connaissons la suite : il enfreignit la seule interdiction qui lui
garantissait la liberté tout en témoignant de la
reconnaissance vis-à vis de Celui qui l’avait placé
dans cadre extraordinairement accueillant. Vivre éternellement
dans l’irresponsabilité ce n’est pas vivre.
C’est pourquoi l’accès à l’arbre de
vie, qui devait assurer à l’homme de vivre
éternellement, a été condamné dès
qu’Adam et Eve mangèrent du fruit défendu de
l’arbre de la connaissance du bien et du mal (Genèse 3,22-24). Chassés
de ce cadre idyllique ce ne sera qu’au travers de longues pérégrinations
semblables à celles vécues dans le désert (après la sortie d’Egypte) que
l’homme retrouvera, dans la Nouvelle Jérusalem, l’accès à l’arbre de vie
(Apocalypse 22,2-4), arbre exceptionnel qui produit douze récoltes,
et donne son fruit chaque mois. Les feuilles de cet arbre servent à la
guérison des nations… ils règneront aux siècles des siècles. Prophétie
d’Ezéchiel 47 (Ancient Testament) répétée dans l’Apocalypse (Nouveau
Testament). Philippe Vernet Document de travail : Antoine NOUIS, 2001. L’aujourd’hui de la Création.
Coédité par Les Bergers et les Mages et Réveil-Publications. Voir pages 99 à
106. |
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Genèse 2, 8-17 |
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