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Une guérison le jour du sabbat |
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Une guérison le jour du sabbat 1.
La
traduction 2.
La lecture 1. La traduction A
l’occasion d’une fête juive, Jésus monta à Jérusalem. Dans la ville, près de
la porte des Brebis, il est une piscine dont le nom hébreu est Bethsatha. Ses
cinq portiques abritaient une foule de malades, aveugles, perclus, informes
et parmi eux, un homme, paralysé depuis trente-huit années. Jésus aperçu ce
corps raidi, et informé de la durée d’une telle misère, il dit à
l’homme : As-tu envie de guérir ? * * * * * 2.
La
lecture Rien de plus oppressant que
cette scène, où un paysage d’eau et de marbre, et le nom même de la ville,
Bethsatha (la ville maudite), répercutent la dureté des hommes. La maladie
tend ici un cou hideux, en raison, du nombre des souffrants, de la longueur
de leur calvaire, de la rareté des guérisons. Le lieu n’héberge pas de
compassion : les hommes y sont seuls et s’’y battent ; que le plus
fort l’emporte. Au faible, la rancœur. Dans cet univers sans merci,
l’infirme crie son interminable souffrance et dès que le Christ l’a arraché à
son malheur, il le trahit. Même la parole de Jésus s’assombrit, tant son
obligé ressemble à un profiteur plutôt qu’à un disciple. Il n’a rien de
l’aveugle-né qui lève vers lui des paupières éblouies, rien du lépreux qui
revient sur ses pas rendre grâces. Celui-là a fui comme un voleur pour le
dénoncer auprès des autorités qui, au temps de son malheur, n’avaient
pourtant pas daigné le traîner jusqu’à l’eau. Le Sauveur s’est esquivé dans
la cohue, comme s’il savait qu’il ne pourrait vaincre, ni ici ni bientôt, à
Jérusalem, l’esprit de haine, plus puissant que ses mains miraculeuses. Tant
il est vrai que les signes ne suffisent pas, si le cœur ne se laisse pas
toucher ! Ailleurs, ne faisant rien, il a jeté les hommes à genoux,
comblés de son seul visage apparu. Quel malentendu autour du
sabbat ! Pour les pharisiens, c’est le pur espace de la Loi, pour le
Christ, le jour de la grâce, cette grâce dont ses ennemis ne veulent pas
entendre parler, parce qu’elle dénonce leurs limites tandis que la Loi les
faits considérables. Assi crient-ils au blasphème. Ils ne saisissent pas le
Christ, son heure n’a pas sonné, mais lorsqu’il sera pris, il tiendra le même
langage et, selon leur expression, s’égalera à son Père. Ce nom prononcé par
Jésus, redouble leur fureur, tant les scandalisent les idées de filiale piété
qui sous de tels portiques n’ont jamais rencontré d’écho. Plus tard, ils
essaieront de le pousser au désaveu ; ils échoueront. Et en le tuant,
ils ne feront que rendre sa déclaration invincible. Loin de démentir la
vérité, la mort l’a clouée sur un écriteau éternel. France
Quéré, Une lecture de l’évangile de Jean, 1987, Desclée de Brouwer
éditeur, 78 bis, rue des Saints-Pères, 75007 Paris, pages 29-31. Lire
dans la préface, les circonstances de la traduction et de la lecture de cet
Evangile par France Quéré. Cliquer ici |
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Une guérison le jour du sabbat |
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