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« Je suis le fils de Dieu » |
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Je suis le fils de Dieu 1.
La
traduction 2.
La lecture 1. La traduction Alors, à
Jérusalem, arriva la fête de la Dédicace. C’était l’hiver et Jésus faisait
quelques pas dans le temple sous le portique de Salomon. Jésus leur
tint tête : N’est-il pas écrit dans votre loi : « J’ai dit,
vous êtes des dieux ? » L’Ecriture traite de dieux les hommes à qui
Dieu a parlé, et l’Ecriture est irréfutable, non ? Mais vous, un homme
que Dieu a consacré et envoyé dans le monde, vous l’accusez de blasphème
parce qu’il dit : 3Je suis le fils de Dieu ! » Si je
n’accomplis pas le travail de mon Père, ne m’accordez aucun crédit. Si je
l’accomplis, négligez-moi encore, mais croyez au moins à ces œuvres qui à la
longue peut-être vous convaincront que le Père est en moi et que je suis en
lui. * * * * * 2.
La
lecture Il les instruit aussi gravement
que des disciples. Peut-être n’est-il jamais si vrai que lorsqu’il parle à
ses ennemis, car, devant eux, sa parole qui le découvre, poitrine nue, aux
coups de la haine, est vraiment son corps. Nul ne témoignera mieux que les
pharisiens, à leur manière, du verbe fait chair. Ils ont bien compris. Dans
le corps, c’est la parole qu’ils visent. La faiblesse de ce corps leur offre
le seul moyen de venir à bout de son impérieuse parole. La mort qu’ils
trament prouve la souveraineté d’un tel langage et la profondeur de
l’incarnation. Et dans cet évangile, Jésus ne cesse de mourir, ne cessant de
parler. A la fête de la Dédicace, nous
avons l’amorce d’un procès dont rêvent les adversaires, qui se réglerait tout
entier entre Judéens, arracherait au Christ l’aveu impie, serait suivi
d’exécution immédiate et enseveli sous les pierres, loin des regards et des
hauteurs de la croix, tomberait vite dans l’oubli. Si la manœuvre échoue, elle
recèle pourtant plusieurs traits du procès réel et truqué qu’ainsi elle
annonce : ici et là, on voit des hommes résolus à faire périr le Christ avant
de l’avoir entendu, puis essayer de lui faire prononcer la parole sacrilège
qui n’est d’ailleurs pas utile, puisque, quoi qu’il dise, vu leur
détermination, il est perdu d’avance. Jésus leur fait des réponses
hardies, mais qui ne sont pas celles qu’ils attendaient et se prêtent mal à
leur vindicte. Comment le châtieraient-ils si le blasphème dont ils
l’accusent est écrit en toutes lettres dans leur loi : Vous êtes des
dieux ? Qu’y a-t-il de condamnable à ce qu’il demande de croire à des œuvres
et non à un homme ? L’exaspération monte, à défaut
de foi qu’étrangement elle dessine en creux. D’autres se jetteraient à
genoux, conquis. Il faut croire que l’invincible et douce parole les pénètre
eux aussi, puisqu’ils restent muets, et ne lui répondent par d’autre argument
que la violence des coups. Mais le lecteur ne s’y trompe pas : c’est une
louange qui, à leur insu, s’échappe de leur cœur sombre. France
Quéré, Une lecture de l’évangile de Jean, 1987, Desclée de Brouwer
éditeur, 78 bis, rue des Saints-Pères, 75007 Paris, pages 65-67. Lire
dans la préface, les circonstances de la traduction et de la lecture de cet
Evangile par France Quéré. Cliquer ici |
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« Je suis le fils de Dieu » |
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