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Judas et les pauvres |
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Judas et les pauvres 1.
La
traduction 2.
La lecture 1. La traduction C’est ce
jour-là qu’ils résolurent de le faire périr. Aussi Jésus perdit-il sa liberté
de mouvement parmi les Judéens. * * * * * 2.
La
lecture Il avait, dans la troupe, la
charge de trésorier. Et il ne s’acquittait pas mieux de cette humble tâche
que de l’honneur grandiose d’avoir été pris pour disciple. Jésus connaît le
fond noir de ce cœur : avec quelle douceur le reprend-il, sans rien dévoiler
du secret qu’il a percé ! Délicatement, il accrédite son mensonge et
laisse un rayon sur le front du traître. Si saint Jean ne nous chuchotait le
contraire, nous l’estimerions charitable. Pourquoi chez le Christ tant de
lucidité s’accorde-t-elle à tant de mansuétude ? Parce que Jésus
acquiesce à sa mort. Ce n’est pas à Judas qu’il se
remet, mais à son Père. A son disciple, c’est comme
s’il disait : Déjà tu me trahis, et tu me vois crédule et innocent.
Quand tu viendras m’arrêter avec ton escorte, tout sera simple. Je me
laisserai prendre par tes gens comme aujourd’hui par tes mots, je
t’exhorterai même, si tu défailles. Tes lèvres sur ma joue suffiront. Tu m’as
connu berger, je serai ton agneau. La réponse de Jésus recèle des
trésors de finesse. Revenant à ces pauvres, si chers à Judas, il insinue
doucement que s’il est victime, il n’est pas pourtant sa dupe : Moi,
dit-il, vous n’aurez pas toujours. Cette vérité, tout homme peut la dire,
elle ne constitue pas une prophétie. Et pourtant comment penser qu’il n’a pas
en la prononçant, arrête des yeux calmes et tristes sur son disciple, comme
s’il lui murmurait, si bas que lui seul pût l’entendre : Tu le sais
mieux que n’importe qui, Judas. Des pauvres, il y en aura
toujours. Mais le texte suggère aussi que demeurera cette odeur délicieuse
dont s’emplit la maison[i].
L’encens de la résurrection triomphe de la mort délétère. Dans la maison
future de l’Eglise, plus vaste que l’humble toit de Marie, résonneront
éternellement les paroles du Christ : « Ce qu’elle a fait pour moi,
on le dira partout où sera annoncée la bonne nouvelle. » France
Quéré, Une lecture de l’évangile de Jean, 1987, Desclée de Brouwer
éditeur, 78 bis, rue des Saints-Pères, 75007 Paris, pages 77-79. Lire
dans la préface, les circonstances de la traduction et de la lecture de cet
Evangile par France Quéré. Cliquer ici |
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Judas et les pauvres |
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[i]
Sur la triple portée de l’onction, je renvoie à un commentaire antérieur, Les femmes de l’Evangile, p. 92-97.