Le mot du mois

 

 

Le thème de la vigne est au cœur de l'Écriture. L’image est souvent appliquée dans l’Ancienne Alliance au peuple d’Israël : Israël est la vigne aimée de Dieu. Mais au lieu du fruit attendu, espéré par Dieu, disent les prophètes Ésaïe et Ézéchiel, la vigne a donné de mauvais fruits : « Il espérait qu’elle produirait des raisins, mais elle a produit des fruits infects ! », dit Ésaïe 5,2.

Dans l’Évangile de Jean, Jésus reprend cette image de la vigne de Dieu en se présentant lui-même comme le vrai cep, la vraie vigne de Dieu : « Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruit. » (Jean 15, 1-8)

C’est toute la force de notre appartenance au Christ qui est évoquée dans cette parabole du cep et des sarments. C’est une incroyable révélation de la part de Jésus. Pourquoi ?

Tout d’abord, parce qu’il y a ici l’intervention directe et constante de Dieu. « Mon Père est le vigneron », dit Jésus. Dieu s’occupe sans cesse de ce cep et de ces sarments que nous sommes : « Tout sarment qui porte du fruit, Dieu l’émonde pour qu’il porte encore plus de fruit », dit Jésus. Il nous est difficile d’expliquer ce mystère, cette situation, mais la vie ne s’explique pas : elle se vit !

En affirmant que son Père est le vigneron, Jésus affirme que Dieu est à l’œuvre, non seulement en son Fils, mais encore, par son intermédiaire, en chacun de nous.

Ensuite aussi parce que nous formons avec Jésus la totalité de la plante. Nous faisons partie de la plante. Nous sommes sur le cep ou plus exactement dans le cep. Jésus affirme : « Je suis le vrai cep », l’humanité vraie, la totalité de la vie, la réalité de la vie, et vous, vous êtes les sarments. Il n’est pas question ici d’une initiative de l’homme, ce n’est pas nous qui pouvons nous greffer sur le cep mais c’est Dieu qui nous place là.

Ainsi, nous sommes tous appelés à vivre la joie de cette appartenance au Christ, la joie d’être les sarments qui sont sur le cep, la joie d’être en communion vraie et totale avec le Christ. Joie du cep qui sait que ces sarments vont produire du fruit en abondance. Mais joie aussi du sarment qui ne comprend pas comment il se trouve là, comment la sève vivifiante du Christ passe infailliblement dans les sarments et comment cette sève qui vient du cep en lui se transforme en cette abondance de fruits.

Cette relation est fondatrice de l'être chrétien. Elle ne saurait être occasionnelle ou secondaire. Jean exprime cette nécessité fondatrice par le verbe « demeurer » qu'il n'emploie pas moins de sept fois ici. Demeurer en Lui comme Lui demeure en nous. Ainsi, tous ceux qui suivent ses paroles, tous ceux qui demeurent en lui, tous les sarments qui demeurent sur le cep, forment avec Jésus la vraie vigne de Dieu qui porte beaucoup de fruits.

Oui ! Dieu aime l’homme au point de devenir nous, au point de s’incarner en nous. Etre un homme est devenu un motif de joie et de gloire. Dieu a redonné sa valeur à sa création. Il a racheté l’homme. Il l’a recréé en permettant à son Fils de s’incarner comme homme. « Si quelqu’un est en Christ, dit Paul, il est une nouvelle création. »

Que faut-il donc que nous fassions, nous ? Jésus nous répond : « Demeurez en moi. Demeurez dans mon amour. » L’amour dont je vous aime passera dans votre vie. Je serai en vous. Vous vous aimerez les uns les autres. Vous deviendrez dans le monde la communauté de l’amour. Vous deviendrez le levain qui fait lever toute la pâte. Ce fruit apportera au monde affamé la nourriture dont il a besoin. Il apportera au monde la vie et l’amour.

Quand je vous dis qu’il s’agit vraiment d’une histoire d’amour !...

Frédéric Verspeeten

 

 

Juin 2009