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« Qui cherchez-vous ? » |
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« Qui cherchez-vous ? 1.
La
traduction 2.
La lecture 1. La traduction Alors
Jésus se retira avec ses disciples au-delà du torrent du Cédron. Un enclos
était là. Il y entra, suivi de ses disciples. * * * * * 2.
La
lecture Tout est perdu. Jésus s’est
réfugié dans un enclos, où il est pris. Une escorte ridicule par son nombre
et ses armes surgit, guidée par le traître. Tout ce que Jésus compte
d’ennemis est nommé là, pharisiens, police du Temple, grands-prêtres, soldats
romains. La mission s’exécute, irrésistible, et les faits ne seraient pas
changés si le texte, aussitôt après avoir mentionné l’arrivée de ces rustres,
enchaînait : « Alors les soldats se jettent sur lui et le
lient. » Cependant la haine ne referme
pas si précipitamment ses mâchoires. Entre les deux princes de la mort, le
récit ménage un passage dialogué, qui prend à revers les données historiques,
les disloque et en renverse le sens. La victime s’avance, la face éclairée,
non plus par la lueur fuligineuse des torches, mais par l’éclat insoutenable
d’une nouvelle transfiguration. Cet homme dépouillé, déjà à l’abandon, est la
liberté et la puissance, mais seule la foi contemple, sur ce visage émacié,
la gloire. Il pose à des brutes la
question qu’il posait à ses disciples : « Qui
cherchez-vous ? » Eux débitent le nom du prévenu, Jésus de Nazareth ;
lui aussitôt délivre le nom éternel : « Je suis. » Ensemble
ils ont proféré l’entier mystère du Christ. Le voyant, ils n’ont pas
tremblé. Il était de piteuse apparence, dit le prophète, et parmi ces visages
de nazaréens barbus et harassés, le sien devait être indiscernable[i],
puisqu’il fallut que le traitre le désigne. « Je suis », dit le
Christ. La voix fait ce que la vue n’a pas fait : ils tombent face
contre terre. Les torches s’éteignent devant la lumière, les armes glissent
devant la puissance. De cet homme traqué, du pâle Jésus de Nazareth, se
détache, comme en surimpression, l’immense stature du Fils éternel. Deux fois il pose la même
question, deux fois ils font la même réponse, et ces mêmes questions et ces
mêmes réponses ne répètent rien, elles entraînent les suprêmes divergences. On se croirait au Jugement
dernier. Dans l’étroit jardin où la nuit, l’affluence et le tumulte ont sans
doute tout confondu, un arrêt sans appel sépare les brebis et les boucs. C’est moi, je suis ! La
voix d’airain précipite les méchants, « leur fait tourner bride »,
comme dit le psaume, « les fait périr devant la face ». C’est
moi, et maintenant le Nom tire les siens du sinistre enclos, leur ouvre
la porte sur la nuit constellée, les sauve. « La vie
éternelle, c’est qu’ils te
connaissent » ; la parole est devenue acte, et ces
hommes qui s’en vont ne sont pas des fuyards, ce sont, pour saint
Jean, les élus de Dieu qu’un vent sacré emporte
à pas légers vers les cimes éternelles. Et qui sait si la scène de
Gethsémané ne raconte pas notre propre attente, avec ce premier contact qui
nous jette effarés aux pieds du Juge avant que nous relève, surpris, la voix
insistante, dont la douceur berce nos craintes avec les mots d’un pardon
inespéré ? Dans cette digression, les
temps derniers imposent aux temps présents leur présence solennelle. A un
Jésus pourtant vaincu, reviennent toutes les initiatives, tous les pouvoirs.
C’est lui qui avance, lui qui donne ses ordres souverains à un peuple
envoûté, qu’il soit ses amis ou ses meurtriers : « Eux ne
pourraient rein, si lui ne voulait rien », dit Augustin. Pierre rengaine
son épée, les autres sortent leurs cordes, mais les violents comme les
apaisés obéissent au grand dessein de celui qui veut bien approcher ses
lèvres de la coupe mortelle. France
Quéré, Une lecture de l’évangile de Jean, 1987, Desclée de Brouwer
éditeur, 78 bis, rue des Saints-Pères, 75007 Paris, pages 93-96. Lire
dans la préface, les circonstances de la traduction et de la lecture de cet
Evangile par France Quéré. Cliquer ici |
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« Qui
cherchez-vous ? » |
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