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A l’occasion
de Protestants en fête, à
Strasbourg |
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Heureux les Protestants quittant la fête de
Strasbourg, Une béatitude de plus… comme si les huit béatitudes de Matthieu
à commenter en cinq minutes ne suffisaient pas ! Une béatitude c’est une
félicitation, une constatation d’un bonheur déjà réalisé ou en train de
l’être… Alors oui, nous sommes heureux, car bien que ce rassemblement touche
malheureusement à sa fin, nous savons que nous partons enrichis et mieux
équipés pour faire face à notre vie quotidienne sans doute moins festive Témoins
avec les hommes… Jésus monte sur La montagne pour enseigner la foule et ses
disciples. Il ne dit « Heureux êtes-vous » qu’au onzième
verset qui développe la dernière béatitude du texte lu il y a quelques
instants. Dans les premières béatitudes, il est écrit « Heureux
ceux qui » ou « Heureux les pauvres en esprit, heureux
les doux, heureux les affligés, heureux les faiseurs de paix »…
Cette formulation met une certaine distance, ainsi les personnes se sentent
moins directement visées. En effet, dans la foule il devait y avoir des gens
endeuillés qui pleuraient, d’autres qui se sentaient bien pauvres en esprit
devant Jésus, d’autres qui désespéraient de voir la paix et la justice
advenir et sans doute que, pris de front, ils auraient été blessés et
auraient rebroussé leur chemin pour ne plus rien écouter de l’enseignement de
Jésus… Voulons-nous être témoins du Christ avec les hommes ? Alors, prenons
garde de ne pas blesser en témoignant de ce que Dieu est pour nous !
Prenons garde de ne pas nier ou minimiser la dure réalité que certains vivent
mais… ne faisons pas non plus de promesses à la légère telles que « avec
Dieu plus de souffrance ici-bas, c’est le bonheur, la félicité ! »
Être pris aux entrailles… Mon deuxième point s’attarde sur le mot miséricordieux de
certaines versions connues, qui était traduit par bon dans la version
qui nous a été lue. En hébreu il nous parle de quelqu’un « pris aux
entrailles » et non d’un pleurnichard qui se lamente de l’état du monde
en regardant la télé. Le miséricordieux sera conduit par cet état intérieur
en un « agir » comme Dieu lui-même nous l’a montré maintes fois
dans ce qui nous est relaté dans les textes de l’Ancien et de Nouveau
Testament. Le bonheur des béatitudes se trouve en s’appliquant concrètement
à mettre son point d’honneur à rendre heureux ceux qui sont privés de tout
bonheur humain. Quant aux « faiseurs de paix » ils ne sont pas les
pantouflards aimant avoir la paix mais ceux qui s’engagent activement pour
construire ou rétablir la paix entre les hommes. Ils vont jusqu’à témoigner
de la bienveillance même pour leurs ennemis ! Ces résonances sociales et juridiques, présentes dans
quelques-unes des béatitudes, ne sont pas une fin en soi, elles sont
englobées dans une signification plus large et plus profonde qui doit nous
faire aller plus loin qu’une lecture sociale néanmoins essentielle. Le
bonheur dont parle Jésus, nous savons tous qu’il ne se trouve pas dans la
satisfaction de nos désirs, dans l’absence de problème ou de souffrance, dans
des sensations fortes, ni même grâce à la justice sociale ! Mais pas
question non plus de lire ici une incitation à se soumettre stoïquement aux
mauvaises circonstances de la vie… on a trop abusé de cet usage ! C’est
précisément parce que son bonheur ne dépend pas des circonstances
extérieures, bonnes ou mauvaises, que le chrétien va parfois aller sciemment
jusqu’à risquer sa vie pour le bien des hommes ! Dans le deuil et la souffrance vivre les
béatitudes ? Ce bonheur vient à nous, même dans des circonstances difficiles
telles que le deuil, la maladie, la persécution, etc. Oserais-je dire surtout ?
J’ose le dire par expérience car j’ai vécu une profonde et réelle souffrance
à deux reprises ces dernières années suite aux décès de très proches et
aujourd’hui je témoigne que la richesse de la présence de Dieu, ne laissant
aucun arrière-goût amer, a été pour moi une expérience bénie contrastant avec
le malheur vécu. Toutefois, cela ne se vit pas en ligne directe avec le
Christ dans une relation exclusivement verticale… ce sont les nombreux
témoignages d’amitié, de miséricorde de frères et sœurs en humanité de toutes
confessions et religions (ou même sans croyance religieuse d’ailleurs) qui
ont fait vivre le Christ en moi alors même que je traversais cette période si
difficile. Comprenez-moi bien, il ne faut pas être endeuillé, en souffrance
ou persécuté pour être bénéficiaire de la présence bénissante de Dieu mais,
avoir Dieu à ses côtés dans ces moments-là donne tout son poids à notre foi
pour nous-même et pour les hommes, femmes et enfants que nous côtoyons. En marche ensemble ! C’est la confiance en Dieu en toutes circonstances, même les
plus difficiles, qui fait le bonheur de l’homme et qui le remet en marche
avec les hommes ! La version Chouraqui traduit par « en marche »
ce que nous lisons habituellement comme « heureux ». Par les
paroles des Béatitudes, Jésus nous invite gracieusement en effet à nous
mettre en route avec lui ENSEMBLE. Nous ne sommes pas seuls. Il nous motive
pour un combat contre la souffrance, l’injustice, la pauvreté, la
désespérance car, comme l’a vécu et écrit D. Bonhoeffer, la Grâce
coûte ! Dieu fait de nous ses témoins avec les hommes car, comme
disait Raoul Follereau (je cite sciemment un catholique en cette fête du
protestantisme) : « Personne n’a le droit d’être heureux
tout seul ! » Je dirais même plus : « Personne
ne peut être durablement heureux tout seul ! » Alors partageons notre joie aujourd’hui ensemble sans
oublier, demain, de le faire avec tact et amour avec ceux dont la condition
humaine n’est pas facile ! Major Danièle César |
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Dimanche 1er
novembre 2009 |
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