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Dieu dans son rapport au monde, dans la théologie
du Process |
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mots-clés: théologie_du_Process, Process (théologie) |
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Ce
courant théologique est avant tout une vision métaphysique du monde qui remet
en cause nos conceptions orthodoxes, classiques, de la personne même de
Dieu, de son œuvre et des attributs qu’on lui concède traditionnellement. Dans
le modèle doctrinal classique, Dieu est déterminé par des qualités précises.
Il détient la vie elle-même, il est infini, indivisible, immuable. Il est
présent partout, sait toutes choses par avance, est infiniment sage,
souverain dans sa volonté, saint, juste, véridique, tout-puissant et
infiniment bon. Tout cela nous le déduisons des textes bibliques qui sont les
seuls témoignages que s et que nous ayons pour définir Dieu. Et l’on sait à
quel point la théologie de La
théologie contemporaine a été fortement influencée par les philosophes du process.
Le théologien américain Charles Hartshorne, par exemple, se refuse à
présenter Dieu comme un absolu immuable et il insiste sur le rapport de Dieu
avec le monde. Dieu s’inquiète du monde. Dieu est affecté par ces
rapports ; et être affecté, c’est changé. Ainsi Dieu est-il aussi en
cours de croissance et développement. D’autres théologiens, tel John B. Cobb,
travaillent dans le même registre. Il s’agit d’une réflexion globale sur le
mode d’être et d’existence de Dieu. Dans ce courant, les théologiens du process
rejettent le plus souvent la doctrine de la création ex nihilo (à partir
de rien) par un Dieu dont l’être en serait étranger. Ils proposent un Dieu,
masculin et féminin à la fois, dont l’acte créateur consiste à faire épanouir
la vie sous toutes ses formes. Ainsi, pour Dieu, créer ne consiste pas à
œuvrer afin de maintenir ou de restaurer la création selon un ordre (plan)
préétabli, mais à agir en interaction avec le monde, en proposant, plutôt
qu’en ordonnant, afin de produire des changements créateurs favorisant la
vie. Dans cette perspective, le conservatisme est contraire à l’être même de
Dieu qui se trouve lui-même en évolution et en croissance. Dès lors, Dieu et
le monde ne sont pas séparables, mais il est immédiatement vain de réduire la
conception de la théologie du process au panthéisme. Ce serait même la
trahir. Dieu est peut-être le maître de l’univers, mais ce n’est pas en cela
que réside l’essentiel de cette théologie. Ce qui compte c’est l’implication
de Dieu, de l’être divin dans le processus inachevé, en évolution et en
mouvement de l’univers. Dieu y est impliqué plus encore, c’est pour lui un
véritable besoin. Dieu est en relation
avec le monde et avec tous les acteurs qui le composent. Son amour constant,
certes immuable, doit sans cesse s’adapter aux circonstances changeantes
d’une processus cosmique en évolution. Dieu
n’est pas séparable du monde, il agit dans le monde et corrélativement le
monde agit sur lui. Il intervient en analysant les possibles, en faisant des
choix qui ne sont pas sans conséquences positives, mais aussi négatives, car
le monde sur lequel il agit, et dans lequel il s’implique, réagit. Le Dieu de
cette théologie est une immense source créatrice et recréatrice de vies et de
multiples possibles insoupçonnés ou encore inimaginables pour les humains. Mais
Dieu ne se contente pas de proposer des possibles ; il pousse les
humains que nous sommes à choisir l’un de ces possibles comme étant le
meilleur. Dans cette conception, Dieu interviendra selon des voies qui nous
échappent pour accentuer les choix qui poussent à la vie et au mieux-être et
il interviendra dans les choix humains pour freiner, limiter, inspirer et
corriger en cas de dérive. Le Dieu de la théologie du process n’est
pas dénué de séduction ; la séduction dans Pour
les théologiens du process, Dieu appartient au domaine des évidences
qui ne peuvent être démontrées. L’on ne peut réfléchir sur le monde, ce qu’il
est, ce qu’il a été, ce qu’il pourrait devenir sans nommer l’intervention de
Dieu. Dieu est esprit et transcende nos manières de voir et de penser.
Partout présent, il est en lien avec tout ce qui est et tout ce qui existe.
Finalement rien n’existe sans son intervention. Mais j’insiste, Dieu n’est
pas, dans ce modèle, collé au monde. Il en est extérieur et acteur. Plus
encore, il est ce qui le sauve et le transfigure. John
Cobb et André Gounelle, pour résumer cet aspect du visage de Dieu (mais
peut-on parler de visage), évoquent le dynamisme créateur de Dieu. Dieu donne
et ouvre des possibilités, les met en œuvre et veille à leur évolution. Ainsi
il est présent partout et ne se confine pas à un lieu déterminé. Il n’est pas
le Dieu d’un coin de paradis. Il est toujours quelque part mais peut-être
jamais là où nous voudrions qu’il
soit. Il se donne à voir, à deviner mais n’est pas maîtrisable. Il est
incorporel, immatériel. Au delà de nos réalités qui sont le produit de son
action, il est difficile de le localiser, espace et temps ne le contiennent
pas. Mais
en même temps, il est partout parce qu’il veille à son plan créateur qu’il
faut sans cesse corriger, modifier, transformer. L’intelligence de Dieu est
active et ne se contente pas de faire aboutir un projet initial contre vents
et marées ; ainsi ce Dieu peut être tenu en échec et faire la
douloureuse expérience, tout comme nous, de l’échec de ses projets. Ce que je
vais dire maintenant choquera sans aucun doute les plus orthodoxes parmi
nous, mais peu importe, Dieu ne s’écrit pas forcément avec un grand D, n’est
peut être pas sûr que le projet humain vaille toujours la peine d’être
poursuivi ; d’ailleurs, cette théorie n’est en rien un sacrilège puisque
dans les textes bibliques, il n’est pas rare de voir Dieu s’interroger :
comme dans les épisodes du déluge, de la de la tour de Babel, de la
prédication de Jonas à Ninive et le dialogue entre Abraham et les trois êtres
aux chênes de M’ambré sur Sodome et Gomorrhe. André
Gounelle dans son livre Le dynamisme créateur de Dieu, exprime la
réalité divine par une image, celle du chef d’orchestre, qu’il emprunte à J. Cobb :
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Une dynamique de vie sans égale |
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- Parmi différentes œuvres musicales, un chef d’orchestre
en choisit une, par exemple une symphonie, qu’il veut jouer. Au départ, il a
une certaine compréhension de cette symphonie et de la manière dont on doit
la jouer. - Chaque musicien de l’orchestre reçoit une partition qui
lui indique ce qu’il lui convient de jouer. Le projet d’ensemble se
fractionne en une multitude de programmes particuliers dont la cohérence
correspond à la visée initiale. Dieu propose
à chacun de nous un objectif qui s’inscrit dans le projet d’ensemble
et qui y contribue. Il demande à chaque être du monde d’entrer dans son
dessein, d’y participer et de s’engager pour la part qui lui incombe. - L’exécution de la symphonie naît d’une collaboration, d’un
travail en commun. Elle ne naît pas du seul chef d’orchestre, mais de l’ensemble
des musiciens. Au moment du concert, il arrive que des fausses notes, des
couacs plus ou moins retentissants viennent entamer son exécution. La faute n’en
incombe pas au seul chef, mais à un instrument mal accordé ou à une erreur de
tel ou tel musicien. De même, Dieu n’est pas
l’unique cause du monde. Nous contribuons à son formation et portons,
pour une part, la responsabilité de ce qu’il est. La présence du mal vient de
multiples défaillances. Il ne faut pas en accuser le seul chef d’orchestre, même
si, bien évidemment, elles ne se seraient pas produites s’il n’avait rien
entrepris ; les ratés, les fausses notes l’affectent et le touchent
aussi douloureusement, parfois plus, que celui qui en porte directement la
responsabilité. De même, Dieu ne reste pas impassible devant les souffrances
du monde. Elles l’atteignent durement. Bien sûr, beaucoup d’autres
choses pourraient être dites sur ce Dieu dynamique, mais il me semble que l’essentiel
nous ramène au texte biblique qui désormais n’a plus un sens unique et
prédéterminé mais redevient vivant, critiquable, édifiant, actualisable et
nous conduit à réaliser que nous sommes engagés avec Dieu dans son combat
pour le triomphe de la Vie et de l’Amour. |
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Frédéric
Verspeeten |
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