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Guy de Brès, pasteur, réformateur à Tournai La
maturation des idées réformatrices Les idées
réformatrices ne sont pas arrivées par hasard dans le Hainaut, la situation
difficile de l'Église catholique d'alors avait suscité dès la fin du XVe
siècle, un mouvement de réforme. L'évêque
de Cambrai, Henri de Berghes, essayait de mettre de l'ordre dans son diocèse
; à Tournai, en 1498, Jean Vitrier, moine, s'élevait lui aussi contre les
mœurs scandaleuses du clergé, les indulgences et le développement du culte des
saints.. Bien
avant que Brully et Guy de Brès ne viennent à Tournai, envoyés par Jean
Calvin et Martin Bucer pour organiser les Églises de À
partir de 1530, la situation devient
plus difficile et au sein des contestataires se dessinent essentiellement
trois tendances : les anabaptistes, les libertins spirituels et les luthériens
qui se tournent de plus en plus vers Martin Bucer, réformateur de Strasbourg,
qui correspond avec eux et les soutient. À cette époque Jean Calvin entre lui
aussi en scène et tout comme Martin Bucer il considère qu'il ne suffit plus
de lire Bien
que Calvin ne considérât pas que l'Église catholique romaine était constituée
uniquement d'évêques corrompus, il restait troublé par la soumission affichée
par nombre d'entre eux. Il estimait que la volonté de domination des
autorités papales sur le temporel constituait une atteinte aux consciences
ainsi privées de liberté. Pour lui, l'Église devait être une communauté de
service, elle ne devait pas tourmenter les fidèles en les asservissant. Il
fallait donc la réformer, la doter d'une confession de foi qui dise
clairement qu'elle n'est en rien hérétique mais qu'elle confesse le Christ
vivant, dire ce qu'elle croit et enseigne de Il
s'agit d'une réelle nouveauté, jusqu'ici nous en étions aux cercles de
discussion et certains trop timorés avaient encore espéré que les autorités
papales et politiques leur feraient droit. Guy de Brès, pasteur, à Tournai et
ailleurs Guy de Brès
originaire de Mons ( né en 1522 ), devint artisan verrier et s'intéressa aux
Écritures et à la diffusion des idées réformatrices. Inquiété pour s'être
joint à des réunions interdites, il quitta Mons pour l'Angleterre où il reçut
sa première formation, ensuite il se rendit à Lille où il travailla à
l'édification de l'église de En
1556 à Lille, quand l'opposition devient très forte, Guy de Brès dût à
nouveau s'enfuir. Cette persécution violente désorganisa l'église de Lille,
quatre membres de la famille Augier, père, mère, fils et fille, furent
exécutés. L'un d'eux décrit, dans son interrogatoire, la simplicité des
réunions que présidait Guy de Brès : " Quand nous sommes assemblés au
nom de notre Seigneur pour entendre sa sainte Parole, nous nous prosternons
tous ensemble à deux genoux en terre, et, en humilité de cœur, nous
confessons nos péchés devant la majesté de Dieu ; après, nous faisons tous
notre prière afin que Cette
description, évoque l'organisation du culte réformé centré sur l'écoute et la
prédication de Commence
alors pour lui un ministère itinérant ranimant les foyers de Il
est important de noter que c'est pendant la période de l'exercice de son
ministère tournaisien que Guy de Brès publie cette confession, ouvrage qui le
fera connaître plus tard dans le monde entier. Il s'était déjà attelé à la
rédaction du Bâton de la foi qui exprimait la spécificité de l'enseignement
réformé. Ici le texte sert de base à la structuration d'églises locales en
divers lieux, unies par une foi commune. L'intention, est bien dans la lignée
de Calvin d'édifier une Église réformée qui marque sa filiation avec Pour
Guy de Brès comme pour Calvin, il est insoutenable que toutes les accusations
d'hérésies soient considérées de manière égale par leurs adversaires. Si
l'intention des confessions de foi est bien d'organiser l'Église autour d'une
charte doctrinale commune qui permette la vie synodale, elle vise aussi à
préciser que les réformés se situent dans l'orthodoxie doctrinale et à le faire
entendre aux autorités royales d'alors. Les réformés ne sont ni
schismatiques, ni rebelles, ni hérétiques, mais des croyants qui
reconnaissent l'autorité souveraine des Écritures, confessent leur foi en
Jésus Christ et en l'Église, tant que celle-ci n'est pas corrompue par des
inventions humaines. Elle est d'ailleurs précédée d'une épître dédicatoire :
" Les fidèles qui sont aux Pays-Bas et qui désirent vivre selon la
vraie réformation de l'Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ au Roi
Philippe, leur Souverain Seigneur. " Guy
de Brès alla jeter quelques exemplaires de Le
paquet contenait une lettre par laquelle des habitants de Tournai se
plaignaient des persécutions religieuses. Le lendemain, les commissaires
écrivirent à Marguerite de Parme sœur de Philippe II : " Madame, ce
jourd'hui à l'ouverture de la porte de ce château a été trouvé, jeté en
dedans… un paquet clos et cacheté, contenant leur confession qu'ils disaient
plus de la moitié de cette ville, nous présenter d'un commun accord, ainsi
que plus de cent mille hommes afin que nous sachions la pureté de leur doctrine.
" Les
commissaires de La
gouvernante donna ordre de brûler tout ce qu'on avait trouvé après en avoir
fait l'inventaire précis. La bibliothèque que l'on découvrit là était
impressionnante. Ainsi, mis à part des papiers divers, il a été possible de
découvrir une correspondance soutenue avec Calvin, des sermons, des ouvrages
d'édification. Ceci permet de souligner au passage la volonté de diffusion
des thèses de Guy
de Brès se trouvait alors à Valenciennes. Il organisait en plein air des
cultes qui réunissaient des milliers de personnes. En décembre 1561, il se
rendit à Amiens où il prêcha dans la maison du Seigneur de Picquigny, vidame
d'Amiens . Les inquisiteurs firent irruption et s'emparèrent de plusieurs
huguenots et de Guy de Brès. Cependant il put cacher sa véritable identité et
fut relâché grâce à l'intervention de Jean de Monchy, baron de Vismes,
lieutenant général du prince de Condé, gouverneur de Picardie. Pendant ce
séjour à Amiens, le réformateur sous différents déguisements, se rendit à
Bruxelles pour conférer avec Guillaume d'Orange dans le but de maintenir la
concorde entre luthériens et calvinistes. Il rencontra aussi à Metz son
collègue Jean Taffin. Guy de Brès séjourna à Sedan vers 1563-66. Il était
protégé par le duc de Bouillon, prince protestant. C'est là qu'il composa son
ouvrage : " Visiblement
il était convaincu que même si les autorités
pourchassent et malmènent les réformés ceux ci ont
le devoir de faire entendre leur voix. Ils doivent le faire pour que
les soupçons malsains et les accusations qui planent sur eux ;
bref les calomnies, soient levés. Les princes ne doivent pas
être des bourreaux. Bon sens, charité, sont ici mis en
avant et il ne s'agit pas de faiblesse quand on connaît les
combats que Guy de Brès a menés. Fugitif, il aurait pu
rester à l'abri de la répression, donner ses ordres de
loin, s'enfermer dans une citadelle, ce ne fut pas le cas. Il
décida de revenir moins de quatre mois après son
exécution en effigie à Tournai (1562). Il laissa sa femme
et ses cinq enfants à Sedan et revint dans nos provinces
où il continuera son œuvre de pasteur itinérant
visitant même des détenus. Il fut traqué,
recherché, arrêté, relâché, puis
finalement condamné et exécuté. En juin 1566, il
se trouvait aux Pays-Bas à Anvers, suppléant
François du Jon, envoyé à un synode. Il
répondit alors à l'appel des Valenciennois et bien que
les menaces sur sa vie soient réelles, il n'hésita pas
avec Pérégrin de C'est
sur une lettre pressante du pasteur Pérégrin de Les
pasteurs blâmèrent ces violences mais le flot déchaîné ne pouvait plus être
endigué. Le mouvement iconoclaste eut lieu à Valenciennes, fin août. Dans
l'église de Saint Jean et celle du Béguinage, les pasteurs Guy de Brès et
Pérégrin de Lesévénements
s'envenimèrent, Noircarmes rassembla ses troupes et demanda à la ville
d'accepter la présence de ses soldats. Consistoire et autorités locales
refusèrent, Péregrin de La
répression commença alors, Noircarmes, vint assiéger Valenciennes. La
population résista plusieurs mois dans ses remparts. Quand la famine se fit
sentir, on parla de reddition, ce qui eut lieu fin mars 1567. Quelques jours
avant, Guy de Brès et trois autres protestants descendirent des remparts,
s'échappèrent en barque sur l'Escaut, passèrent par les bois ensuite par Pendant
sa détention il trouva encore le courage d'écrire à ses coreligionnaires et à
sa famille pour leur redire qu'il savait maintenant qu'il endurerait la peine
capitale, le martyr. Devant ses juges et enquêteurs il réaffirma qu'il est
nécessaire de rester fidèle et de vivre en conformité avec sa conscience. Il
l'écrira à sa femme, à sa mère, aux fidèles des églises clandestines pourtant
bien réelles. La
semence répandue par Pierre Brully et Guy de Brès, continua de croître,
bientôt de nombreuses églises réformées clandestines vont se créer un peu
partout. Nous savons peu de choses sur la manière dont elles se formèrent
puisqu'il s'agit essentiellement de groupes qui se sont constitués en restant
ignorés des autorités. Les dangers encourus étaient trop grands. En évoquant
ces églises on parlera pour cette raison Toutes
ces Églises étaient organisées autour de pasteurs, anciens prêtres parfois.
Elles regroupaient des hommes doués pour la parole publique. Ces pasteurs et
prédicateurs étaient entourés de diacres et d'anciens. Ce que nous appelons
aujourd'hui conseils presbytéraux étaient nommés consistoires, ils
organisèrent partout la vie des églises autour du culte, de la lecture de Frédéric Verspeeten
Bibliographie essentielle : Altemeyer,
J.J., Les précurseurs de Beuzart,
P., Les hérésies pendant le moyen age et Braekman,
E, M, Guy de Brès, Bruxelles, 1960. Calvin,
Jean, Institution de la religion Chrétienne, réédition, Labor et
Fidès, 1957. Crespin,
J., Procédures tenues à l'endroit de ceux de la religion du
Païs Bas, Genève 1568. Crespin,
J., Histoire des martyrs, Toulouse 1889. Wendel, François, Calvin. Source et
évolution de sa pensée religieuse, Paris, PUF, 1950 ; édition, revue, Genève,
Labor et Fides, 1985. |
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Septembre 2012 |
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