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Guy de Brès, réformateur, héros
de la foi |
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Capitale européenne de la culture
13 juin
Participation de l'Eglise réformée au rassemblement des géants de la foi
Création,
par un groupe d'élèves de l'Ecole des Beaux-Arts de
Lille, du géant représentant Guy de Brès, figure
méconnue ayant marqué notre région
C'est en 1522 que naquit Guy de Brès. C'est en tous cas
la date que l'on retient pour sa naissance mais l'on n’est absolument pas sûr
de l'exactitude de l'information. C'est parce que l'on sait qu'en 1561 il avait
environ quarante ans que l'on en déduit sa date de naissance approximative.
Guy de Brès dont le nom s'orthographie de différentes manières naquit à Mons
en Belgique. Il ne faut pas être surpris de ces différences pour évoquer la
même personne. L'orthographe n'était pas encore fixée, ni pour les noms
propres, ni pour les noms communs et, dans les documents imprimés du XVIe
siècle on rencontre soit Guy de Brès ou de Bray, mais aussi une demi-douzaine
d'autres formes. La famille de Bray était originaire du Hainaut, de Mons ou
des alentours. Dans la province du Hainaut à l'est de Mons il y a un
village nommé Bray, comme Jean Huss qui était originaire du village tchèque
de Huss ou Lefèvre d'Etaples, du bourg picard d'Etaples. Il paraît donc
possible que le réformateur des Pays Bas, porte le nom du lieu dont il est
originaire, les historiens penchent pour l'antériorité de
l'orthographe Bray. Guy aurait latinisé ensuite son nom en Brescius et
retraduit ce dernier sous la forme Brès. De même pour son prénom on rencontre
les formes Guido, Gui ou Guy. Son père était teinturier au quartier du Béguinage il se
prénommait Jean, il était ainsi que son épouse bon catholique. Mais sa mère
était déjà fortement intéressée par les prêches des prédicateurs venus
d'ailleurs. Issu d'une famille de six frères et sœurs, Guy deviendra peintre
sur verre dans l'atelier d'un peintre verrier de Mons. Les vitraux pour
églises, châteaux, maisons particulières offraient un véritable travail
d'artiste Guy exercera donc l'art de vitrailleur. Par son travail, et grâce au catéchisme illustré et au
Nouveau Testament que son patron mettra à sa disposition, il ne tardera pas à
être captivé par la vie de Jésus Christ, et à tenter de comparer les
enseignements officiels de l'Eglise catholique et les documents sur l'origine
du christianisme. Cela sera d'ailleurs renforcé par la diffusion de petits
livres explicatifs qui circulaient sous le manteau et qui étaient strictement
interdits par les placards rédigés au nom de l'empereur. Est-il alors animé par
cette conviction protestante que l'Esprit divin conduit nos pas à la lecture
de l’EvangiLe et nous amène à relativiser les autorités religieuses ? Il est
difficile de l’affirmer ; mais toujours est-il que sa découverte suscite
en lui un changement et des interrogations dont il fait part à sa sœur
Maillette. Celle-ci l’encourage à se rapprocher des conventicules secrets de
Mons et Valenciennes. Guy de Brès appartient à cette catégorie d’hommes qui
en ces temps de Renaissance veulent redécouvrir les documents du passé. Si
pour les humanistes la quête consiste avant tout à remettre en lumière les
auteurs du passé, pour le courant réformateur il s’agit
essentiellement de chercher la vérité de l’expression de la foi à travers les
textes « originaux des écrivains sacrés, dans l’Ancien et le Nouveau
Testament » Il est évident que cette redécouverte se traduit par la
mise en lumière d’un décalage entre ce que propose l’église catholique et
l’église primitive, ici partiellement redécouverte. Si cette quête aboutit à
une vision idéalisée de l’Eglise des premiers temps, les réformateurs dans
leur ensemble, mis à part les options particulières de l’anabaptisme, ne
proposeront pas de revenir au modèle de l’Eglise primitive mais de réformer
l’Eglise pour que celle-ci ressemble davantage au modèle biblique. On parlera
alors de Réforme et non de restitution du modèle initial. Guy de Brès n’a pas seulement été un homme qui a entendu
les idées de Luther, on affirme trop facilement que les idées
réformatrices en Flandres n’ont été qu’une importation allemande. Guy de Brès
devint à son tour un propagateur. Non seulement il avait eu connaissance des
idées réformatrices, mais il les diffusait. On imagine assez facilement ces
hommes et femmes rassemblés chez l’un ou l’autre qui le soir, lisent,
écoutent, partagent ces lectures et les propos entendus des itinérants. Arrêté une première fois, ainsi que son frère
Christophe, Guy s’enfuit en 1548 à Londres dans l’église Wallonne des
réfugiés organisée par Jean Lasko, Van Utenhove et Dathenus. Londres est
devenue place de refuge pour de nombreux réfugiés pour raison religieuse. Ils
viennent des Pays-Bas, de France, d’Espagne, d’Italie. Londres en comptera jusqu’à environ quarante mille.
Il est bien sûr très difficile d’établir avec certitude des
statistiques, mais elles ne paraissent pas impossibles. L’un des
pasteurs des églises de réfugiés françaises et wallonnes en Angleterre
s’appelait Valérand Poullain, il était originaire de Lille, et devint le
surintendant des réfugiés étrangers. Mais cette situation temporaire prend
fin en 1551/1553, lorsque les réfugiés se dispersent à cause de l'accession
au trône d’une reine catholique, Marie Tudor, future épouse de Philippe II,
qui succède au roi protestant Edouard IV qui était son frère. Guy revient en
France. C’est là le début d’une série de voyages qui le mèneront de lieu en
lieu pour la cause de l’annonce de l’Evangile et des idées réformatrices. Guy revient à Lille. Dans son histoire des martyrs, Jean
Crespin nous dit qu’il s’y arrête « parce qu’il y a là une multitude
de croyants ne désirant que s’assembler publiquement pour ouïr la prédication
de l’Evangile. » Il restera de 1553 à 1556. Son ministère consiste alors
à proclamer l’Evangile par des prédications publiques et des entretiens
privés. Mais plus encore, il rédigera son premier ouvrage : « Le
Baston de la foy. » Le sous-titre rend immédiatement explicite la raison
pour laquelle il est rédigé : « livre très utile à tous chrétiens,
pour s’armer contre les ennemis de l’Evangile, et pour aussi connaître
l'ancienneté de notre sainte foi. » En fait ce livre veut avant tout être une réponse à un
ouvrage paru en 1547 qui a pour titre «Bouclier de la foi. » L’auteur,
Nicolas Grenier, chanoine régulier de saint Victor, avait dédié son ouvrage
au très chrétien roi de France, en l’occurrence Henri II. II y exposait la
foi catholique sous la forme d'un dialogue entre un bon chrétien et un
hérétique. Le bon chrétien y expose les points principaux de la doctrine
romaine en s’appuyant sur des citations des pères. Nicolas Grenier y défend
surtout le libre arbitre, les œuvres méritoires, l’adoration des saints, les
prières en latin, l’interdiction pour les simples de lire Guy de Brès répond aux arguments du catholique par une
série de textes empruntés à Le
livre comporte une importante préface qui est dédiée aux fidèles de L’Eglise
de Lille. Celle-ci est surnommée « Eglise de - Dieu, le Père, le Fils, le Saint Esprit - Du Franc arbitre - Des causes de notre Justification - Du baptême - De la confession - De la cène - De l’Ecriture Sainte - Du mariage - Des vœux - Du jeûne - De l'honneur - Des Saints - Des images - Du purgatoire. Cette liste fait penser inévitablement au contenu de nos
catéchismes. Le texte de Guy de Brès alterne doctrine et comportement
éthique. Le but essentiel est ici de former des chrétiens qui pourront au
quotidien répondre de leur foi face à leurs détracteurs et adversaires et
s’affermir eux-mêmes dans la vie chrétienne. En ces temps troublés, il était
important pour les fidèles de se situer par rapport au magistrat et à Dieu.
Bref de rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Au-delà de l’exposé pratique de foi, l’ouvrage se veut
apologétique. Il est rédigé afin que personne ne soit contraint à croire par
la force. Dans la conclusion, l’auteur admet que les hérétiques convaincus
doivent être punis par le magistrat. Mais justement en affirmant cela, le
réformateur défend ouvertement que les idées qu’il expose sur la base de
l’Ecriture ne sauraient en rien être assimilées à l’hérésie. Ce
faisant il dit bien comme tous les réformateurs que Ainsi, l’église de Lille se trouve être exhortée par son
dévoué pasteur. Je n’ai pas résisté, même si ce ne sont pas là les plus
belles phrases de Guy de Brès à vous livrer ces lignes qu’il adressa à
l’Eglise de Lille en I555 : « Vous avez été des premiers de votre ville, mes
biens aimés, j’ai aussi bonne espérance au Seigneur que vous ne serez des derniers. Mais
comme vous avez été jusques à maintenant l’exemple et le miroir des pauvres
ignorants pour les attirer à la vraie lumière de l’Esprit, j’espère de vous,
par la grâce de Dieu que rien ne vous empêchera de mener jusqu’à la fin une
si sainte œuvre. Car les pauvres ignorants, voyant la paix et l’union et
la promptitude et le bon courage qui est en vous à recevoir cette sainte
doctrine sont contraints par votre sainte vie et conversation (fréquentation)
de venir à la connaissance de Jésus-Christ et conséquemment à salut. Puis donc que le Seigneur vous
fait journellement tant de grâces vous montrant ses merveilles de jour en
jour, mettez tellement la main en l’œuvre du Seigneur, cependant qu’il vous
donne le temps et la vie, que vous ne laissiez pas à vos enfants qui
viendront après vous un mauvais exemple de vie. Mais instruisez-les en cette
sainte doctrine que vous avez reçue, afin qu’ils puissent connaître après
votre trépas qu’ils ont eu des pères et mères pleins de la crainte de Dieu et
bien instruits en sa parole et qu’ils n’ont pas reçu l’Evangile en la bouche
seulement, mais aussi ès mains, et qu’ils n’ont pas été dissimulateurs mais
de vrais confesseurs du nom de Dieu. Disposez donc cependant…… » Epître à l’église de Dieu. 1555
Au bout de quelques années l'insécurité à Lille le
poussa à se réfugier à Francfort-sur-le-Main où se trouvait une colonie de protestants
émigrés des Pays-Bas. En 1556 la persécution plus violente désorganise
l'église de Lille, quatre membres de la famille Augier, père, mère, fils et
fille, sont exécutés. L'un d'eux décrit, dans son interrogatoire, la
simplicité des réunions que présidait Guy de Brès : « Quand nous
sommes assemblés au nom de notre Seigneur pour entendre sa sainte Parole,
nous nous prosternons tous ensemble à deux genoux en terre, et, en humilité de
cœur, nous confessons nos péchés devant la majesté de Dieu ; après, nous
faisons tous notre prière afin que De là, il se rendit à Lausanne où il suivit les leçons
de François Bérauld et de Théodore de Bèze. Il vint à l'Académie fondée par
Calvin à Genève. En 1559, il rentra au pays et s'établit à Tournai. Il
épousa Catherine Ramon. Il commença un ministère itinérant ranimant les
foyers de Elle est précédée d'une épître dédicatoire: « Les
fidèles qui sont aux Pays-Bas et qui désirent vivre selon la vraie
réformation de l'Evangile de notre Seigneur Jésus-Christ au Roi Philippe,
leur Souverain Seigneur. » Guy de Brès alla jeter quelques exemplaires de Ce geste hardi montrait que les protestants avaient
conscience de leur force, mais il exaspéra le gouverneur qui se mit à
rechercher avec zèle Guy de Brès. Voici le signalement qu'on donna de lui: « homme
d'une quarantaine d’années, haut de stature, pâle de face, assez maigre, long
visage, barbe tirant sur le roussart, aux épaules hautes et gros dos. Etait
mal en ordre avec manteau noir à collet rabattu. Il avait l’accent du
Hainaut. Parlait en général après souper dans les maisons et prêchait sur les
commandements de Dieu et l'observation d'iceux et ne disait nulle chose qui
pût déplaire à homme de bien. » Les commissaires de Guy de Brès se trouvait alors à Valenciennes. Il
organisait en plein air des cultes qui réunissaient des milliers de
personnes. En décembre 1561, il se rendit à Amiens où il prêcha dans la
maison de Vidame, Seigneur de Picquigny. Les inquisiteurs firent irruption et
s'emparèrent de plusieurs huguenots et de Guy de Brès. Cependant il put
cacher sa véritable identité et fut relâché grâce à l'intervention de Jean de
Monchy, baron de Vismes, lieutenant général du prince de Condé, gouverneur de
Picardie. Pendant ce séjour à Amiens, le réformateur sous différents
déguisements, se rendit à Bruxelles pour conférer avec Guillaume d'Orange
dans le but de maintenir la concorde entre luthériens et calvinistes. Il
rencontra aussi à Metz son collègue Jean Taffin. Guy de Brès séjourna à Sedan
vers 1563-66. Il était protégé par le duc de Bouillon, prince protestant.
C'est là qu'il composa son ouvrage: « Il laissa sa femme et ses cinq enfants à Sedan et revint
dans nos provinces. En juin 1566, il se trouvait à Anvers, suppléant François
du Jon, envoyé à un synode. Il partit pour Valenciennes sur une lettre pressante du
pasteur Pérégrin de La répression commence alors, Noircarmes, gouverneur du
Hainaut, vint assiéger Valenciennes. La population résistera plusieurs mois
dans ses remparts. Quand la famine se fera sentir, on parlera de reddition,
ce qui eut lieu fin mars 1567. Quelques jours avant, Guy de Brès et
trois autres protestants descendirent des remparts s'échappèrent en barque
sur l'Escaut, passèrent par les bois ensuite par L’heure du duc d’Albe, inquisiteur cruel, épurateur
impitoyable avait sonné. Les membres du Conseil des Troubles prêtèrent
serment le 20 septembre 1567 pour assister le duc et punir sans délai les
hérétiques. Pour
être honnête vis a vis de la mémoire de Guy de Brès il faut reconnaître que
ce dernier était partisan de la modération. Il ne souhaitait pas qu’on en
vienne au bris des statues et images, il ne l’a apparemment même pas
conseillé. Voici en quelques lignes résumées les marques
essentielles de la vie d’un réformateur souvent méconnu en ce début de XXIe
siècle. Trop souvent l’on se demande comment se fait-il qu’il y ait des
chrétiens protestants réformés à Valenciennes, à Lille, à Tournai et ailleurs
dans notre région ? Comment ces églises naquirent-elles ? Qui en fût le
fondateur ? A tout cela nous avons de la peine à répondre car les
archives existent mais sont peu nombreuses. A l’époque on ne parlait pas
d’œcuménisme, de rapprochement entre confessions et la convergence entre
Eglise et pouvoir politique a souvent fait en sorte que les traces de ceux
que l’on jugeait hérétique soient effacées. Si l’œcuménisme nous permet
aujourd’hui de nous rapprocher, il ne doit pas nous faire oublier. Nous
devons nous souvenir que si |
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Frédéric Verspeeten |
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