Titre de l’ouvrage : Les racines juives du christianisme

Auteur : Frédéric Manns

Edition : Presses de la Renaissances

Séquence 12 : pages 062 à 066

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Le plan rédempteur

La doctrine de la Rédemption affleure partout dans les lettres de Paul. Ses grandes articulations sont faciles à saisir, surtout dans l’Epître aux Romains. Ailleurs, elles sont plus diffuses. Rien d’étonnant que Pierre ait eu du mal à suivre la pensée de Paul. Ce dernier est beaucoup moins occupé de donner un enseignement systématique que de répondre aux questions concrètes des communautés chrétiennes. Des cas de conscience délicats se posent dans certaines communautés. De plus, des docteurs de mensonge cherchent à diviser le troupeau du Christ. Les hérésies naissantes, en particulier celles des judaïsants qui préconisaient un retour à l’observance de le Loi juive, ont eu cependant un effet heureux : elles ont amené Paul à approfondir sa doctrine, à la formuler d’une manière plus précise, plus complète.

Paul parle de son Evangile (Ga 1, 11). Par là, il entend méditer le mystère de la Rédemption universelle, mystère du Christ qui associe ceux qui croient en lui, à sa mort et à sa résurrection.

L’humanité a fait l’expérience du péché. Personne ne songera à le nier. Le spectacle d’Athènes rempli d’idoles avait indigné Paul (Ac 17, 16). Dans l’Epître aux Romains (1, 18 à 3, 20), il dresse un tableau de la corruption du monde païen et de l’infidélité d’Israël, qui mettait le juif en aussi fâcheuse situation que le païen. Le règne du péché et de la mort remonte à la désobéissance


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d’Adam qui a fait perdre à l’humanité l’amitié divine et a déchainé les passions mauvaises. Les hommes se sont enfoncés dans la révolte contre Dieu. Le monde païen n’a pas su reconnaître le Créateur dans ses œuvres. Israël, bien que favorisé des révélations divines, s’est montré indocile et a violé les préceptes de la Torah. La Loi ne lui a pas donné la force de vivre le message révélé.

Dieu avait, dans sa miséricorde, promis par les prophètes un messie descendant de David, qui redonnerait les six objets perdus par le péché d’Adam et qui conclurait l’alliance nouvelle avec toute l’humanité. Quand les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils unique, préexistant, créateur et éternel comme lui. Né de la race de David, selon la chair, le Fils de Dieu a revêtu une nature humaine sujette à la souffrance et à la mort. Dans son amour pour les hommes, il s’est fait obéissant jusqu’à la mort de la croix, devenant de par une volonté éternelle du Père moyen d’expiation pour les hommes. Son obéissance a réparé les désobéissances d’Adam. L’Adam nouveau crée ainsi une humanité nouvelle. Par la foi en lui, les pécheurs sont justifiés. La solidarité en Jésus-Christ est plus forte que la solidarité en Adam. Pour manifester l’efficacité du sacrifice du Christ, Dieu l’a souverainement exalté par la résurrection et l’Ascension. Glorifié à la droite du Père, Jésus a reçu le titre de Seigneur. Comme rédempteur, il réconcilie les hommes avec Dieu. Tel est le message du salut.

La rédemption

C’est le sang du Christ qui rachète l’homme pécheur (1 Co 6, 20). Mais Dieu, qui nous a rachetés sans nous,


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ne nous sauve pas sans nous demander notre libre consentement ; cette solution est digne de Dieu et de l’homme. La réponse à l’appel de Dieu est donnée par la foi qui est acceptation par l’intelligence du message chrétien et consécration vitale du croyant au Sauveur dans son être et dans sa vie. La foi est elle-même un don Dieu. Dieu ne la refuse pas aux hommes de bonne volonté. L’adhésion au Christ amène le converti à demander le baptême, qui signifie une nouvelle naissance, le pardon du péché et le don de la vie surnaturelle (Rm 6, 3-11) qui le fait mourir, l’ensevelit et le ressuscite spirituellement avec le Christ. Il meurt au péché et vit désormais pour Dieu dans le Christ. Pour ne pas déchoir de son état de justifié, le chrétien doit lutter contre les tendances qui subsistent en lui. Paul connaît l’anthropologie des deux penchants qui sont présents dans le cœur de l’homme. La vie devient ainsi un combat spirituel. Pour remporter la victoire, le chrétien, est armé par le don de l’Esprit qui le fortifie pour crucifier la chair, pour vivre dans la pratique de la charité et de toutes les vertus, pour reproduire en lui l’image du Christ, afin d’être transformé en cette même image (2 Co 3, 8). L’Esprit l’éclaire, l’inspire, lui donne les secours indispensables pour vivre en véritable enfant du Père céleste, en frère en Christ, en membre de son corps et en temple de l’Esprit. L’Eucharistie, qui fait mémoire du sacrifice rédempteur, est le moyen privilégié de transmettre et d’accroître la vie divine.

Dépositaire de l’enseignement du Christ et des apôtres, l’Eglise est gardienne de la fidélité aux exigences de la vie chrétienne. Membre de ce grand corps (Col 1, 24), le chrétien n’est pas isolé. Il est soutenu par la prière, les exemples et les sacrifices de ses frères. Il sait que toutes


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ses actions contribuent à l’édification du corps de Christ. Dans l’état auquel Dieu l’a appelé, virginité ou mariage, il se souvient qu’il a charge de ses frères, uni à eux par le lien de l’Eucharistie. Travaillant au salut de tous en même temps qu’au sien, il marche avec amour vers la vie glorieuse promise. Dans l’espérance du retour du Christ, il collabore à la venue du Royaume.

Il n’y a plus ni juif ni païen

Un drame se joue en effet depuis la chute du premier homme. Le Christ a vaincu Satan sur la croix. Mais les ennemis du Christ et de l’Evangile n’ont pas perdu toute leur virulence et la lutte continue. Le mystère d’iniquité, l’homme de péché qui se substitue à Dieu sont toujours en action. Des apostasies désolent l’Eglise. Tous les chrétiens sont acteurs dans ce drame et sont invités à persévérer jusqu’à la fin. Ceux qui demeureront fidèles seront pour toujours avec le Christ quand la mort viendra mettre un terme à leur séjour sur la terre. Le combat se poursuit jusqu’au jour connu de Dieu seul où le Sauveur descendra du ciel, anéantira l’impie par le souffle de sa bouche et l’éclat de son avènement (2 Th 2, 1-12). Détruisant la mort elle-même, Jésus ressuscitera, par l’action de l’Esprit Saint, ceux qui se sont endormis ; alors il remettra le Royaume entre les mains de son Père, le corps mystique ayant atteint sa stature parfaite et Dieu étant désormais tout en tous (1 Co 1, 24-28).

Paul insiste beaucoup sur la liberté du chrétien. En dialecticien subtil, il affirme que tout appartient au chrétien, mais le chrétien appartient au Christ et le Christ appartient à Dieu. Tout ce qui tient compte de cette


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orientation finale est licite. « Aime et fais ce que tu veux », dira saint Augustin.

 

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