|  | « La part du rêve » par Bernard Stasi, président de la
  commission sur la laïcité |  | 
|  | « Je
  fais souvent ce rêve depuis vingt ans d'une douce France, accueillante, que
  j'aime et qui aime, pour laquelle le mot immigration aurait les couleurs de
  l'arc-en-ciel. Une France transformée en « une nation
  arc-en-ciel »; un mot repris à Nelson Mandela, l'ancien président
  sud-africain qui fut le plus grand des rêveurs pour son pays, l'Afrique du
  Sud, libérée de l'apartheid. Ma
  France rêvée est celle de la diversité ethnique et religieuse : je ne
  pourrais pas vivre dans un pays où il n'y a que des Blancs ou des Noirs, je
  la veux colorée. J'ai, comme bon nombre de Français, des origines multiples,
  cubaines, espagnoles, italiennes et françaises ! Le vivre ensemble dans la
  diversité est source d'enrichissement les uns par les autres. Mon rêve
  s'appuie sur l'éloge de la différence. Ce
  rêve perdure envers et contre tout: « L'immigration est une chance pour
  la. France », comme je le proclamais dans mon premier ouvrage écrit il y
  a... vingt-trois ans ! Voyez, je ne baisse pas les bras et mon rêve ne vire
  pas au cauchemar. Au contraire. J'ai bon espoir d'un autre monde français,
  fait de convivialité réciproque, un « art de vivre à la française »
  mêlant enfin (demain peut-être) sans problème les hommes, les femmes, les
  enfants qui vivent en terre de France. « I have a dream »,
  proclamait Martin Luther King, persuadé que, par cette seule profession de
  foi, il pouvait faire reculer au nom des Noirs l'impossible aux Etats-Unis,
  le racisme, la persécution, la non-égalité des chances. Je reprends cette
  incantation à mon compte... Ma
  France rêvée est celle d'une contrée où tous les habitants, quelles que
  soient la couleur de leur peau, leurs origines, leur religion, se sentiraient
  comme des citoyens à part entière, respectés. La laïcité française, cet
  extraordinaire outil, fait que les Français de souche et les Français issus
  de l'immigration ont les mêmes droits et les mêmes devoirs ! Cette exception
  française est une garantie pour que notre pays redonne l'exemple, se réunisse
  grâce à cela. J'y crois fort.  Mon
  rêve me dit que  Dans  Ne
  faisons cependant pas d'angélisme, soyons lucides !  Mais
  rêvons quand même encore et toujours. J'ai un slogan: « Que les immigrés
  et les enfants d'immigrés qui habitent en France vivent décemment, ne soient
  pas traités en citoyens de seconde zone ». Ce serait quand même la
  moindre des choses, ne croyez-vous pas ? Je voudrais que ce slogan ne soit
  plus un rêve et soit pris en compte par chacun des hommes politiques
  français, qu'ils aient cette priorité dans leurs poches de maires, de
  députés, de sénateurs, de ministres, voire de président ! Bâtissons d'abord
  chez nous des relations équitables. L'émigration,
  pourtant, nous donne la clé du nouvel universalisme français, de cette
  nouvelle citoyenneté mondiale à construire. Il ne s'agit pas de noyer tout
  cela dans le « cosmopolitisme » ! Tout est à réinventer, en
  s'appuyant sur notre terreau bien français. Je voudrais donner aux enfants de
  ce pays la fierté et le bonheur - oui, le bonheur - d'être français, que l'on
  soit de la deuxième ou troisième génération, comme on dit en ce qui concerne
  les Français d'origine maghrébine ou encore africaine, ceux-là mêmes qui vivent
  dans des banlieues, souvent défavorisées, souvent oubliées. Dans  Réveillons-nous
  maintenant, sortons du rêve, découvrons les horizons des autres sans a priori : c'est l'occasion d'avoir
  une âme plus vaste, plus joyeuse. Voyez celle des Africains, et ce n'est pas
  un cliché, si gaie, pleine de rires, et de fraternité. Rêvons de lui
  ressembler ». PROPOS RECUEILLI  POUR LE JOURNAL
  «  PAR JULIA FICATIER |  | 
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