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  l’Europe et les Roms |  | 
|  | Le Monde du samedi
  11 septembre 2010 Dans
  le débat en cours sur la situation des Roms, la France a bien des torts. Il y a eu d'abord la
  musique entendue, cet été, aux plus hauts sommets de l'Etat. Elle a laissé
  penser qu'on y assimilait immigration et criminalité. Elle a donné
  l'impression que l'on faisait peser sur l'ensemble d'une communauté, Roms ou
  gens du voyage, la responsabilité des méfaits commis par quelques-uns. Qu'on
  appelle cela pratique de l'amalgame ou technique du bouc émissaire, le résultat
  est le même : condamnable, inacceptable. Sans
doute aussi peut-on s'interroger sur la l’égalité
au regard du droit européen des expulsions
décidées, en quelques semaines, A l'encontre de plusieurs
centaines de Roms installés en France. De cela, l'image de la
France dans le monde est ressortie abîmée. Et la
manière dont le dossier a été mené, voire
exploité à des fins électorales, pèse sur
la rentrée européenne de Nicolas Sarkozy. Dans une résolution
  solidement argumentée, mais non contraignante, le Parlement européen a
  stigmatisé, jeudi 9 septembre, l'attitude de Paris dans l'affaire des Roms.
  Eric Besson, ministre de l'immigration, de l'intégration et de l'identité
  nationale, a cru devoir réagir en dénonçant le " diktat
  " des élus européens. Tant d'insondable mépris pour une des
  grandes institutions de l'Union européenne n'améliorera pas la réputation de
  la France. C'est d'autant plus mal
  venu que le président - avec, ici, quelques solides et bonnes idées - cherche
  à souder le Vieux Continent avant de prendre, en octobre, la présidence du
  G20. Mais l'acte d'accusation
  prend fin ici. Car la France n'a pas tous les torts, loin de là, dans
  l'affaire des Roms. Elle n'est pas la seule à procéder à des expulsions.
  D'autres agissent de même : Allemagne, Suède, Italie, par exemple. Pourquoi ?
  Parce que l'Union est confrontée à un problème qu'il ne sert à rien
  d'ignorer et qui ne va pas disparaître, comme le disait très bien Pierre
  Lellouche, le secrètaire d'Etat aux affaires européennes, dans nos colonnes (Le
  Monde du 10 septembre). En intégrant la Roumanie et
  la Bulgarie en 2007, l'Union ne pouvait se voiler la face : elle héritait de
  la situation faite dans ces deux pays à quelques millions de Roms. Situation
  exécrable puisque, dans un cas comme dans l'autre, les Roms y sont traités en
  parias, citoyens de seconde zone, victimes du racisme et de toutes sortes de
  violences. Aujourd'hui citoyens
  européens, nombre de Roms ont cherché meilleure fortune dans les pays les plus
  riches de l'Union. On a vu réapparaître des bidonvilles ici et là aux portes
  des grandes villes d'Italie et de France. Sous des baraquements de fortune,
  sont venues s'agglutiner des familles en quête d'une improbable intégration.
  Le refus de voir cette réalité relèverait d'une insoutenable légèreté
  radicale-chic. Et n'améliorerait en rien le sort des Roms. Comme le dit M. Lellouche,
  l'Union européenne doit mettre en œuvre un " plan d'urgence
  " pour les Roms. Avec une priorité : les aider d'abord sur
  place. Et placer Bucarest et Sofia face à leurs responsabilités. Le
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