Sens & Finances n° 9, Décembre 2011,
La philanthropie : l’engagement du bon sens

 

 

L’importante crise économique que traverse l'Europe et qui semble s'aggraver laisse présager des restrictions budgétaires et une diminution des aides publiques, Confronté au chômage, à des situations familiales fragilisées et à des conditions de vie de plus en plus précaires, les jeunes sont aujourd'hui les premiers touchés. Face à une telle urgente, les pouvoirs publics ne sont pas en mesure de prendre seuls en charge la jeunesse la plus fragile. La philanthropie doit prendre le relais : néanmoins, on le voit en France et aux Etats-Unis les discussions parlementaires portant à réduire les avantages fiscaux des dons sont de plus en plus courantes...

Un taux de chômage des jeunes actifs qui ne cesse d'augmenter, des savoirs élémentaires qui ne sont pas maîtrisés, un décrochage scolaire de plus en plus fréquent, des mesures d'assistance éducative de l’aide Sociale à l'Enfance en hausse constante, plus de 2 millions d'enfants qui vivent dans une famille pauvre...Les exemples sont nombreux, et ces chiffres alarmants sont le reflet d'une situation très préoccupante..A un âge où ils construisent leur vie d'adulte, de plus en plus de jeunes' Se trouvent confrontés à des situations difficiles qui leur font perdre pied et les excluent petit a petit de notre société.

La philanthropie pour rendre possible les innovations éducatives

Depuis 2009, Sens & Finances s'implique dans le débat public pour témoigner de la nécessité de l'investissement solidaire au profit de la jeunesse en difficulté. Dans une interview- réalisée par notre rédaction Jean-Paul Redouin, sous-gouverneur de la Banque de France, nous dit « les pouvoirs publics sont les mieux places pour assurer des éléments fondamentaux, comme l'enseignement. Mais ils ne peuvent pas tout prendre en charge: la philanthropie doit venir en complément, pour permettre de financer des projets d'innovation sociale ». Apprendre à vivre en société, s'intégrer, reprendre confiance en soi : des problématiques auxquelles l'Etat n'est pas en mesure de faire face mais qui, grâce à la complémentarité des aides privées, peuvent être prises en charge. « En effet, précise Jean-Paul Redouin, la philanthropie s'inscrit dans la durée et permet de financer des dispositifs que l'Etat ne peut pas subventionner car ils sont longs à mettre en place ou trop onéreux. Faire de la veille sociale, c'est développer de nouveaux programmes expérimentaux ; comme dans le domaine de la recherche scientifique, ce sont les financements prives qui permettront de mettre en place les projets les plus innovants »». Des projets rendus possibles grâce à la générosité des. donateurs et des philanthropes, mais aussi grâce à des avantages fiscaux particulièrement incitatifs.

Une nouvelle  génération de philanthropes

Face à la crise, des femmes et des hommes ont compris qu'ils avaient les moyens d'agir et qu'ils pouvaient se saisir des sujets de société. Ces « nouveaux philanthropes » ont su créer un mouvement généreux en investissant dans des causes qui leur semblent justes. Que dire alors d'une vision purement comptable, comme nous l'avons observée récemment dans l'actualité des propositions de loi, d'envisager de réduire la fiscalité des dons sur les causes d'intérêt général, quand il s'agit de maîtriser les comptes publics ? De telles mesures fragiliseraient les structures associatives qui aident les plus démunis et freineraient cet élan vertueux de responsabilisation personnelle pour le bien commun. S'engager dans une démarche philanthropique pour l'avenir de notre jeunesse c'est aujourd'hui avoir le « bon » sens commun.

Roland Raymond

Rédacteur en chef

 

 

Sens & Finances n° 9, Décembre 2011,
La philanthropie : l’engagement du bon sens