Les protestants déplorent l’absence de débat sur le « mariage pour tous »

 

 

La Croix.fr du 2 octobre 2012, 16 :16

Au sujet du « mariage pour tous »

Le « mariage pour tous » est une « fausse bonne idée », a estimé mardi 2 octobre le pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France (FPF), présentant aux journalistes les questions majeures à l’agenda du protestantisme français pour les prochains mois.

Claude Baty a regretté « l’absence d’un débat national », déplorant que « le gouvernement se retranche derrière une promesse de campagne ». « Certes, c’était dans le programme présidentiel de François Hollande, mais il y a un certain nombre de Français qui ont voté pour lui ‘malgré’ et pas forcément ‘pour’ le mariage et l’adoption par des personnes de même sexe ».

Le pasteur Baty a rappelé que dans le protestantisme, le mariage n’est pas un sacrement, et qu’en ce sens, « la loi sur le « mariage pour tous » ne bouleversera pas la vie de nos Églises ». Sur un plan théologique, « nous n’en ferons pas une affaire fondamentale », a-t-il développé : « Jésus n’en a jamais parlé. Cela ne veut pas dire qu’il l’ait approuvé. Mais ce n’est pas forcément là qu’il faut se focaliser, comme si c’était le centre de la foi chrétienne ».

Une déclaration officielle le 13 octobre

En revanche, la FPF, qui publiera une déclaration officielle samedi 13 octobre, privilégie des arguments d’ordre « anthropologique » et « symbolique » pour se déclarer défavorable au « mariage pour tous » : « Contrairement au discours ambiant, l’égalité, ce n’est pas l’indifférenciation. Sans différenciation, il n’y a pas de vis-à-vis, de dialogue, de construction. Le mariage doit rester un lieu de clarification ».

« Notre société a de la difficulté à articuler l’égalité et la différence, a appuyé le pasteur Laurent Schlumberger, président de l’Église réformée de France (ERF). Il nous faut faire un effort d’imagination pour honorer la demande des couples homosexuels, mais sans tomber dans l’indifférenciation et sans renoncer à des limites qui permettent l’articulation du lien social ».

L’ERF a mis en place un groupe de travail dirigé par la théologienne Isabelle Grellier et prépare un document qui sera publié à la fin de l’année 2013. « Aucune Église protestante à ce jour ne pratique de bénédiction de couples homosexuels et il y a très peu de demandes », a précisé Laurent Schlumberger.

« Une certaine mollesse » de la mairie de Paris avant Protestants en fête

Le pasteur Baty s’est ensuite arrêté sur la préparation de Protestants en fête, grand rassemblement du protestantisme français qui aura lieu du 27 au 29 septembre 2013 à Paris. « On sent une volonté de témoignage plus forte qu’en 2009, lors de la première édition de Protestants en fête à Strasbourg », a-t-il remarqué. En revanche, il s’est dit fortement « agacé » par « une certaine mollesse » de la mairie de Paris, qui a refusé plusieurs propositions de la Fédération « au nom de la laïcité, de la sécurité ». « On a un sentiment de deux poids, deux mesures », a-t-il déploré.

L’autre grand événement de 2013 sera la finalisation du processus d’union des Eglises réformées et luthériennes, lors de leur synode national à l’Ascension. Ce synode, qui devrait rassembler 1 500 participants, aura une forte dimension œcuménique et européenne, a souligné le président de l’ERF, précisant que le premier ministre avait confirmé sa présence.

La conférence de rentrée de la FPF a été enfin l’occasion de présenter Sœur Mireille Golliez, qui prend la succession de Sœur Évangéline à la tête des Diaconesses de Reuilly, communauté religieuse protestante d’une soixantaine de sœurs en France. La nouvelle prieure, jusqu’alors responsable de la maison des diaconesses en Haute-Loire, sera installée le 28 octobre à Versailles. Au sein de la Fédération, un groupe travaille depuis près d’un an à une reconnaissance de la place des religieuses dans le protestantisme.

C. H.

La Croix.fr du 2 octobre 2012, 16 :16

 

 

Les protestants déplorent l’absence de débat sur le « mariage pour tous »