Jean est son témoin

 

 

Jean est son témoin
Jean 1,15-42

1.    La traduction

2.    La lecture

1.   La traduction

Jésus est son témoin, il crie : « C’est lui dont j’ai dit :  derrière moi arrive celui qui me devance, car il existait avant moi ! »
A pleines mains, il nous donne, et les grâces succèdent aux grâces.
La loi a été apportée par Moïse, l’amour et la vérité coulent de Jésus-Christ.
Nul n’a jamais vu Dieu, mais son fils unique qui vit au cœur de Dieu, lui, nous l’a dévoilé.
Et voici ce dont témoigne Jean, lorsque, de Jérusalem, les judéens lui envoyèrent prêtres et lévites lui demander : Toi qui es-tu ?
Et il avoua, d’un aveu sans détour : Moi ? Je ne suis pas le Messie ! Ils lui demandèrent : Alors qui ? Es-tu Elie ? Il dit : Je ne ne suis pas Elie. –Es-tu le prophète ? Il nia encore. Ils insistèrent : Qui donc es-tu ? Nous avons une réponse à faire à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu de toi ?
Il déclara : Je suis la voix qui crie dans le désert avec le prophète Isaïe, rendez droit le chemin du Seigneur !
Les hommes étaient des envoyés des pharisiens.
Ils l’interrogèrent encore : Pourquoi baptises-tu si tu n’es ni le Christ, ni Elie ni le Prophète ?
Jean leur répliqua : Du baptême je n’apporte que l’eau. Mais il se tient parmi vous quelqu’un, que vous ne connaissez pas. Il arrive après moi et je ne suis pas digne de dénouer ses sandales. C’est à Béthanie, au-delà du Jourdain, où Jean baptisait.
Le lendemain, en regardant Jésus venir vers lui il dit :Voici l’agneau de Dieu qui enlève le poids de ce monde. C’est lui dont j’ai dit : Derrière moi arrive celui qui me devance, car il existait avant moi !
Et Jean témoigne encore : J’ai vu l’esprit descendre du ciel comme si c’était une colombe et s’arrêter sur lui.
Et je ne le connaissais pas, mais celui qui m’avait envoyé apporter de l’eau d’un baptême m’avait dit : Celui sur qui tu verras l’esprit descendre et demeurer, celui-là baptisera dans l’esprit saint.
Zt je l’ai vu et j’atteste : il est le fils de Dieu.
Le lendemain, Jean était à nouveau avec deux disciples. Il regarda passer Jésus et il dit : Voici l’agneau de Dieu. Cette parole à peine dite, les deux disciples se mirent en marche derrière Jésus.
Et Jésus se retourna et quand il les vit attachés à ses pas, il leur dit : Que cherchez-vous ?
Il lui dirent : Rabbi, c’est-à-dire Maître, quel monde habites-tu ?
Il leur dit : venez et vous verrez.
Alors ils vinrent et ils virent quel monde était le sien.
Et de ce jour, ils ne le quittèrent plus.
Tout s’était joué à la dixième heure.
André, le frère de Simon Pierre était l’un des deux que la parole de Jean avait jetés sur le chemin de Jésus.
Il va d’abord chercher son frère Simon et lui déclare : Nous avons trouvé le Messie, tu entends ? le Christ ! *il le mena devant Jésus. Jésus le dévisagea et lui dit : tu es Simon, fils de Jean. Tu t’appelleras Céphas. Ce nom signifie Pierre.

* * * * *

2.   La lecture

Sommé de décliner son identité, Jean-Baptiste se présente comme celui qui en est dépourvu : il n’est personne de ceux qu’on nomme, et l’annonciateur de celui qui est dit qu’il n’est pas. Il ressemble au désert, et comme lui n’a qu’une voix pour exalter la sobre jonction du sable et des étoiles. « Le désert est monothéiste », disait Renan. Jean entend le désert où souffle l’immensité de Dieu. Il est pauvre, sans mérite ni science, il n’apporte qu’un peu d’eau baptismale, mais il a vu le Messie.

Contemplatif de Dieu, il est le premier à scruter le Christ, un Christ inconnu, qui n’a encore rien entrepris, et s’avance comme un simple passant. Or Dieu a chuchoté que c’était celui-là.

Et maintenant qu’il le voit, il ne sait plus rien faire que le dévisager. Il y a ceux qui croient parce qu’ils voient. Jean-Baptiste n’appartient pas à cette race indolente. Il voit, parce qu’il croit. Dès que paraît Jésus, Jean devient le bonheur infini d’un regard, il ne le perd plus des yeux, il s’abreuve à la fraîcheur de la source, il déchiffre sur sa face une très lointaine étoile, un mot, une image, un sens, la clé du monde et la beauté du jour. Il sait, à le voir passer, qu’il était, qu’il était et qu’il vient. Vers lui, il se penche, comme un adolescent respire une fleur isolée : « Je l’ai vu, je l’ai vu », murmure-t-il, ivre d’avoir découvert un visage qu’il a regardé et nommé. Oui, son amour a un nom. Dans cet évangile tous cherchent le Christ. Les judéens pour l’arrêter, Jean pour l’annoncer, les disciples pour le suivre : c’est à ceux-ci que la première parole la puissance du regard, puisque déjà ils abandonnent tout pour lui :
Venez et vous verrez. »

Celui que Jean a montré est vu et fera voir.

Le Christ est aussi dans l’autre qui passe. Cherchons, il y a largement de quoi identifier un dieu. Derrière tout front, une colombe déploie ses ailes, et dans tous les yeux, dansent des reflets de vergers et de pleins midis.

France Quéré, Une lecture de l’évangile de Jean, 1987, Desclée de Brouwer éditeur, 78 bis, rue des Saints-Pères, 75007 Paris, pages 15-18.

Lire dans la préface, les circonstances de la traduction et de la lecture de cet Evangile par France Quéré. Cliquer ici

 

 

 

Jean est son témoin