La multiplication des pains

 

 

La multiplication des pains
Jean 6,1-15

1.    La traduction

2.    La lecture

1.   La traduction

Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée. Une foule dense le suivait, parce qu’elle avait vu les prodiges qu’il opérait sur les malades.
Jésus gravit la montagne et il s’assit avec ses disciples. Pâque était proche, la fête des Juifs.
Levant alors les yeux, Jésus vit ces foules qui affluaient vers lui et dit à Philippe : Où donc se procurer du pain pour nourrir tant de monde ?
Sa question n’était posée que pour éprouver le disciple, car il savait ce qu’il avait lui-même à faire. Philippe lui répondit : Deux cents deniers de pain n’assureraient pas une bouchée à chacun.
L’n des disciples, André, frère de Simon Pierre, intervint :Il y a bien là un gamin qui a cinq pains d’orge et deux poissons. Mais qu’est-ce donc pour tant de gens ? Jésus lui : faites-les asseoir.

L’herbe à cet endroit poussait dru. Les hommes s’assirent, ils étaient bien cinq mille.
Jésus prit les pains, il rendit grâces, il les distribua à l’entourage. Il fit de même avec les poissons, dont ils reçurent à discrétion.
Lorsqu’ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Ramassez ce qui reste pour que rien ne se perde.
Ils obéirent et des reliefs de cinq pains d’orge, douze corbeilles furent remplies !
A la vue d’un tel signe, les gens s’écrièrent : En vérité, c’est lui le prophète qui doit venir dans le monde !
Jésus sut alors qu’ils allaient l’enlever pour faire de lui un roi, et une fois encore, il s’échappa, dans la montagne, seul.

* * * * *

2.   La lecture

C’est l’unique fois, dans tous les évangiles, où Jésus utilise la tactique de ses ennemis : poser des questions qui sont des pièges. Philippe joue le rôle de sot et tombe dedans. Sa doctrine semble sortir du front étroit d’un diplômé d’économie : se rendre à la boulangerie (en plein désert !), acheter, compter, et finir sur une division sans reste, au quotient insuffisant.

Mais la réponse d’André est merveilleuse. Il ne s’embarrasse pas de calculs, il ne s’inquiète pas, comme l’autre de la quantité. Il cherche en regardant la foule, une idée plus subtile. La voici : un enfant, serrant dans ses mains sardines et pains d’orge, où se devine la tendre précaution d’une mère.

L’amour n’est jamais petit. Il donne à tous, s’il donne à un. Il n’est pas rare non plus, et c’est un péché que de douter de sa présence au sein d’une foule. Le miracle est accompli. Asseyez-vous. Il ne fallait pas recourir à d’autres puisqu’il y avait parmi vous un cœur pur. Il ne fallait diviser vos pains, mais les multiplier. Il n’y avait rien à payer, mais tout à offrir. Car si vous leur donnez, ils donneront. Voilà le miracle.

France Quéré, Une lecture de l’évangile de Jean, 1987, Desclée de Brouwer éditeur, 78 bis, rue des Saints-Pères, 75007 Paris, pages 33-35.

Lire dans la préface, les circonstances de la traduction et de la lecture de cet Evangile par France Quéré. Cliquer ici

 

 

 

La multiplication des pains