L’entrée à Jérusalem

 

 

L’entrée à Jérusalem
Jean 12,12-19

1.    La traduction

2.    La lecture

1.   La traduction

Le lendemain, la foule se pressait à la fête quand éclata la nouvelle : Jésus arrivé à Jérusalem ! Les pèlerins cueillirent des palmes et ils allaient à sa rencontre en chantant :
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur,
c’est le roi d’Israël !
Jésus trouva un ânon, il monta dessus, conformément à l’Ecriture :
« Bannis la peur , fille de Sion,
ton roi arrive, vois-le
juché sur un petit d’ânesse. »
Les disciples ne saisirent ne pas d’emblée la portée de l’évènement. Lorsque se révéla la gloire de Jésus, alors seulement ils se souvinrent de cette parole écrite pour lui et qu’il avait réalisée.
Cependant les témoins disaient partout que sa voix avait appelé Lazare dans sa tombe et l’avait enlevé à la mort.
Apprenant la nouvelle, la foule partit à sa rencontre.
Quant aux pharisiens, ils se disaient : Vous voyez votre impuissance, il a le monde entier derrière lui !

* * * * *

2.   La lecture

L’appartenance au Christ se marque par deux verbes de mouvement : rencontrer et suivre. Le caractère itinérant de la foi s’y exprime clairement, mais selon deux modalités différentes. La rencontre est surprise, secousse, extase, accueil. Suivre veut surtout dire patience.

Celui qui voit le fils face à face contemple éperdument celui qu’il a cherché et il ne doute pas qu’il ait aussi été choisi et désiré. Il se laisse submergé dans un océan de délices et de frayeurs. Aussi bien l’embrasement tourne court. Rencontrer, c’est forcément s’arrêter. Que fera-t-il ensuite ? Partir ou rentrer chez soi ? L’émotion dont il brûle ne préjuge pas de la suite.

Mais celui qui suit a déjà choisi : il s’oblige au départ. Il quitte sa maison, rompt une continuité, s’enfonce en des chemins inconnus. Et lui seul mérite le nom de disciple, parce qu’il a renoncé avant d’être comblé. Il n’est pas sous le coup d’une émotion violente, il avance selon l’appel entendu et la foi jurée : ce sont des choses intérieures. Il va, sans domicile fixe, entre deux grâces, celle de l’enfance qu’il a laissée, celle du royaume qu’il espère. Il ne se sent pas, comme l’homme de la rencontre, l’objet d’une dilection particulière.

La chère image se dérobe : le Christ n’est vu que de dos. Le disciple, en sa marche, ne distingue pas toujours si son Maître l’entraîne ou le fuit.

Il ne tient pas pour sûres que la fatigue et la longueur de la course, la route poudreuse l’éloigne du vallon natal sans rien lui délivrer des horizons ultimes. Il vit du rythme d’un pas, d’une voix familière, et cela suffit.

Les pharisiens, qui sont des connaisseurs, ont bien interprété l’épisode des Rameaux : la foule bruyante qui va à la rencontre du Christ, un jour de fête, en agitant des palmes, sera demain devenue la longue file pensive qui marchera à la suite, et aura nom Eglise.

France Quéré, Une lecture de l’évangile de Jean, 1987, Desclée de Brouwer éditeur, 78 bis, rue des Saints-Pères, 75007 Paris, pages 81-83.

Lire dans la préface, les circonstances de la traduction et de la lecture de cet Evangile par France Quéré. Cliquer ici

 

 

 

L’entrée à Jérusalem