Devant Annas et Caïphe

 

 

Devant Annas et Caïphe
Jean 18,13-23 et 24-27

1.    La traduction

2.    La lecture

1.   La traduction

Ils le traînent d’abord chez Annas, le beau-père de Caïphe, grand prêtre cette année-là.
C’était lui, Caïphe qui avait donné aux Judéens ce conseil : la mort d’un seul homme sert l’intérêt du peuple.
Suivent Jésus, Simon Pierre et un autre disciple. Ce dernier n’était pas un inconnu du grand prêtre ; il accompagna donc Jésus jusqu’à la cour du palais, tandis que Pierre attendait dehors, près de la porte. L’autre disciple, qui n’était pas inconnu du Grand prêtre réapparut ; il dit un mot à la servante qui gardait la porte et fit entrer son compagnon. La servante, une enfant, s’en prit à Pierre : N’es-tu pas, toi aussi, un disciple de cet homme ?
Il sursauta : Moi ?  Pas du tout !
Les serviteurs et les gardes qui battaient la semelle dans la cour avaient allumé un brasero à cause du froid ; Pierre se glissa parmi eux et se chauffa lui aussi.
Le grand prêtre interrogea Jésus sur ses disciples et sa doctrine. A quoi Jésus répliqua : J’au parlé au monde en toute liberté ; toujours j’ai enseigné en pleine synagogue et aussi dans le temple, endroits ouverts à tous les Juifs. Je n’ai jamais parlé en me cachant. Pourquoi m’interroger ? Demande plutôt aux auditeurs ce que j’ai pu leur dire. Sans aucun doute, ils connaissent mon enseignement.
A peine avait-il terminé qu’un des gardes plantés là gifla Jésus en disant : Est-ce une manière de répondre au grand prêtre ?
Jésus lui répondit : Si j’ai mal parlé, dis-moi où est ma faute. Sinon, pourquoi me frappes-tu ?

* * * * *

2.   La lecture

Il paraît une réelle bonhomie dans la curiosité qu’Annas, le retraité, témoigne envers Jésus. Il n’essaie pas de lui extorquer un aveu dont l’audace religieuse ou politique le compromettrait. Il ne lui demande pas qui il est. Il l’interroge seulement « sur sa doctrine et ses disciples ». Pourquoi Jésus qui a toujours parlé à tous, repousse-t-il cette demande désintéressée et presqu’amicale ?

Répondre serait pour lui s’identifier au chef de l’une de ces innombrables petites sectes qui foisonnent dans ces pays enfiévrés. Il ne se laisse pas réduire à cette clandestinité où la question, moins innocente qu’il ne paraît, l’accule.

En ne répondant pas, il se désigne comme le Révélateur, celui qui parle à ciel ouvert, et à tout vent d’humanité.

* * * * *

Là-dessus Annas l’envoya toujours lié chez Caïphe, le grand prêtre.
Simon Pierre était toujours auprès du feu, ils lui dirent : Toi aussi, tu en es, de ses disciples !
Il se défendit : Moi ? Sûrement pas ! Un des esclaves du grand prêtre, parent de celui dont Pierre avait coupé l’oreille, insista : Je t’ai vu dans l’enclos avec lui, non ?
Pierre nia encore, aussitôt un coq chanta.

* * * * *

 

C’est moi ! dit Jésus à ceux qui vont le tuer.

Ce n’est pas moi ! dit le disciple à ceux qui n’ont ni envie ni pouvoir de l’inquiéter.
« En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n’est pas plus grand que son maître. »

France Quéré, Une lecture de l’évangile de Jean, 1987, Desclée de Brouwer éditeur, 78 bis, rue des Saints-Pères, 75007 Paris, pages 97-100.

Lire dans la préface, les circonstances de la traduction et de la lecture de cet Evangile par France Quéré. Cliquer ici

 

 

 

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