La diffusion des idées réformatrices
sous le regard hostile du roi d'Espagne

Au XVIe siècle les Pays-Bas sous domination espagnole étaient composées par les dix sept Provinces. Au sein de cet ensemble se trouvaient regroupés les Pays-Bas actuels, la Belgique, une partie du nord de la France et le Luxembourg d’aujourd’hui. Ces provinces se différenciaient par leurs langues et dialectes. On y parlait le flamand au centre, le néerlandais au nord ouest, le wallon et le picard, dans le sud et aussi le frison dans la partie nord est.

En 1515 Charles Ier de Habsbourg devient roi d’Espagne puis, en 1521, il est sacré empereur du Saint Empire Romain sous le nom de Charles Quint. Il se retrouve à la tête d’un immense empire qui entoure la France au nord, au sud et à l’est, un empire sur lequel le soleil ne se couche jamais… Son souci premier consistera à assurer la consolidation du pouvoir central en vue d’unifier véritablement ces Provinces si différentes. Pour atteindre cet objectif, Charles Quint placera à la tête de chaque entité un représentant qui sera chargé d’assurer une unité d’action et l’unité religieuse.

Charles Quint a l’intention d’éradiquer la présence des « sectes anticatholiques romaines ». Dès 1519 il édite des placards (textes de lois, édits royaux qui contraignent les sujets), qui visent à interdire la diffusion des idées religieuses nouvelles et sanctionnent les hérétiques. En 1522, pour enrayer la diffusion de ces idées nouvelles, Charles Quint introduit l’Inquisition dans ces Provinces. Il le fait avec la bénédiction et le soutien du pape Adrien VI.

Les anabaptistes, qui rejettent publiquement et ouvertement le pouvoir des autorités civiles en place et leur refusent l’obéissance, sont concernés. Ce mouvement s’était développé en réaction au pouvoir de Charles Quint mais aussi en opposition à Luther qui n’avait aucune sympathie pour eux. Le réformateur allemand estimait que ce mouvement, alors gonflé par la masse des paysans révoltés, était dangereux et contraire à l’ordre. Pour lui, il était nécessaire de respecter et d’obéir aux princes dont l’autorité est légitime. En 1525 la guerre des paysans éclate en Allemagne.

Charles Quint veut stopper la diffusion des idées réformatrices et la prédication des moines augustins itinérants qui contestent les abus de l’Église romaine. Les placards du 14 octobre 1529 sont réactivés, complétés, rappelés en 1535 et 1538. Ils ont apporté l’intolérance excessive et inhumaine de l’Inquisition aux Pays-Bas.

Ainsi tout sujet qui discutera des questions de la vérité religieuse, qui hésitera à dénoncer les hérétiques dont il aurait connaissance ou qui insultera les images ou représentation du Christ, de Marie ou des saints sera mis à mort. Plus tard les édits préciseront que les biens et propriétés des hérétiques seront confisqués et quiconque fréquentera des hérétiques ou parlera en bien de ces derniers sera exécuté.

De 1523 à 1555, mille sept cents présumés hérétiques seront exécutés dans le sud et 240 dans le nord. Parmi eux, on trouve de nombreux moines augustins dont Henry Voes et Jean Esch, qui seront brûlés le 1er juillet 1523 sur la Grand Place de Bruxelles pour avoir osé réciter le symbole des apôtres et chanter le Te Deum en public.

Malgré ces persécutions, le message évangélique se diffusera par le biais des ouvrages imprimés et colportés. Neuf éditions des ouvrages de Luther seront imprimées en 1541 aux Pays-Bas. Les protestants réfugiés en Frise orientale qui avaient fui l’Angleterre suite à la mort d’Edward VI, « le roi enfant », y bénéficièrent de la protection de la comtesse Anna Von Oldenburg et de la direction spirituelle de Jean Lasko. Cela permit entre autre la publication de 230 livres entre 1554 et 1569.

Frédéric Verspeeten

 

 

 

Septembre 2012