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REFORME | RUBRIQUE Repères - BIBLE | 15-21 02 07 | n°
3211 |
Devant les programmes des
candidats à l’élection présidentielle, nous voici entrés dans la saison des
promesses. Dans leurs formes et formulations, elles apparaissent le plus
souvent attirantes, parfois sérieuses et mêmes crédibles. Elles concernent
des chantiers majeurs de la France
aujourd’hui. La relance de l’emploi et sa sécurisation ; la sécurité des
biens et des personnes dans le vivre ensemble citoyen ; la carte
scolaire ; la crise du logement ; l’Europe ; l’environnement ;
les institutions de l’Etat ; la politique de l’immigration et l’enjeu de
l’intégration. Tous ces chantiers sont aussi prioritaires les uns que les
autres. On ne peut pas tous les citer. Certaines solutions envisagées se
montrent précises et concrètes, très proches du quotidien des gens. Il y a
aussi des programmes qui paraissent suspects, parfois franchement dangereux.
Mais qui dit promesses dit
aussi engagement. Chacun sait, pourtant, que la promesse n’est pas immédiatement
synonyme d’action, bien qu’elle l’implique.
Puisque le consensus sur la fin des idéologies et la modernité politique ont fortement
nivelé les références qui permettaient de situer les discours politiques et
leurs effets présumés, et que parler de gauche ou de droite est devenu depuis
longtemps assez ringard, la tentation est forte de n’avoir pour premier,
voire seul, critère que les intérêts catégoriels ou personnels. Ainsi
prospèrent les conduites d’abstention, mais aussi ce que l’on appelle le « vote
protestataire ». Derrière ces positionnements, on peut deviner le
soupçon ou un certain mépris à l’égard du politique. Mais comment persévérer
sur cette ligne, puisque mépriser la politique porte en germe un mépris plus
fondamental encore, celui de la justice ? Sous l’influence quasi
hypnotique de la communication politique, la grande mouvance d’électeurs est
constituée de ceux qui aiment la sécurité des marques politiques commues. Et
puis, on n’est jamais sûr dans ce domaine de faire un choix parfait …
Il existe pourtant un critère simple, qui permet à chacun-e de rester
responsable dans la durée du choix qu’il aura fait. C’est la capacité de tout
citoyen d’être, lui-même, le gage des promesses auxquelles il adhère, qui
rend chacun-e responsable des politiques qui vont être mises en œuvre au nom
de tous, mais aussi en son nom. S’appliquer un tel critère n’est pas
seulement affaire de discernement, mais encore le meilleur positionnement
devant le défi de la démocratie. Elire le président de la République participe
de la délégation de pouvoir. En principe et par principe, le peuple électeur
demeure le souverain premier. C’est parce qu’on conçoit et vit cette délégation
comme un dé -chargement que l’on contribue, passivement, à l’aggravation de
la crise de la démocratie.
Si cela est vrai, le cynisme, la distraction ou le désengagement ne peuvent être
d’aucun secours ni politique, ni éthique, ni encore moins spirituel. Puisque
les chantiers sont vastes, et les projets immenses, comment ne pas entendre,
même ici, ce constat évangélique : « la moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux ; priez
donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson »
(Matthieu 9, 37) ? A cet entrecroisement de l’action et de l’intercession,
l’histoire humaine cesse d’apparaître un désert des promesses non tenues, des
frustrations et des privations. Dieu nous fait grâce d’être des garants de
son optimisme sur le politique.
Philippe B. KABONGO-MBAYA
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