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Le
jour de Pentecôte |
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www.eglise-protestante-unie.fr Actes 2/1-13, le jour
de la Pentecôte 1 Après avoir ainsi parlé, Jésus leva les yeux vers le ciel et
dit : "Père, l'heure est venue. Donne gloire à ton fils, afin que
le fils te donne aussi la gloire. * * * * * Jésus a quitté ses disciples le
jour de l’ascension, il est monté au ciel. Dans le texte de Luc il s’écoule
encore dix jours avant que l’Esprit saint se manifeste auprès des disciples.
Pour la tradition johannique ce délai n’est pas mentionné mais Jésus avait
bien évoqué la venue de l’Esprit de Dieu ; cela apparaît dans le verset
26 du chapitre 14 : Le Père enverra en mon nom l’Esprit saint, celui
qui doit vous aider. Il vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que
je vous ai dit ! Pourtant, dans Jean 20 verset
22, Jésus, avant de quitter les siens, souffla sur eux et leur dit : ’’Recevez
l’Esprit saint’’. Nous sommes, là, en face de deux traditions qui semblent
diverger. Mais qui pourraient aussi être lues de manière complémentaire. Jésus souffle sur eux et leur
manifeste que L’Esprit vient près d’eux et en eux. Mais il n’y aura de
manifestation publique de cette venue que lors de la fête de Pentecôte à
laquelle les disciples vont se mêler quelques jours plus tard. Le 50e jour après Pâques. Chez
les Juifs, à l'origine, c'était la fête de la Moisson ou des Semaines. Elle
devint la fête du don de la Loi et de l'Alliance, en mémorial de l'événement
du Sinaï. C'est sans doute ce qui réunissait les apôtres lorsque l'Esprit
vint sur eux. Ce don ouvrait le temps d'une nouvelle Loi, d'une nouvelle
Alliance en Jésus et de la vie chrétienne. La fête de l'Esprit est aussi la
célébration du commencement de l'Église. * * * * * Esprit de
Pentecôte, qui est-il donc ? L'Esprit saint selon les Écritures
est présent dans tous les commencements et tout particulièrement dans le
commencement de notre monde. Il est là à l'origine du monde. Le premier
verset du livre de la genèse nous dira que l’Esprit de Dieu planait au-dessus
des eaux ! Ce qui laisse entendre qu’il couvait, qu’il se préparait à
enfanter le monde dans lequel nous sommes ! Le rabbin Josy Eisenberg dans son
livre À Bible ouverte volume I page
51 nous dit que ce verbe que nous avons traduit par planait signifie plus
précisément : "couver, voler très près, frôler". Il faut
avouer que cette image est suggestive. Ainsi, Dieu est aussi proche de son
monde et proche des hommes que l’est un oiseau pour ses oisillons. Mais Dieu
et les hommes ne se touchent pas. Entre eux il existe une proximité, un
frottement d’aile, une inquiétude, un frémissement immense. Dieu et les
hommes sont proches et séparés. Le souffle de Dieu vient, mais comment
va-t-il agir ? Un peu plus tard c’est ce même
Esprit de Dieu qui souffla dans les narines de l’homme et celui-ci devint un
être vivant ! L’action de l’Esprit de Dieu
nous est présentée comme le principe dynamique qui structure et organise
toute chose, comme l’acteur d’un projet qui vise à mener à son but la Création.
Au travers de la trame des
récits de la première partie de la Bible, nous découvrons aussi que ce même
Esprit de Dieu va inspirer le don de la Loi à Moïse. Et ultérieurement son
Esprit guidera les prophètes pour que son peuple se conduise de manière
juste. Mais dans ces nombreux récits l’œuvre de Dieu nous est présentée comme
intervenant de manière sporadique. Ainsi, il choisit Josué, les Juges, Élie Élisée
et même des princes étrangers pour manifester l’œuvre de sa grâce notamment
Cyrus le roi de Perse. Mais, l’idée selon laquelle L’Esprit de Dieu pourrait
demeurer de manière permanente en l’homme, bien que présente, demeure
marginale. Ce "privilège" semble avoir été accordé à quelques
personnages, notamment à Joseph ou aux artisans du tabernacle et à Josué,
Salomon, Élisée. Il faudra attendre longtemps dans les écrits pour trouver
une mention selon laquelle Dieu pourrait être présent de manière permanente
dans l’esprit et dans la vie des hommes. Cela apparaît dans le chapitre 24
versets 1 à 22 du livre du Siracide. Mais l’on peut concevoir que
Dieu puisse habiter au sein de son peuple. Il n’en reste pas moins que son
Esprit est Saint et que l’on considère que l’homme demeure pécheur et d’un
certaine manière coupé de Dieu. Les textes de la première alliance pourtant
vont dépasser cette problématique et imaginer (sous l’inspiration de L’Esprit
saint) la venue des temps messianiques. Un temps où l’Esprit de Dieu se
répandra sur tout homme et femme et qui sera marqué par un profond
renouvellement des cœurs et des intelligences et qui débouchera sur une
pratique vraie sincère et authentique de la justice. Alors la Parole de Dieu
sera comprise et acceptée. Le souffle dynamique de Dieu animera chaque être
et engendrera des fruits nouveaux et une humanité différente. * * * * * L’Esprit selon
Jésus et le Nouveau Testament Selon
le Premier Testament Jésus va inaugurer ce temps nouveau où le chemin jusqu’à
Dieu ne sera plus fermé. L’Évangile selon Luc nous relatera que lorsque Jésus
a été conçu en Marie, c'était l'œuvre de l'Esprit. Au soir de Pâques, Jésus
souffle sur ses disciples et leur dit désormais l’Esprit de Dieu sera là,
avec vous, près de vous et en vous, si vous prêtez l’oreille à sa
présence ! Celui–ci, don parfait de la présence spirituelle de Dieu,
viendra habiter le cœur et l’intelligence de tout disciple qui ouvre sa vie à
la présence divine et parce qu’il en sera ainsi ces hommes et femmes pourront
devenir d’authentiques proclamateurs de la Grâce de Dieu. Pour cela, l’Esprit
de Dieu les accompagnera et les équipera. La tradition johannique laisse
entendre effectivement que cela se fera en deux temps. Dans le récit de Luc à
la Pentecôte, se manifeste le deuxième temps de cette réalité. Le
surgissement d’une communauté remplie de la présence de L’Esprit de Dieu,
jour de naissance de l'Église, qui pourra désormais inaugurer la venue du
Règne de Dieu. Les apôtres sont alors, nous dit Luc, envahis par l'Esprit. La
création de l’Église n’est pas encore le règne de Dieu, mais elle est
l’outil, le canal, le rassemblement, la communauté de tous les hommes et
femmes de tout temps et de tous lieux par lesquels Dieu donne le signe de la
venue du monde nouveau. Cet Esprit,
le Saint-Esprit, cette présence spirituelle de Dieu est sans visage, mais il
prend celui des apôtres ! Il demeure et agit en eux. Ils reflètent alors
la grâce, la beauté, la gloire de Dieu. Pour
le représenter, les images sont nombreuses : le souffle, le vent. Celle qui
convient le mieux pour parler de l'Esprit saint est sans doute celle du vent.
D'ailleurs, en grec et en hébreu, c'est ce mot qui est utilisé pour le
désigner. Invisible comme le vent, l'Esprit saint peut être présent partout,
discrètement ou, parfois, en bourrasques. On
peut vivre de Dieu sans y croire, comme on respire l'oxygène avant d'en
connaître le nom. Mais réaliser qu’il est là présent, l’accepter, savoir
qu’il ne confisquera pas nos vies, qu’il ne sera pas un maître qui nous
transformerait en esclaves mais celui qui ouvrira devant nous des chemins
nouveaux change tout. Le
récit de Luc nous enseigne qu’ils furent alors tous remplis d'Esprit saint.
Ils se mirent à annoncer la Bonne Nouvelle de Pâques et tous les auditeurs
les comprenaient, quelle que soit leur langue Actes 2/2. Il
s’agit d’un phénomène de xénoglossie (parler dans d’autres langues connues et
pas dans un langage mystérieux ou baragouiné). Le miracle ici tient à deux
niveaux, ils parlent des langues différentes, toutes les nations peuvent donc
rendre grâce à Dieu dans leur propre langue et culture. Dieu ne parle aucune
langue en particulier, mais les suscite toutes parmi les humains. Et il
s’agit aussi d’un phénomène d’audition, ils sont capables de comprendre ce
que les autres disent et vivent. Ce récit rappelle aussi le Sinaï ou Dieu
donna la loi à Moïse ; les langues de feu étaient déjà présentes comme
manifestation du Dieu qui purifie. Ici Dieu manifeste que son peuple viendra
de toutes les extrémités de la terre dans la diversité. Nous
pouvons prendre conscience au passage qu’il nous sera impossible de capturer
le souffle du ciel. Car il est comme le vent. Il en va de même pour l’action
de Dieu. Ne cherchons pas à la mettre en boîte, à lui imposer nos lois et nos
habitudes, nous risquerions de ne trouver que le calme plat. Dieu est libre
comme le vent, et celui qui veut être son disciple, aussi. Dieu est comme une
colombe qui vient se poser sur nous et nous dit comme ce fut le cas pour
Jésus : « Celui-ci
est mon fils bien-aimé, en lui j'ai mis tout mon amour » Marc
1/11 On ne
peut en effet jamais séparer l'Esprit saint du Père, car c'est lui qui
l'envoie. Et l’esprit
qui vint se poser sur Jésus viendra aussi se poser sur nous. Il faut donc
nous approcher de l'Esprit saint lentement, dans le silence, dans la paix. Quand
on veut s'emparer de lui, le saisir de force, il s'envole. Il faut savoir
attendre, désirer sa venue, demeurer calme, l'observer avec patience. Alors
il viendra. Comme une colombe ! * * * * * L’Esprit viendra
et nous sera donné à tous oui, mais que fera-t-il ? Lorsque Paul s'adresse aux
Corinthiens, pour leur expliquer l’œuvre de l’Esprit il en parle comme de
quelqu'un qui les saisit pour les libérer de toutes contraintes. Il écrit notamment :
« Car le Seigneur est l’Esprit ; et là où est l’Esprit du Seigneur,
là est la liberté » 2 Corinthiens 3, 17 et il ajoute en Romains 8,13 « …si,
par l’Esprit saint, vous faites mourir le comportement de votre être égoïste,
vous vivrez. Tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont enfants de
Dieu ». La première partie de ce verset pourrait aussi se transcrire de
la manière suivante : « Si par l'Esprit vous tuez les désordres de
l'homme pécheur, vous vivrez ». C'est la vie sous l'emprise de
la chair qui conduit à la mort. Pour Paul, la chair n'est pas une composante
de l'être humain, à côté d'une autre qui serait l’Esprit. Vivre selon la
chair, c'est vivre dans la suffisance de soi, dans le manque d'ouverture à
Dieu, dans un manque de confiance en Lui, dans un monde clos. Et dans
l’épître aux Galates au chapitre 5, verset 19 Paul nous donnera une description
pour illustrer ce que L’Esprit de Dieu vient nous aider à combattre et entre
autres choses : L’immoralité, les pratiques dégradantes et la débauche,
l’adoration des idoles haines, les querelles, la jalousie, les accès de
colère, les rivalités, les dissensions, les divisions, l’envie, l’ivrognerie. L'Esprit ne vient pas comme un
colonisateur venant enrégimenter les humains, il ne s'impose pas. Il se
propose comme guide qui libère de la peur en ouvrant à la vie d'enfants de
Dieu. Tous ceux qui se laissent conduire par l'Esprit de Dieu, ceux-là sont
enfants de Dieu. Vivre selon l'Esprit, c'est se laisser visiter par
quelqu'un, c'est se laisser habiter, c'est accepter de recevoir Celui qui
veut donner le meilleur de lui-même : sa vie en plénitude et nous aider
à vivre mieux. Dieu met en œuvre à la Pentecôte une idée nouvelle un projet
nouveau. Il nous promet Sa fidélité à toute épreuve et qu’il sera aussi un
Défenseur pour toujours. Il ne s’agit pas d’un retour à
un paradis perdu, mais du projet d’édifier une humanité qui puise un nouveau
dynamisme dans les Paroles de Jésus. Ainsi, cette présence spirituelle de
Dieu permanente nous aidera à nous souvenir et à comprendre toujours un peu
plus et mieux ce que Jésus a fait et le chemin qu’il a ouvert. Aucune philosophie, aucune
réflexion, aucun barrage ne pourra étouffer cette parole. Elle ne cessera de
réveiller les cœurs pour construire patiemment, à travers tous les obstacles,
une humanité tellement accueillante que Dieu s'y sente chez lui : Si
quelqu'un m'aime, dit Jésus, il restera fidèle à ma parole. Mon Père l'aimera,
nous viendrons chez lui ; nous irons demeurer auprès de lui. Promesse qui se réalise par le
don d'un souffle nouveau, d'une respiration à pleins poumons ! * * * * * La vie a un avenir ! Une vraie tempête dans les cœurs ! Nous l’avons déjà
souligné la Bible est remplie de mentions de l'Esprit saint. Il est à
l'oeuvre dès la création pour répandre la vie en abondance (L'Esprit planait
sur les eaux). Il guide le peuple de Dieu dans sa marche au désert et il
éclaire les prophètes. Mais sommes-nous prêts à croire que cette histoire se
poursuit avec nous aujourd’hui ? Ce n’est pas une vieille légende, c’est
l’œuvre du Dieu vivant. Sommes-nous prêts à croire que comme il a donné aux
apôtres l'audace d'annoncer l'Évangile aux nations (Tous furent remplis de l'Esprit
saint dit le texte de Luc) nous sommes envoyés et qualifiés équipés par sa
Grâce pour le faire ? L'Esprit saint est fort comme le feu qui brûle et
réchauffe. Il est subtil comme la brise légère ; Il est doux comme la
lumière ; Il est efficace comme le défenseur du pauvre. Frédéric Verspeeten * * * * * |
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Le jour de Pentecôte |
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