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Vanités des vanités, tout est vanités |
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www.eglise-protestante-unie.fr Ecclésiaste 1,
2-11. Qohéleth : une voix singulière, décapante et bouleversante C’est avec joie que je vous
invite aujourd’hui à un voyage, une visite. Le regard et les oreilles
largement ouvertes, disponibles ! Vous arrive-t-il de regarder autour de
vous, depuis là où vous êtes, que ce soit en ville ou à la campagne, et de
considérer ce qui vous entoure, votre cadre de vie, et plus largement, le
monde dans lequel vous vivez ? Que voyez-vous alors ? Que percevez-vous de la
marche du monde, du cours des saisons ? Comment comprenez-vous votre place,
votre rôle, dans ce monde ? Vous arrive-t-il aussi de regarder en vous-même,
depuis là où vous en êtes ? Oui, vous arrive-t-il de considérer votre
itinéraire, les chemins que vous avez empruntés depuis l’enfance, les
personnes qui comptent dans votre histoire, celles qui vous précèdent et
celles qui viennent après vous - enfants, petits-enfants ? Que voyez-vous alors,
en parcourant votre histoire, C’est à ce regard, autour de soi et en
soi-même, que je vous invite aujourd’hui. C’est Qohéleth qui m’a soufflé
cette invitation. Qohéleth ? Ah oui ! Il se peut que vous le connaissiez sous
son autre nom, Ecclésiaste. Et si ces noms vous sont étrangers, telle ou
telle de ses paroles vous est certainement familière ; celle-ci, par exemple
: « Rien de nouveau sous le soleil ! ». Qohéleth a beau être un ancien, qui a
fait école il y a fort longtemps, il m’a semblé qu’il valait la peine de
passer un peu de temps en sa compagnie, d’être à l’écoute de ses
observations, de ses constats, de ses réflexions. Elles se trouvent dans la
Bible, rassemblées dans un livre qui porte son nom. Ouvrir ce livre, c’est
recevoir la visite de quelqu’un qui va à l’essentiel. Qohéleth aborde les
grandes questions existentielles sans détour, il parle et interpelle
franchement. Jugez-en par vous-même, en écoutant le prologue de cet ouvrage. 2Vanité des vanités, dit Qohéleth, vanité des vanités, tout est vanité. 3Quel profit y a-t-il pour l’homme de tout le travail qu’il fait sous
le soleil ? 4Un âge s’en va, un autre vient, et la terre subsiste toujours. 5Le soleil se lève et le soleil se
couche, il aspire à ce lieu d’où il se lève.
6Le vent va vers le midi et tourne
vers le nord, le vent tourne, tourne et s’en va, et le vent reprend ses
tours. 7Tous les torrents vont vers la mer, et la mer n’est pas remplie ; vers
le lieu où vont les torrents, là-bas, ils s’en vont de nouveau. 8Tous les mots sont usés, on ne peut plus les dire, l’œil ne se
contente pas de ce qu’il voit, et l’oreille ne se remplit pas de ce qu’elle
entend. 9Ce qui a été, c’est ce qui sera, ce qui s’est fait, c’est ce qui se
fera : rien de nouveau sous le soleil ! 10S’il est une chose dont on puisse
dire : « Voyez, c’est nouveau, cela ! » – cela existe déjà depuis les siècles
qui nous ont précédés. 11Il n’y a aucun souvenir des temps anciens ; quant aux suivants qui
viendront, il ne restera d’eux * *
* * * Tel est le prologue du livre de
Qohéleth, appelé aussi Ecclésiaste. Dès les premiers mots, le ton est donné,
le point de vue est affirmé, radical. Vous venez de lire, qu’avez-vous saisi ?
Du pessimisme ? De la lucidité ? De la provocation ? De la
morosité ? Vanité des vanités, dit Qohéleth, vanité des vanités, tout
est vanité.
Qohéleth nous accueille chez lui, il nous introduit dans sa
perception du monde. Sans préliminaires. Dès le seuil,
une avalanche de « vanité » est
déclenchée, une vanité à dimension
superlative. Prenons le temps de laisser résonner ce terme, en
l’écoutant dans d’autres traductions : Une
première : « Futilité complète,
Futilité complète, Tout n’est que futilité
! » (Nouvelle Bible Segond). Une autre : « Tout
part en fumée, rien ne sert à rien, rien ne mène
à rien ». (Parole De Vie) Encore une :
« De la fumée, tout n'est que fumée, tout part
en fumée ». (Français Courant) Et pour finir :
« Vapeur qui s’évapore, Tout
s’évapore ! » (Alphonse Maillot) De quoi donner
le vertige ! Et ce vertige est entretenu tout au long du livre
puisque c’est dans ce même état que vous refermerez
l’ouvrage, arrivés au dernier chapitre (12,8). Tout est
« futilité »,
« fumée »,
« vapeur ». Il arrive à chacun de nous de
faire l’expérience de la fragilité - les situations
ne manquent pas au cours de la vie : pensons aux revers de
situations, qui font basculer, tomber ; mais aussi
lorsqu’une part de notre vie part en fumée,
s’évapore, nous échappe : l’être
aimé devenu méconnaissable, l’amour qui se
volatilise ; la perte d’un bien, d’une maison, par
exemple, réduite en peu de temps en cendres, avec tout ce
qu’elle contenait ; le deuil à vivre lorsque meurent
des êtres chers. Il arrive aussi que nous fassions cette
expérience de la fragilité dans notre propre corps,
lorsque la maladie s’insinue et nous occupe, ou que survient un
accident. Oui, dans ces situations, nous éprouvons la vie comme
« fumée »,
« vanité », « vent », «
buée » que personne ne peut retenir et cela fait
vaciller ; nous ressentons durant ces épreuves combien la
vie est fragile. Mais le propos de Qohéleth va au-delà de
ces situations. C’est toute la vie, la vie dans toutes ses
dimensions, qu’il qualifie d’éphémère,
de futile, de vaine ; tout cela, du vent ! Alors oui, cela
donne le vertige ! Où tenir ? Où
s’adosser ? Où prendre appui ?, Comment ne pas
partir soi-même en fumée ? En buée ? Je
ne sais pas ce que la déclaration de Qohéleth et ces mots
suscitent en vous. Chez moi, ils ont eu l’effet de faire surgir
quelqu’un : Abel. Ils ont éveillé en moi la
mémoire de ce personnage. ?Abel », en
hébreu, c’est le même terme que celui qui est
traduit dans notre livre par « fumée »,
« buée »,
« vapeur », « haleine ».
Abel est le personnage biblique qui incarne cet état, la
fragilité fondamentale de la vie. Qohéleth reprend cette
figure et l’étend à tout, aux êtres humains,
à tout ce qui constitue la vie. La destinée d’Abel,
singulière, devient sous sa plume, celle de chaque
créature, reçoit une dimension universelle. La vie
elle-même est « Abel »,
« fumée », « vapeur » * *
* * * « Vanité
des vanités, tout est vanité » ; ou encore
« fumée »,
« buée ». La vie, tout : du
vent ! Cette déclaration qui ouvre le livre de
Qohéleth nous a amenés, par un jeu d’écho,
à Abel, au chapitre 4 du livre de la Genèse. Il est le
personnage biblique qui incarne la fragilité fondamentale de la
vie. Je vous invite à faire un pas de plus. Pourquoi
Qohéleth a-t-il une conscience si vive de
l’éphémère ? D’autant qu’il
prend à rebours la vision de la vie développée
dans le premier texte de la Genèse, un texte fondamental, qui
ouvre la Bible. Entre les deux, l’écart est
saisissant ! Ce qui est déclaré
« bon », voire « très
bon » dans le texte de la Genèse est
dévalué ici. Le bel agencement de la création
où chaque vivant est voué à croître,
à se développer, est condamné, dans cet autre
prologue, à une toute autre destinée : à
l’éphémère, à l’absurde.
Qohéleth en fait la démonstration. Il passe en revue tout
ce qui se trouve « sous le soleil », depuis un
point de vue panoramique. Il considère les
éléments primordiaux, l’eau, la terre, l’air,
ainsi que les quatre points cardinaux. Il énumère des
constats. Il ouvre nos yeux et nous invite à observer à
notre tour, la course du soleil, les tours du vent et des torrents, la
mer. Certes, il y a du mouvement. Les nombreux verbes en
témoignent, mais tout cela tourne en rond, en boucle. La nature
est prise dans un mouvement cyclique perpétuel, plein
d’une énergie que rien ne semble pouvoir perturber.
Pourtant, une fêlure est introduite dans ce système, sous
les traits de l’insatisfaction, un trait placé au
cœur du texte, comme une entaille. Ecoutez, je vous relis ce
passage : Tous les torrents vont vers la mer, et la
mer n’est pas remplie ; vers le lieu où vont les torrents, là-bas, ils s’en
vont de nouveau. Tous les mots sont usés, on ne peut plus les dire, l’œil ne
se contente pas de ce qu’il voit, et l’oreille ne se remplit pas de ce
qu’elle entend.
Voilà ce qu’a perçu Qohéleth. De même
que « la mer n’est pas remplie » par les
torrents qui affluent vers elle, de même les êtres humains
ne sont pas comblés mais marqués de l’usure, du
manque. A chacun de ses lecteurs, Qohéleth propose
aujourd’hui un regard et une écoute lucides. Sa parole
révèle les illusions qui nous bercent. Elle est
invitation à cesser de nous raconter des histoires. A celles et
ceux qui se croient éternels, il rappelle qu’ils sont de
passage. A celles et ceux qui ont la prétention de tout voir,
tout entendre, tout penser, il révèle leur
incapacité fondamentale. A celles et ceux qui se pensent
irremplaçables, il dit : vous serez oubliés et
d’autres viendront à votre place. A celles et ceux qui
prétendent échapper à cette destinée, il
déclare que la vie elle-même et l’activité
humaine sont vouées à se répéter, à
l’identique : « rien de nouveau sous le
soleil ! » A celles et ceux qui sont tentés de
croire qu’ils laisseront une trace de leur passage sur terre, il
répond par ce diagnostic : l’humanité est
amnésique. Et, à vrai dire, nous en savons quelque
chose ! Espérer que l’humanité puisse faire
preuve de mémoire, de progrès, qu’elle puisse
échapper à une routine de reproduction de
génération en génération est illusoire.
Selon Qohéleth, vivre, et vivre de génération en
génération, c’est du vent ! Alors, à
quoi bon ? Oui, à quoi bon vivre ? C’est la
question qui introduit ce prologue et qui court tout au long du
livre : Quel profit y
a-t-il pour l’homme de tout le travail qu’il fait sous le soleil ?
Cette question s’adresse à tout être humain, et pas seulement à une catégorie
d’hommes et de femmes. Le terme hébreu traduit ici par « homme »
désigne l’humanité, comme dans le premier chapitre de la Genèse. De plus,
cette question vise toute l’activité humaine. C’est donc une interrogation
fondamentale que formule Qohéleth, et qui s’avère très originale, c’est ce
que nous allons découvrir. Ce terme « profit » attire en effet
l’attention car il n’apparaît nulle part ailleurs dans l’Ancien Testament. Et
l’auteur lui accorde une grande importance puisqu’il y a recours à 9
reprises. Cette mise en question du profit constitue la trame de sa réflexion,
et cela m’a intriguée : pourquoi mener une telle réflexion et pourquoi,
surtout, la mener de façon si vive, presque agressive ? Qohéleth
s’attaque-t-il à un sujet tabou qu’il ne serait pas de bon ton de discuter ?
Lorsque ce livre est écrit, au III° siècle avant notre ère, les dirigeants en
place, en Palestine, font la promotion d’un idéal : celui du profit,
précisément. Selon cet idéal, réussir sa vie, c’est faire du profit, être un
entrepreneur qui investit, optimise son investissement et gagne de l’argent.
En critiquant cet idéal, Qohéleth fait entendre une voix discordante. A cette
quête du profit, à la logique du slogan « travailler plus pour gagner
plus », il oppose la « vanité », « la buée »,
« la vapeur », la finitude humaine, comme un miroir tendu à ses
contemporains. Sa déclaration et son interrogation valent contestation, voire
provocation ! Nous ne savons pas quel fut l’effet de cette parole, sinon
qu’elle a été entendue, jugée de grande valeur au point d’être mise par écrit
et introduite dans la bibliothèque biblique. Cette parole provocante a donc
traversé les siècles et nous en faisons mémoire maintenant. Effet paradoxal,
pour une parole qui était destinée à disparaitre ! Et je suis saisie de
son actualité, car aujourd’hui, le profit et sa quête, voilà qui mènent
encore le monde. Sur le plan économique, bien sûr, mais aussi plus
globalement, dans tout ce que nous faisons, tentés sans cesse d’exister et de
démontrer notre existence par ce que nous faisons, produisons. Alors, oui,
Qohéleth parle et sa parole tient, de génération en génération, pour peu que
l’on ouvre son livre et que l’on se mette à son écoute. Sa parole retient
même l’attention de qui l’écoute, car elle nomme, interpelle sur
l’essentiel : quel est le sens de la vie humaine ? Quelle en est sa
valeur ? Quelle est la place, le rôle de chacun dans la succession des générations ?
Qohéleth cherche à retenir l’attention, à retenir le pas, la course, la fuite
de ses contemporains. Qu’en est-il pour vous, aujourd’hui ? * *
* * * En
entrant dans ce livre, nous pouvons avoir le sentiment que Qohéleth déclame,
sans même avoir d’auditoire, dans le vide. Ou qu’il se parle à lui-même,
comme le ferait quelqu’un au soir de sa vie, dans une sorte de journal : Vanité
des vanités, dit Qohéleth, vanité des vanités, tout est vanité. Quel
profit y a-t-il pour l’homme de tout le travail qu’il fait sous le
soleil ? Dans
la suite du livre, le prologue laisse effectivement la place à
un récit autobiographique. Cependant, si ce texte relève
de tous ces genres - déclamation, journal, testament - il
n’est pas l’œuvre d’un être replié
sur lui-même. Ancré dans son temps, l’auteur en
saisit les modes de pensée et de vie, il conteste
l’idéal qui institue le profit comme appât, comme
motivation et clé de la réussite, il lézarde
l’idée selon laquelle l’âme humaine serait
éternelle, il lamine l’idée de progrès. A
travers ces thématiques c’est toute une culture
qu’il met vivement en cause, et les promoteurs de cette culture,
dans leur rapport au monde, au savoir, à la spiritualité.
Son interrogation vaut pour son époque comme pour la
nôtre. Qohéleth est donc en discussion avec
d’autres. Ils n’ont pas la parole ici, mais nous
déduisons leur point de vue, leurs thèses, en creux,
à travers les répliques qu’il leur adresse, avec
l’intention de dévoiler et de faire tomber les illusions,
les chimères que chacun et toute société est
tentée de se forger. Au rang de ces interlocuteurs se trouvent
des théologiens. Les formules bien frappées, la
pensée si radicale, résonnent comme des contre points
sonores, avec les récits des origines, dans le livre de la
Genèse. Ce prologue, nous l’avons noté, prend le
contre-pied du premier texte de la Bible en substituant la buée,
la vapeur, l’absurde aux estimations « cela
était bon » et « tout cela était
très bon ». L’humanité, le temps
même, sont marqués par l’impuissance, la
dissolution. Les tenants de la sagesse biblique traditionnelle sont
également épinglés, et avec eux, la sagesse
elle-même. Cette pensée et sa vision optimiste sont
déclarés en échec, vaines, impuissantes à
améliorer la vie, à garantir un avenir meilleur, une vie
bonne, à retenir les leçons du passé. Le parler,
le voir, l’entendre, placés au cœur de ce
poème, et qui décrivent traditionnellement les
activités du sage, sont déclarés en crise. Le
travail, valorisé dans la sagesse classique, est ici
dévalorisé. La nature, objet d’admiration,
traditionnellement, est ici désenchantée.
L’expression, unique dans la Bible, « rien de nouveau
sous le soleil », reprise comme un refrain, dans
l’ensemble du livre (29 fois !), dit la clôture du
monde et de l’humanité, condamnés à une
répétition, à une homogénéité
perpétuelle. Mais ce qui frappe, encore, et que l’on peine
souvent à percevoir, tant cela est inconcevable, c’est
l’absence de Dieu. L’aviez-vous remarqué, cet
absent ? Dans la Bible, c’est un phénomène
surprenant ! Relisez les textes de création, dans la
Genèse, dans les livres prophétiques, les Psaumes, Job,
même. Vous y rencontrerez toujours Dieu. Nommé et reconnu
comme le créateur. Or ici, dans ce prologue, ouverture du livre,
point de divinité à l’œuvre. Ce texte,
d’un point de vue théologique, est une sorte
d’anti-création. Dans le concert de toutes ces traditions
rapidement évoquées, culturelles, bibliques et
théologiques, Qohéleth fait entendre sa voix. Voix
singulière, décapante, bouleversante. Parole d’un
être libre, qui s’est donné comme mission de
libérer celles et ceux qui sont pris dans des pensées
devenues dogmes, clichés, illusions, croyances. * *
* * * Se mettre à l’écoute de
Qohéleth, c’est regarder la vie comme elle est, lucidement, sans se raconter
d’histoires, sans se laisser berner, sans se bercer d’illusions. Essayer...
C’est un travail de chaque jour. Et ce travail-là vaut la peine ! Il
porte du fruit : il permet de rejoindre tous ces autres, qui vivent aussi
« sous le soleil », et de les rencontrer, dans la simplicité. Cela
s’appelle la fraternité. Et lorsque la mémoire des générations s’en mêle,
activée par chacune et chacun, cela s’appelle la communion ; et dans la
communion, la reconnaissance peut se frayer un chemin. Comment s’y
tenir ? Je veux dire, comment, intérieurement, creuser un lieu en
soi-même où communion et reconnaissance soient semées, qu’elles germent,
s’épanouissent et me permettent de vivre inspirée, transformée par
elles ? J’interroge ; je suis lucide ! Je reconnais que tout
se ligue contre cela dans ma vie. La suffisance, l’égoïsme, la tyrannie,
l’autonomie, voilà les tentations qui me font chuter en chemin et me privent
d’exister. Oui, exister, précisément. Etre sortie de moi-même, de ma bulle. Recevoir ma vie d’ailleurs,
d’en dehors de moi-même, d’un Autre, d’un Autre qui parle, qui me parle, d’un
Autre de parole, en qui placer ma confiance, d’un Autre qui pose des signes,
qui me fait signe. Qu’en est-il pour vous-même ? Quelles sont vos
tentations ? D’où, de qui recevez-vous d’exister ? Pour ma part,
c’est dans les Écritures que j’ai découvert ses signes. En voici qui me sont
très chers et dont j’aime faire mémoire maintenant, avec vous : l’arc en
ciel ; le pain et le vin et Jésus lui-même, signe vivant. Trois signes
des renoncements de Dieu en ma faveur et en la faveur de la multitude, de
vous aussi, donc. Trois signes qui font mémoire de Celui qui les a donnés et
m’ouvrent aux générations de bénéficiaires. Trois signes qui sont des
symboles car accompagnés de parole, de mots qui relient, tissent
significations et relations, de génération en génération, et entretiennent la
mémoire vive. Ces symboles attestent la mémoire de Dieu pour les humains,
tous les humains, malgré notre consistance de buée, de vapeur. Oui, Dieu se souvient. De sa mémoire
attentive, fidèle, je reçois d’exister et même de coexister. Il y a encore
une parole-symbole à laquelle je reviens chaque jour, c’est la prière que
Dieu nous offre, en son fils Jésus, pour nous rappeler à l’existence et à la
coexistence, justement. Et c’est en mémoire de lui, dans la reconnaissance
pour tous ses dons, dans la gratitude pour celles et ceux qui en ont témoigné
de génération en génération, et qui en témoignent dans ma vie, que je partage
avec vous cette prière : Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit
sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme
au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Pardonne-nous nos
offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous
soumets pas à la tentation mais délivre nous du mal, car c’est à toi
qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, pour les siècles des
siècles. Amen ! Oui, en Dieu, le souvenir et l’amour sont plus forts
que l’oubli et la mort. Que Dieu vous bénisse et qu’il vous donne, par son
Esprit, d’exister, de coexister dans sa foi, son espérance et son amour. En
Jésus-Christ. Amen ! Sophie Schlumberger, pasteur de l’Église protestante unie
de France * * * * * |
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Vanités des vanités, tout est vanités |
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