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Au commencement l’Amour |
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Au commencement
l’amour Mots-clés : péché originel, amour originel, parole
(au commencement) Texte fondateur de la « doctrine du péché
originel » Genèse 3,1-24 : la tentation et la
chute : Alors que le chapitre 2 reflétait l'harmonie de
la création, tout en elle est maintenant blessé, à cause du péché qui a été
qualifié de péché des origines ou péché originel. 1
Le serpent était le plus rusé de tous les animaux sauvages que l'Eternel Dieu
avait faits. Il dit à la femme: «Dieu a-t-il vraiment dit: 'Vous ne mangerez
aucun des fruits des arbres du jardin'?» * * * * * Textes de l’apôtre Paul, confirmant la prise en compte littérale
du texte de la Genèse Romains
5,12 Romains
5,17 1
Corinthiens 15, 20-22 * * * * * Autre approche de l’Evangile de Jean et de la première épitre de
Jean Jean 1, 1
et 16-17 16 nous
avons tous reçu de sa plénitude et grâce pour grâce, 17 car la loi a été
donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues pas Jésus-Christ. 1
jean 4, 18-20 * * * * * Commentaire Ce n’est pas l’obsession de nos péchés qui nous
rapproche de Dieu, mais la conscience de notre dignité inséparable de son
éternel amour. Dans son livre Libre
réponse à un scandale[i],
que vient de couronner le prix des Ecrivains croyants, le Père Martelet donne
un magistral appui à une confiance trop assoupie dans le cœur des chrétiens.
Il déclare impossible que la mort biologique résulte du péché d’origine
encore que celui-ci confesse avec force les effets souvent mortels des fautes
humaines. Mais dans le grand mystère métaphysique qui
s’interroge sur la présence du mal et du malheur dans le monde, le jésuite
prend parti. Il ne consent pas, comme l’a fait la théologie commune, à
accuser l’homme pour excuser Dieu. Qui ne le suivrait ? La mort n’a pas attendu
le pécheur pour apparaître, des milliards d’années avant lui. Faire d’elle
non pas un dessein premier, mais la conséquence d’un châtiment, ne rend pas
la face de Dieu moins terrible, et pourquoi ne demanderait-on pas compte au
Créateur lui-même d’une si imparfaite créature ? Qui, surtout, accepte
aujourd’hui que l’incarnation soit l’expiation par un sang innocent,
commandée par un juge qui ne ferait qu’à ce prix la paix avec les hommes. Paléontologue de formation, l’auteur se penche
sur l’homme originel : il n’y trouve pas le péché –sauf ce « raté
d’enfance » dont parle saint Irénée- ni la punition qui entraverait la
créature. Il voit plutôt celle-ci grandir au cours d’une odyssée de deux
millions d’années, se mettre debout, inventer l’outil, le langage, la
sépulture, s’élever à l’intelligence des signes, pressentir quelque
transcendance. Il se rend attentif à cet homme, infime reflet de Dieu, encore
faillible, interminablement enfantin. Il en considère les humbles
commencements qui occupent cependant la quasi-totalité de notre présence au
monde : ils sont jalonnés d’échecs, de stagnation et d’efforts, mais ni
leur lenteur ni leur passage ténébreux ne dissimulent les tâtonnements de
l’esprit et sa montée irrépressible. Le Père Martelet a le courage d’affronter sa foi
à la science et il nous dispense de leur ordinaire pugilat. Car, ainsi, la science
éclaire la foi, en la posant sur le socle de la réalité et non sur le sable
de la croyance et en lui communiquant l’ample vision qui n’appartient plus
qu’à elle depuis que les pères grecs se sont tus et qui entrouvre l’immensité
de l’univers dans ses abîmes d’espace et de durée. Mais la foi éclaire la science en osant lire dans
ce long mûrissement la marche silencieusement ascendante de l’homme. Le
dessein de Dieu, toujours là, se déchiffre : d’abord dans la modeste
évolution, puis dans l’incarnation, enfin dans la divinisation future. Dans
cette patiente histoire, les plus belles pages sont celles que le Père
Martelet consacre au Christ : l’incarnation ne fait pas simplement œuvre
de rédemption ; Jésus vient en « Sauveur », au grand sens
oublié que lui donnaient les textes primitifs, pour transfigurer de sa grâce
notre condition charnelle et pour nous donner de nous voir comme lui-même
nous a vus, avec un visage qui devient la forme humaine de l’absolu. Tout le livre célèbre la parole de saint
Jean : « Il nous a aimés le premier. » En le refermant, c’est
moins au péché que l’on pense qu’à l’amour originel. France Quéré,1936-1995 La
Croix, Avril
1984 pp. 59-61 * * * * * |
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Au commencement l’Amour |
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[i]
G. Martelet, Libre réponse à un scandale.
La faute originelle, la souffrance et la
mort (coll. Théologies). Paris, Cerf, 1986, 165 p.