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Jean est son témoin |
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Jean est son témoin 1. La
traduction 2. La lecture 1. La traduction Jésus est
son témoin, il crie : « C’est lui dont j’ai dit : derrière moi arrive celui qui me devance,
car il existait avant moi ! » * * * * * 2. La
lecture Sommé de décliner son identité,
Jean-Baptiste se présente comme celui qui en est dépourvu : il n’est
personne de ceux qu’on nomme, et l’annonciateur de celui qui est dit qu’il
n’est pas. Il ressemble au désert, et comme lui n’a qu’une voix pour exalter
la sobre jonction du sable et des étoiles. « Le désert est
monothéiste », disait Renan. Jean entend le désert où souffle
l’immensité de Dieu. Il est pauvre, sans mérite ni science, il n’apporte
qu’un peu d’eau baptismale, mais il a vu le Messie. Contemplatif de Dieu, il est le
premier à scruter le Christ, un Christ inconnu, qui n’a encore rien
entrepris, et s’avance comme un simple passant. Or Dieu a chuchoté que
c’était celui-là. Et maintenant qu’il le voit, il
ne sait plus rien faire que le dévisager. Il y a ceux qui croient parce
qu’ils voient. Jean-Baptiste n’appartient pas à cette race indolente. Il
voit, parce qu’il croit. Dès que paraît Jésus, Jean devient le bonheur infini
d’un regard, il ne le perd plus des yeux, il s’abreuve à la fraîcheur de la
source, il déchiffre sur sa face une très lointaine étoile, un mot, une
image, un sens, la clé du monde et la beauté du jour. Il sait, à le voir
passer, qu’il était, qu’il était et qu’il vient. Vers lui, il se penche,
comme un adolescent respire une fleur isolée : « Je l’ai vu, je
l’ai vu », murmure-t-il, ivre d’avoir découvert un visage qu’il a
regardé et nommé. Oui, son amour a un nom. Dans cet évangile tous cherchent
le Christ. Les judéens pour l’arrêter, Jean pour l’annoncer, les disciples
pour le suivre : c’est à ceux-ci que la première parole la puissance du
regard, puisque déjà ils abandonnent tout pour lui : Celui que Jean a montré est vu
et fera voir. Le Christ est aussi dans
l’autre qui passe. Cherchons, il y a largement de quoi identifier un dieu.
Derrière tout front, une colombe déploie ses ailes, et dans tous les yeux,
dansent des reflets de vergers et de pleins midis. France Quéré, Une lecture de l’évangile de Jean, 1987, Desclée de Brouwer éditeur, 78 bis, rue des Saints-Pères, 75007 Paris, pages 15-18. Lire dans la préface, les
circonstances de la traduction et de la lecture de cet Evangile par France Quéré. Cliquer ici |
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