Luc 24

 

  

Les  fiches bibliques listées ci-dessous renferment des ressources bibliques concernant principalement Luc 24

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Luc 24, 13-35

Les pélerins d'Emmaüs
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Luc 24, 13-35
Sur le chemin d'Emmaüs

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Les pélerins d'Emmaüs

Bref parcours de la re - connaissance

Luc 24, 13 à 35

 

 

Dans cette scène le Christ n’est pas tout à fait assis au centre par rapport à nous, spectateurs, qui sommes de l’autre côté de la table. Il est un peu décalé vers la gauche, plus proche d’un disciple que de l’autre. Les deux disciples quant eux sont de part et d’autre de la table, à sa droite et à sa gauche, à notre droite et à notre gauche.

 

 

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Les pélerins d’Emmaüs d’Arcabas

avec l’aimable autorisation
de l’auteur

Cet épisode a été raconté tant de fois que j’ai un peu de gêne à vous le proposer encore.

C’est le troisième jour après la mort de Jésus, deux hommes abattus, deux disciples fortement secoués par les événements des derniers jours, font route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem. Ces hommes perdus après les changements radicaux et brutaux de leur vie, parlent ensemble de tout ce qui s’est passé : Que faut-il faire après ces événements ? Vers où, vers qui se tourner ?

Ils ont suivi Jésus, ils ont écouté sa parole, ils ont été témoins de ses miracles, et ils sont même allés prêcher en son nom. Ils pensaient que Jésus serait accueilli avec enthousiasme comme le Messie longtemps attendu.

Que s’est-il passé ? Dieu a choisi un chemin que ses disciples n’avaient pas prévu, et qu’ils n’ont pas accepté. La croix et la souffrance ne faisaient pas partie de leurs projets. Ils auraient accepté de suivre Jésus sur le chemin du triomphe, mais pas sur le chemin de la croix. Aussi longtemps qu’il y avait des miracles, des foules qui l’acclamaient et de l’émotion, ils étaient tout disposés à suivre Jésus. Peut être n’avaient-ils jamais compris le discours de Jésus parce qu’au fond d’eux mêmes, ils ne voulaient pas ce genre de messie. Alors, là, ils jettent l’éponge.

C’est pourquoi, ils retournent chez eux, à leur ancien style de vie, l’espoir brisé et le cœur accablé. Noyés dans leur douleur, ils échangeaient des paroles sans foi, sans le  " sens "  de Dieu.

Une longueur d’avance…

Dès le début de ce récit, nous lecteurs, avons une longueur d’avance sur ces deux hommes ! Luc prend soin de nous dire que le Ressuscité, Jésus en personne fait route avec les deux hommes et que leurs yeux sont empêchés de le reconnaître, les deux disciples voient sans le reconnaître.

Ils sont tellement préoccupés par leurs soucis et leurs blessures qu’ils ne reconnaissent pas celui qui marche à côté d’eux. Vous le savez, s’apitoyer sur nous-mêmes ne nous aide pas à voir Dieu, mais ne fait que nous immerger davantage dans notre propre impuissance.

Les questions inattendues de cet invité inattendu viennent transformer cette situation déplorable et démolir les conclusions erronées des deux voyageurs. Ils sont invités à regarder plus loin …

Voyageur dit un poète latino américain, voyageur, le chemin se fait quand on marche !

Le saviez-vous ? Saviez-vous que croire c’est aussi un chemin qui se fait en marchant ? C’est en tout cas la découverte que vont faire ces deux hommes. Et si nous lecteur, nous emboîtions le pas derrière les disciples d’Emmaüs pour un cheminement du cœur qui passe de l’espérance déçue à la foi renouvelée, lorsque la présence de Jésus est reconnue ?

Une question s’impose à nous : Puisque nous savons de manière privilégiée que c’est Jésus qui marche avec eux, nous en connaissons la vie, alors pourquoi l’évangéliste Luc fait-il répéter à ces deux hommes un discours dont nous n’apprendrons rien de plus ?

En réalité nous sommes ignorants des sentiments et des attentes des disciples et c’est précisément ce que Luc va leur donner l’occasion d’exprimer.

Jésus, questionne pour guérir les cœurs

Peut-être parce qu’il est médecin, Luc porte une très grande attention aux gens que rencontre Jésus, et comment cela se passe, les situations concrètes dans lesquelles ils évoluent, les circonstances qui leur apportent bonheur ou, au contraire, chagrin, ainsi que les qualités et faiblesses qui les caractérisent.

Jésus leur dit : « De quoi causiez-vous donc, tout en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’un des deux, nommé Cléopas, répondit : « Tu es bien le seul de tous ceux qui étaient à Jérusalem à ignorer les événements de ces jours-ci. » Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth : cet homme était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple. Les chefs des prêtres et nos dirigeants l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. »

La tension est dramatique mais la douceur de la rencontre et du dialogue avec Jésus va les faire lentement remonter du désespoir le plus sombre jusqu’à la joie sans réserve ! Ils vont pouvoir regarder la réalité d’une manière nouvelle.

« Quoi ?... » Cette question précise va libérer le trop plein de leur cœur : il fallait les faire parler pour savoir ce qu’ils attendaient – ou n’attendaient plus ! Il fallait qu’ils cessent de ressasser de manière improductive la même histoire, les mêmes événements qui leurs sont tombés dessus et qu’un chemin de résurrection s’ouvre devant eux.

Un espoir déçu !

Le passage répété de l’espérance à la déception des disciples nous révèle  leurs sentiments :

« … nous qui espérions qu’il serait le libérateur d’Israël ! / … mais il est mort depuis trois jours. »

« … des femmes nous ont bouleversées … disant qu’il est vivant / Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau mais ils ne l’ont pas vu. »

Tout se termine par un constat d’échec ! La mort de Jésus a fait taire en eux toute espérance messianique. Ainsi, la question de Jésus a atteint son but : les deux compagnons expriment leur désir immense, immense mais déçu !

Alors va-t-il se révéler ? C’est le moment ! Pourquoi les faire attendre ? Pourquoi ne pas leur dire tout de suite : c’est moi ouvrez les yeux, c’est moi qui vous parle ?

Non, il  leur dit plutôt :

« O hommes sans intelligence et lents de cœur pour croire à tout ce qu'ont dit les prophètes !

Ne fallait-il pas que le Christ souffrit cela pour entrer dans sa gloire ?

Et commençant par Moïse et continuant par tous les prophètes, il leur expliqua, dans toutes les Ecritures, ce qui le concernait. »

Pourquoi ce long discours ? Pourquoi ce long  " détour "  par les Ecritures ?

A quoi servirait-il de le rencontrer, de le reconnaître maintenant si l’intelligence des Ecritures ne leur est pas donnée ? Si leurs yeux ne sont pas véritablement ouverts ?

La frontière est ici, celle qui existe entre la réalité, la froide constatation des faits et une interprétation du cœur, un regard du dedans.

Alors, comment vaincre ces barrières de notre regard limité ?

Le voyage à travers les Ecritures est nécessaire, voyage long, pour que s’ouvrent le cœur, l’intelligence, et finalement les yeux des disciples.

Jésus devient ici le "passeur" des Ecritures, le passeur par excellence. Il commence la route par Moïse et par les prophètes il leur explique les racines, le fondement et relit pour eux l’ensemble dans le contexte du deuil qu’ils vivent, du grain qui meurt pour laisser place à la vie nouvelle.

C’est une véritable catéchèse pour un temps de ruptures !

Une catéchèse du cheminement, enracinée dans l'aventure spirituelle des hommes et des femmes de la communauté croyante. Cette catéchèse  les appelle, nous appelle à une nouvelle aventure spirituelle.

Alors, certains exprimeront peut-être un regret : Souvenez-vous, nous avions une longueur d’avance, nous savions que le voyageur inattendu n’était autre que Jésus lui-même … et voilà que nous sommes maintenant privés de cette magistrale leçon d’exégèse qui a brûlé le cœur des deux pèlerins durant les deux heures environ de marche entre Jérusalem et le village d’Emmaüs. Jésus éclaire doucement leur conscience et les conduit habilement à la vérité.

Vraiment frustrés ? Rassurons-nous, d’autres passeurs prendront bientôt le relais, place leur est largement faite dans le livre des Actes.

Écouter Jésus prépare ses deux disciples à le reconnaître quand il prend le pain

« Or, quand il se fut mis à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna.

Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent ; et il disparut de leur vue.

Et ils se dirent l'un à l'autre: " Est-ce que notre cœur n'était pas brûlant en nous, lorsqu'il nous parlait sur le chemin, tandis qu'il nous dévoilait les Ecritures? »

Les mêmes gestes qu’à la dernière Cène : ils reconnaissent le Seigneur dans la "fraction du pain". Alors, toutes leurs dispositions changent, même leur manière d’évaluer les événements et les changements de situation. Ils s’étaient arrêtés pour la nuit, mais après avoir rencontré le Seigneur, ils se lancent au milieu de la nuit retrouver les autres pour partager leur expérience avec eux.

***

Ce texte de l’évangile nous jette à notre tour sur le même chemin que Cléopas et son compagnon, chemin à la suite du Ressuscité.

Jésus passeur des Ecritures comme nous-mêmes sommes appelés à le devenir d’une génération à l’autre…Et si notre temps avait  plus besoin de témoins et de passeurs que de maîtres ? Et si notre temps avait vraiment besoin de passeurs cohérents avec leurs gestes qui permettent à notre monde de rencontrer le Ressuscité !

Nicole Vernet

Exposition « ARCABAS » du 10 mai au 1er juillet 2007 à LILLE

Eglise Saint Maurice, rue de Paris

http://www.ndweb.org/art/emmaus/index.html

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Sur le cheminn d'Emmaüs

 

Sur le chemin d’Emmaüs

 

 

www.eglise-protestante-unie.fr

Luc 24,13-35 : Sur le chemin d’Emmaüs

13Or, ce même jour, deux d’entre eux se rendaient à un village du nom d’Emmaüs, à soixante stades de Jérusalem, 14et ils s’entretenaient de tout ce qui s’était passé. 15Pendant qu’ils s’entretenaient et débattaient, Jésus lui-même s’approcha et fit route avec eux. 16Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. 17Il leur dit : Quels sont ces propos que vous échangez en marchant ? Ils s’arrêtèrent, l’air sombre. 18L’un d’eux, nommé Cléopas, lui répondit : Es-tu le seul qui, tout en séjournant à Jérusalem, ne sache pas ce qui s’y est produit ces jours-ci ? 19— Quoi ? Leur dit-il. Ils lui répondirent : Ce qui concerne Jésus le Nazaréen, qui était un prophète puissant en œuvre et en parole devant Dieu et devant tout le peuple, 20comment nos grands prêtres et nos chefs l’ont livré pour qu’il soit condamné à mort et l’ont crucifié. 21Nous espérions que ce serait lui qui apporterait la rédemption à Israël, mais avec tout cela, c’est aujourd’hui le troisième jour depuis que ces événements se sont produits. 22Il est vrai que quelques femmes d’entre nous nous ont stupéfiés ; elles se sont rendues de bon matin au tombeau et, 23n’ayant pas trouvé son corps, elles sont venues dire qu’elles avaient eu une vision d’anges qui le disaient vivant. 24Quelques-uns de ceux qui étaient avec nous sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses tout comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. 25Alors il leur dit : Que vous êtes stupides ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! 26Le Christ ne devait-il pas souffrir de la sorte pour entrer dans sa gloire ? 27Et, commençant par Moïse et par tous les Prophètes, il leur fit l’interprétation de ce qui, dans toutes les Écritures, le concernait. 28Lorsqu’ils approchèrent du village où ils allaient, il parut vouloir aller plus loin. 29Mais ils le pressèrent, en disant : Reste avec nous, car le soir approche, le jour est déjà sur son déclin. Il entra, pour demeurer avec eux. 30Une fois installé à table avec eux, il prit le pain et prononça la bénédiction ; puis il le rompit et le leur donna. 31Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent ; mais il disparut de devant eux. 32Et ils se dirent l’un à l’autre : Notre cœur ne brûlait-il pas en nous, lorsqu’il nous parlait en chemin et nous ouvrait le sens des Écritures ? 33Ils se levèrent à ce moment même, retournèrent à Jérusalem et trouvèrent assemblés les Onze et ceux qui étaient avec eux, 34qui leur dirent : Le Seigneur s’est réellement réveillé, et il est apparu à Simon ! 35Ils racontèrent ce qui leur était arrivé en chemin, et comment il s’était fait reconnaître d’eux en rompant le pain.

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Nous voici, apparemment, en présence de deux disciples anonymes. Oui je sais vous me direz que le texte précise que l’un d’eux se nommait Cléopas mais mis à part le fait que son nom nous soit donné nous ne savons rien de lui, quant à l’autre disciple nous ne connaissons même pas son nom. Ils ont assisté à Jérusalem à la crucifixion et à la mise au tombeau de Jésus de Nazareth en qui ils avaient placé beaucoup d’espoirs.

Mais voilà ils s’en vont tout est fini ! Le récit souligne qu’ils s’éloignent peu à peu de Jérusalem. Au fur et à mesure qu’ils s’éloignent leurs espoirs disparaissent. Un peu comme la vie nous éloigne jour après jour des événements qui nous ont marqués : deuil, maladie ou moment de joie ou de bonheur à jamais envolés !

Voilà donc deux disciples. On imagine facilement deux hommes puisque, selon le même évangile de Luc, Jésus avait envoyé ses disciples deux à deux pour aller de lieu en lieu et annoncer l’Évangile. Ces disciples sont-ils de ceux qui formaient les soixante dix ? Nous n’en savons rien, mais pourquoi ne pas imaginer qu’il s’agit d’un homme et d’une femme ? Ce ne serait en rien trahir l’Évangile puisque, souvenons-nous au tombeau, celle qui annonça aux autres disciples la résurrection était une femme : Marie la magdalénienne.

Au fur et à mesure qu’ils s’éloignent leurs espoirs disparaissent. Ils ne sont peut-être pas silencieux. Ils se souviennent et ils ont encore beaucoup de choses à se dire. La parole leur permet d’évacuer la peine et de raisonner par rapport à ce qu’on leur a raconté. Il leur a été dit que Jésus était apparu vivant, mais comment donc est-ce possible ?

Depuis que cette histoire s’est produite beaucoup de siècles se sont écoulés et nous lecteurs tardifs de ce premier quart du 21ème siècle nous avons appris par les lectures des évangiles que Jésus est ressuscité, qu’il est apparu à Marie de Magdala, à Pierre, à Jean, aux dix disciples puis à Thomas. Mais tout cela se cantonnait aux disciples proches… Ici nos deux pèlerins sont un peu plus anonymes, mais ils sont disciples eux aussi. Ils savent que Jésus est apparu aux femmes, mais ils ont du mal à y croire.

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L’irruption d’un inconnu

Et voilà qu’un inconnu, Jésus méconnaissable sur le moment, leur apparaît ; j’aime beaucoup ce moment du récit et le cheminement de ces disciples parce que je crois qu’ils nous ressemblent dans leur cheminement, dans la vie quotidienne, sur les chemins du monde et de la vie. Dieu les rejoint comme il désire nous rejoindre !

Ces deux disciples étaient convaincus que leur espérance s’était envolée dissoute comme toutes les utopies humaines. Ils ne savaient d’ailleurs toujours pas qui était véritablement ce Jésus qu’ils avaient suivi. Dans l’entretien qu’ils vont avoir avec celui qui les rejoint ils parlent de Jésus comme d’un prophète puissant en œuvres (relisez le verset 19). Mais ils avaient discerné encore plus ces derniers jours qu’il était par lui-même et en lui-même un événement sans égal !

Dieu par Jésus-Christ les rejoint. Il marche avec eux, j’aime beaucoup cette image du Dieu qui fait route avec nous qui se dissimule et qui est pourtant là, caché et visible à la fois. Je suis convaincu que c’est souvent ce qu’il fait avec nous, il nous rejoint ainsi.

Il marche près de nous quand tout semble s’écrouler quand nos espoirs s’envolent ; Mais peut-être ne savons-nous pas le voir, l’entendre, l’aimer, le croire ? Pourtant, les témoignages sont multiples. Beaucoup de personnes peuvent dire que dans le secret de leur vie Dieu les a rejoints, qu’il les écoute, qu’il les a aidés à traverser les chemins difficiles !

Ces disciples sont au nombre de deux, ce qui veut dire que lorsque vient l’épreuve, ils peuvent échanger, communiquer, parler l’un à l’autre. Mais il y a une autre chose qu’ils ne peuvent pas faire, c’est faire disparaître le poids de leur douleur…

Celui qui chemine avec eux, a lui, cette capacité ! Il ne va pas comme par enchantement la faire disparaître et l’effacer de leur mémoire par un lavage de cerveau ou en utilisant une baguette magique, mais il va les aider à prendre en compte leur misère et les éclairer et aussi leur redire qu’il y a une solution, une issue. Peu à peu il les amènera à une interprétation de l’histoire, des faits qu’ils ont vécus qui était insoupçonnable pour les humains. Ici Dieu a voulu, a permis, que son envoyé meure et qu’il revienne à la vie, qu’il soit remis debout, qu’il ressuscite et qu’il les éveille, eux aussi à la nouvelle réalité. Ainsi, il leur fait comprendre qu’aucun homme, aucune femme, n’est abandonné à la mort.

Jésus, le Christ a la possibilité de transformer les ténèbres en lumière… Ces hommes finiront par le reconnaître. Mais en ce qui nous concerne savons-nous et voulons-nous le reconnaître ? Il vient, il passe au travers de nos vies. Eux, ils ne rentreront pas chez eux sans qu’une radicale transformation se soit accomplie. Ils deviendront alors eux-mêmes des témoins de la richesse de cet amour.

En quelques minutes ces croyants vont réaliser que Dieu les accompagne, que son plan de salut pour tous les hommes est déjà accompli et qu’il va se poursuivre jusqu'à l’irruption du monde nouveau de Dieu pour tous les humains.

Si Luc a écrit ce récit, c’est aussi pour que nous comprenions qu’il n’est pas réservé à quelques humains seulement de voir Jésus ressuscité. Cette possibilité a été offerte à tous pour souligner que le salut est pour tous, que la volonté de Dieu consiste à faire entrer tous les hommes dans son alliance.

Nous sommes en face d’une belle narration dans le récit de Luc, mais l’auteur ne cherche pas à nous raconter une belle histoire sainte, il nous met en, face d’un récit authentique ou Dieu encore une fois vient au secours de notre faiblesse. Il est évident que ces disciples sont devenus d’authentiques témoins de la vie de Dieu et de son œuvre dans leur vie quotidienne et c’est bien ce que Dieu veut faire en nous et attend de nous ! Il vient au secours de nos détresses, mais il attend de nous une vie conforme à ce qu’il nous a révélé.

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Le cheminement du disciple

Le disciple est avant tout celui ou celle qui accepte que Dieu accomplisse en lui quelque chose de nouveau. Il nous appelle à naître de nouveau, à renaître, à nous éveiller et à lui confier nos vies dans le secret.

En écrivant ces quelques mots il me revient en mémoire ce petit verset du livre de l’apocalypse au chapitre 3 verset 20 : « Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi ». Ces mots étaient destinés à l’Église de Laodicée dans les lettres au sept Églises qui figurent dans les trois premiers chapitres de la révélation de Jean. Cette Église nous est présentée comme tiède, se croyant riche mais aveugle sur elle-même.

Pourtant, le Christ de la part de Dieu frappe à sa porte, certains y verront un appel à la célébration de la cène, un récit eucharistique. Cette interprétation me semble trop réductrice, je pense qu’il s’agit là d’un appel à laisser le Seigneur entrer toujours plus dans nos vies.

Mais convenez que l’image est belle, il se présente, il s’invite et nous demande de l’accueillir de vivre un moment de partage en sa présence dans notre vie quotidienne pour qu’il ouvre nos yeux sur les Écritures et sur la manière dont elles rejoignent notre vie et peuvent nous transformer et nous aider à voir la réalité de Dieu au-delà de nos existences quotidiennes.

Bref, c’est un appel à compter sur sa grâce et à l’accueillir dans le secret nos vies. L’essentiel de chacun de nous est invisible, mais Dieu peut y avoir accès.

Les disciples d’Emmaüs auraient pu rater le rendez-vous. Ils auraient pu le laisser partir plus loin. Ils auraient pu considérer que ce que racontait ce pèlerin dont on ne savait d’où il venait ni où il allait était en train de les embrouiller davantage. Et qu’il était en train de leur raconter des balivernes. Mais quelque chose les animait et leur disait qu’il y avait là une brèche dans nos évidences trop terrestres.

Au contraire bien que cela semblait défier l’intelligence, ils l’ont cru, ils ont écouté. Ils l’ont retenu .Ils l’ont invité. Il y a dans cette attitude beaucoup de gestes et de symboles dont nous ferions bien de nous inspirer dans notre vie chrétienne.

Ce récit d’apparition voilée nous amène à considérer que selon Luc, que le Christ soit matériellement visible ou pas, qu’il soit donc invisible à nos yeux, ne change rien car il sera toujours présent auprès de nous. Le Christ pour moi ici cela signifie la présence de Dieu qui prend un visage humain et nos chemins d’humanité et qui ne désespère pas de nous aider à changer nos cœurs et nos manières de voir et de vivre.

Ainsi, après avoir rompu le pain avec eux, après qu’ils l’aient reconnu, il disparaît. Il n’est pas sorti par la porte, il n’a pas continué son chemin, il a disparu à leurs yeux !

Alors les disciples comprennent et c’est ce que nous devons aussi accepter, c’est qu’il sera toujours présent parmi les siens, près de ceux qui l’invoquent avec vérité non pour satisfaire à un rite qui ne serait que parodie.

Dans nos assemblées, dans nos familles, dans nos petits groupes, si nous invoquons sa présence, il est là et j’ajouterai au plus profond de notre être dans ce que nous avons de plus secret. Dans nos peurs, nos espoirs déçus, nos joies, nos calculs insensés, rien ne lui échappe, mais il nous accepte ; il entre en dialogue bienveillant avec nous. Au-delà, j’aimerais aussi dire que nous touchons à la vérité de la présence réelle du Christ, une présence qu’aucun rite liturgique ne saurait résumer ni contenir.

Au travers de cette présence, c’est Dieu lui-même qui est présent.

Les disciples ont finalement dépassé leurs doutes, ils ont fait demi-tour. Ils sont revenus à Jérusalem qu’ils avaient quitté récemment peut-être pour éviter qu’on les traque et les arrête comme disciple du crucifié.

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Notre cœur brûle-t-il en entendant ses paroles ?

Les disciples s’en vont et ils disent : « Notre cœur ne brûlait-il pas en nous, lorsqu’il nous parlait en chemin et nous ouvrait le sens des Écritures ? » (Verset 32). Et inévitablement nous pourrions nous demander si les paroles du Seigneur provoquent le même effet dans nos vies ?

Mais je crois qu’ici chacun doit s’interroger sur lui-même.

En lisant et en relisant ce récit et en essayant d’en dégager quelques aspects qui me paraissaient aujourd’hui plus seyants, j’avoue que je me suis posé quelques questions. Très librement je voudrais les mentionner, car je crois qu’elles sont parmi celles que nous pouvons tous nous poser :

D’abord comment recevons-nous les paroles de Jésus ? Pas seulement celles qui apparaissent dans le texte de ce jour, mais dans la trame des évangiles. Nous sont-elles devenues si familières qu’à force de les entendre, nous ne nous sommes plus laissé interroger par ce qu’elles disent ? Au fond, c’est comme si nous disions, les autres feraient bien d’écouter l’Évangile, en nous dispensant de nous laisser remettre sur le chemin par lui.

Osons-nous croire que ces paroles et ce que la Bible nous dit de Jésus est vrai même si les preuves matérielles nous échappent ? Et alors, qu’elle place la Parole a-t-elle dans nos vies ? Marginale ? Occasionnelle ? Ou centrale ? Acceptons de renoncer à tout comprendre ? Pouvons-nous concevoir qu’il révèle ses voies insondables sans que nous soyons obligés d’avoir toutes les réponses ?

J’ai toujours pensé qu’il y a dans la révélation biblique un mélange de clarté et d’obscurité ; un jeu de dévoilement et de mystère, car Dieu nous échappe en partie dans ce qu’il fait et dans ce qu’il est. C’est pourquoi j’aime assez l’expression selon laquelle Dieu se révèle dans le « clair-obscur des Écritures et de la vie du Christ ». Mais le récit pourrait encore nous poser de nombreuses autres questions telles que : Sommes-nous capables de croire, d’écouter ce que Dieu veut nous dire jour après jour ? Et pour terminer quand Dieu se fait proche de nous, voulons-nous le laisser passer, le laisser partir ou le retenir ? Car nos disciples, eux, l’ont retenu et invité à rester avec eux !

Enfin, je ne peux m’empêcher de relier le texte de ce jour à l’un de nos cantiques que d’ailleurs je vous inviterai à lire ou chanter à la fin de notre office et dont voici quelques paroles :

Reste avec nous, Seigneur, le jour décline,
La nuit s’approche et nous menace tous ;
Mais près de toi toute ombre s’illumine :
Reste avec nous, Seigneur, reste avec nous !

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Petite note complémentaire :

Ce cantique s’inspire de l’angoisse des disciples sur le chemin d’Emmaüs, sa version originale anglaise à pour titre : ‘’Abide with me ! fast falls the eventide’’

C’est le dernier cantique que rédigea le pasteur H.F Lyte qui était atteint de tuberculose qui allait l’emporter quelques temps après. Il fut donc rédigé en un temps où la tuberculose était une maladie sans diagnostic de guérison. Il est encore souvent chanté en fin de veillée des éclaireurs…

Frédéric Verspeeten

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Sur le chemin d’Emmaüs

 



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