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Luc 24 |
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Les fiches bibliques listées
ci-dessous renferment des ressources bibliques concernant principalement Luc 24
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Bref parcours de
la re - connaissance |
Luc 24, 13 à 35 |
Dans cette scène le
Christ n’est pas tout à fait assis au centre par rapport à nous, spectateurs,
qui sommes de l’autre côté de la table. Il est un peu décalé vers la gauche,
plus proche d’un disciple que de l’autre. Les deux disciples quant eux sont
de part et d’autre de la table, à sa droite et à sa gauche, à notre droite et
à notre gauche. Pour prier avec
cette œuvre d’art |
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Les pélerins
d’Emmaüs d’Arcabas |
avec l’aimable
autorisation |
Cet
épisode a été raconté tant de fois que j’ai un peu de gêne à vous le proposer
encore. C’est le troisième jour après la mort de Jésus, deux hommes abattus, deux disciples fortement secoués par les événements des derniers jours, font route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem. Ces hommes perdus après les changements radicaux et brutaux de leur vie, parlent ensemble de tout ce qui s’est passé : Que faut-il faire après ces événements ? Vers où, vers qui se tourner ?
Ils ont
suivi Jésus, ils ont écouté sa parole, ils ont été témoins de ses miracles, et
ils sont même allés prêcher en son nom. Ils pensaient que Jésus serait
accueilli avec enthousiasme comme le Messie longtemps attendu. Que
s’est-il passé ? Dieu a choisi un chemin que ses disciples n’avaient pas prévu,
et qu’ils n’ont pas accepté. La croix et la souffrance ne faisaient pas partie
de leurs projets. Ils auraient accepté de suivre Jésus sur le chemin du
triomphe, mais pas sur le chemin de la croix. Aussi longtemps qu’il y avait des
miracles, des foules qui l’acclamaient et de l’émotion, ils étaient tout
disposés à suivre Jésus. Peut être n’avaient-ils jamais compris le discours de
Jésus parce qu’au fond d’eux mêmes, ils ne voulaient pas ce genre de messie.
Alors, là, ils jettent l’éponge. C’est
pourquoi, ils retournent chez eux, à leur ancien style de vie, l’espoir brisé
et le cœur accablé. Noyés dans leur douleur, ils échangeaient des paroles sans
foi, sans le " sens
" de Dieu. Une
longueur d’avance… Dès le
début de ce récit, nous lecteurs, avons une longueur d’avance sur ces deux
hommes ! Luc prend soin de nous dire que le Ressuscité, Jésus en personne
fait route avec les deux hommes et que leurs yeux sont empêchés de le
reconnaître, les deux disciples voient sans le reconnaître. Ils sont
tellement préoccupés par leurs soucis et leurs blessures qu’ils ne
reconnaissent pas celui qui marche à côté d’eux. Vous le savez, s’apitoyer sur
nous-mêmes ne nous aide pas à voir Dieu, mais ne fait que nous immerger
davantage dans notre propre impuissance. Les
questions inattendues de cet invité inattendu viennent transformer cette
situation déplorable et démolir les conclusions erronées des deux voyageurs.
Ils sont invités à regarder plus loin … Voyageur
dit un poète latino américain, voyageur, le chemin se fait quand on
marche ! Le
saviez-vous ? Saviez-vous que croire c’est aussi un chemin qui se fait en
marchant ? C’est en tout cas la découverte que vont faire ces deux hommes.
Et si nous lecteur, nous emboîtions le pas derrière les disciples d’Emmaüs pour
un cheminement du cœur qui passe de l’espérance déçue à la foi renouvelée,
lorsque la présence de Jésus est reconnue ? Une
question s’impose à nous : Puisque nous savons de manière privilégiée que
c’est Jésus qui marche avec eux, nous en connaissons la vie, alors pourquoi
l’évangéliste Luc fait-il répéter à ces deux hommes un discours dont nous
n’apprendrons rien de plus ? En
réalité nous sommes ignorants des sentiments et des attentes des disciples et
c’est précisément ce que Luc va leur donner l’occasion d’exprimer. Jésus,
questionne pour guérir les cœurs Peut-être
parce qu’il est médecin, Luc porte une très grande attention aux gens que
rencontre Jésus, et comment cela se passe, les situations concrètes dans
lesquelles ils évoluent, les circonstances qui leur apportent bonheur ou, au
contraire, chagrin, ainsi que les qualités et faiblesses qui les caractérisent.
Jésus
leur dit : « De quoi causiez-vous donc, tout en marchant ? » Alors, ils
s’arrêtèrent, tout tristes. L’un des deux, nommé Cléopas, répondit : « Tu es
bien le seul de tous ceux qui étaient à Jérusalem à ignorer les événements de
ces jours-ci. » Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce
qui est arrivé à Jésus de Nazareth : cet homme était un prophète puissant par
ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple. Les chefs des
prêtres et nos dirigeants l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils
l’ont crucifié. » La
tension est dramatique mais la douceur de la rencontre et du dialogue avec
Jésus va les faire lentement remonter du désespoir le plus sombre jusqu’à la
joie sans réserve ! Ils vont pouvoir regarder la réalité d’une manière
nouvelle. « Quoi ?... »
Cette question précise va libérer le trop plein de leur cœur : il fallait
les faire parler pour savoir ce qu’ils attendaient – ou n’attendaient
plus ! Il fallait qu’ils cessent de ressasser de manière improductive la
même histoire, les mêmes événements qui leurs sont tombés dessus et qu’un
chemin de résurrection s’ouvre devant eux. Un
espoir déçu ! Le
passage répété de l’espérance
à la déception des disciples nous révèle
leurs sentiments : « …
nous qui espérions qu’il serait le libérateur d’Israël ! / … mais il est mort
depuis trois jours. » « …
des femmes nous ont bouleversées … disant qu’il est vivant / Quelques-uns de
nos compagnons sont allés au tombeau mais ils ne l’ont pas vu. » Tout se
termine par un constat d’échec ! La mort de Jésus a fait taire en eux
toute espérance messianique. Ainsi, la question de Jésus a atteint son
but : les deux compagnons expriment leur désir immense, immense mais
déçu ! Alors
va-t-il se révéler ? C’est le moment ! Pourquoi les faire
attendre ? Pourquoi ne pas leur dire tout de suite : c’est moi ouvrez
les yeux, c’est moi qui vous parle ? Non,
il leur dit plutôt : « O
hommes sans intelligence et lents de cœur pour croire à tout ce qu'ont dit les
prophètes ! Ne
fallait-il pas que le Christ souffrit cela pour entrer dans sa gloire ? Et commençant
par Moïse et continuant par tous les prophètes, il leur expliqua, dans toutes
les Ecritures, ce qui le concernait. » Pourquoi
ce long discours ? Pourquoi ce long " détour " par les Ecritures ? A quoi
servirait-il de le rencontrer, de le reconnaître maintenant si l’intelligence
des Ecritures ne leur est pas donnée ? Si leurs yeux ne sont pas
véritablement ouverts ? La
frontière est ici, celle qui existe entre la réalité, la froide constatation
des faits et une interprétation du cœur, un regard du dedans. Alors,
comment vaincre ces barrières de notre regard limité ? Le
voyage à travers les Ecritures est nécessaire, voyage long, pour que s’ouvrent
le cœur, l’intelligence, et finalement les yeux des disciples. Jésus
devient ici le "passeur" des Ecritures, le passeur par
excellence. Il commence la route par Moïse et par les prophètes il leur
explique les racines, le fondement et relit pour eux l’ensemble dans le
contexte du deuil qu’ils vivent, du grain qui meurt pour laisser place à la vie
nouvelle. C’est
une véritable catéchèse pour un temps de ruptures ! Une
catéchèse du cheminement, enracinée dans l'aventure spirituelle des hommes et
des femmes de la communauté croyante. Cette catéchèse les appelle, nous appelle à une nouvelle
aventure spirituelle. Alors,
certains exprimeront peut-être un regret : Souvenez-vous,
nous avions une
longueur d’avance, nous savions que le voyageur inattendu
n’était autre que
Jésus lui-même … et voilà que nous sommes
maintenant privés de cette magistrale
leçon d’exégèse qui a brûlé le
cœur des deux pèlerins durant les deux heures
environ de marche entre Jérusalem et le village
d’Emmaüs. Jésus éclaire
doucement leur conscience et les conduit habilement à la
vérité. Vraiment
frustrés ? Rassurons-nous, d’autres passeurs prendront bientôt le relais,
place leur est largement faite dans le livre des Actes. Écouter
Jésus prépare ses deux disciples à le reconnaître quand il prend le pain « Or,
quand il se fut mis à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, puis
le rompit et le leur donna. Alors
leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent ; et il disparut de leur vue. Et ils
se dirent l'un à l'autre: " Est-ce que notre cœur n'était pas brûlant en
nous, lorsqu'il nous parlait sur le chemin, tandis qu'il nous dévoilait les
Ecritures? » Les
mêmes gestes qu’à la dernière Cène : ils reconnaissent le Seigneur dans la
"fraction du pain". Alors, toutes leurs dispositions changent, même
leur manière d’évaluer les événements et les changements de situation. Ils
s’étaient arrêtés pour la nuit, mais après avoir rencontré le Seigneur, ils se
lancent au milieu de la nuit retrouver les autres pour partager leur expérience
avec eux. *** Ce texte
de l’évangile nous jette à notre tour sur le même chemin que Cléopas et son
compagnon, chemin à la suite du Ressuscité. Jésus
passeur des Ecritures comme nous-mêmes sommes appelés à le devenir d’une
génération à l’autre…Et si notre temps avait
plus besoin de témoins et de passeurs que de maîtres ? Et si notre
temps avait vraiment besoin de passeurs cohérents avec leurs gestes qui
permettent à notre monde de rencontrer le Ressuscité ! Nicole Vernet
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Exposition
« ARCABAS » du 10 mai au 1er juillet 2007 à LILLE Eglise Saint
Maurice, rue de Paris |
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Sur le chemin d’Emmaüs |
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www.eglise-protestante-unie.fr Luc
24,13-35 : Sur le chemin d’Emmaüs 13Or, ce même jour, deux d’entre eux se rendaient à
un village du nom d’Emmaüs, à soixante stades de Jérusalem, 14et
ils s’entretenaient de tout ce qui s’était passé. 15Pendant
qu’ils s’entretenaient et débattaient, Jésus lui-même s’approcha et fit route
avec eux. 16Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. 17Il
leur dit : Quels sont ces propos que vous échangez en marchant ? Ils
s’arrêtèrent, l’air sombre. 18L’un d’eux, nommé Cléopas, lui
répondit : Es-tu le seul qui, tout en séjournant à Jérusalem, ne sache pas ce
qui s’y est produit ces jours-ci ? 19— Quoi ? Leur dit-il.
Ils lui répondirent : Ce qui concerne Jésus le Nazaréen, qui était un
prophète puissant en œuvre et en parole devant Dieu et devant tout le peuple,
20comment nos grands prêtres et nos chefs l’ont livré pour qu’il
soit condamné à mort et l’ont crucifié. 21Nous espérions que ce
serait lui qui apporterait la rédemption à Israël, mais avec tout cela, c’est
aujourd’hui le troisième jour depuis que ces événements se sont produits. 22Il
est vrai que quelques femmes d’entre nous nous ont stupéfiés ; elles se
sont rendues de bon matin au tombeau et, 23n’ayant pas trouvé son
corps, elles sont venues dire qu’elles avaient eu une vision d’anges qui le
disaient vivant. 24Quelques-uns de ceux qui étaient avec nous sont
allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses tout comme les femmes
l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. 25Alors il
leur dit : Que vous êtes stupides ! Comme votre cœur est lent à
croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! 26Le Christ ne
devait-il pas souffrir de la sorte pour entrer dans sa gloire ? 27Et,
commençant par Moïse et par tous les Prophètes, il leur fit l’interprétation de
ce qui, dans toutes les Écritures, le concernait. 28Lorsqu’ils
approchèrent du village où ils allaient, il parut vouloir aller plus loin. 29Mais
ils le pressèrent, en disant : Reste avec nous, car le soir approche, le
jour est déjà sur son déclin. Il entra, pour demeurer avec eux. 30Une
fois installé à table avec eux, il prit le pain et prononça la
bénédiction ; puis il le rompit et le leur donna. 31Alors
leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent ; mais il disparut de
devant eux. 32Et ils se dirent l’un à l’autre : Notre cœur ne
brûlait-il pas en nous, lorsqu’il nous parlait en chemin et nous ouvrait le
sens des Écritures ? 33Ils se levèrent à ce moment même,
retournèrent à Jérusalem et trouvèrent assemblés les Onze et ceux qui étaient
avec eux, 34qui leur dirent : Le Seigneur s’est réellement
réveillé, et il est apparu à Simon ! 35Ils racontèrent ce qui
leur était arrivé en chemin, et comment il s’était fait reconnaître d’eux en
rompant le pain. * * * * * Nous voici, apparemment, en présence de deux disciples
anonymes. Oui je sais vous me direz que le texte précise que l’un d’eux se
nommait Cléopas mais mis à part le fait que son nom nous soit donné nous ne
savons rien de lui, quant à l’autre disciple nous ne connaissons même pas son
nom. Ils ont assisté à Jérusalem à la crucifixion et à la mise au tombeau de
Jésus de Nazareth en qui ils avaient placé beaucoup d’espoirs. Mais voilà ils s’en vont tout est fini ! Le récit
souligne qu’ils s’éloignent peu à peu de Jérusalem. Au fur et à mesure qu’ils
s’éloignent leurs espoirs disparaissent. Un peu comme la vie nous éloigne
jour après jour des événements qui nous ont marqués : deuil, maladie ou
moment de joie ou de bonheur à jamais envolés ! Voilà donc deux disciples. On imagine facilement deux
hommes puisque, selon le même évangile de Luc, Jésus avait envoyé ses
disciples deux à deux pour aller de lieu en lieu et annoncer l’Évangile. Ces
disciples sont-ils de ceux qui formaient les soixante dix ? Nous n’en
savons rien, mais pourquoi ne pas imaginer qu’il s’agit d’un homme et d’une
femme ? Ce ne serait en rien trahir l’Évangile puisque, souvenons-nous
au tombeau, celle qui annonça aux autres disciples la résurrection était une
femme : Marie la magdalénienne. Au fur et à mesure qu’ils s’éloignent leurs espoirs disparaissent.
Ils ne sont peut-être pas silencieux. Ils se souviennent et ils ont encore
beaucoup de choses à se dire. La parole leur permet d’évacuer la peine et de
raisonner par rapport à ce qu’on leur a raconté. Il leur a été dit que Jésus
était apparu vivant, mais comment donc est-ce possible ? Depuis que cette histoire s’est produite beaucoup de
siècles se sont écoulés et nous lecteurs tardifs de ce premier quart du 21ème
siècle nous avons appris par les lectures des évangiles que Jésus est
ressuscité, qu’il est apparu à Marie de Magdala, à Pierre, à Jean, aux dix
disciples puis à Thomas. Mais tout cela se cantonnait aux disciples proches… Ici
nos deux pèlerins sont un peu plus anonymes, mais ils sont disciples eux
aussi. Ils savent que Jésus est apparu aux femmes, mais ils ont du mal à y
croire. * * * * * L’irruption d’un
inconnu Et voilà qu’un inconnu, Jésus méconnaissable sur le
moment, leur apparaît ; j’aime beaucoup ce moment du récit et le
cheminement de ces disciples parce que je crois qu’ils nous ressemblent dans
leur cheminement, dans la vie quotidienne, sur les chemins du monde et de la
vie. Dieu les rejoint comme il désire nous rejoindre ! Ces deux disciples étaient convaincus que leur espérance
s’était envolée dissoute comme toutes les utopies humaines. Ils ne savaient
d’ailleurs toujours pas qui était véritablement ce Jésus qu’ils avaient
suivi. Dans l’entretien qu’ils vont avoir avec celui qui les rejoint ils
parlent de Jésus comme d’un prophète puissant en œuvres (relisez le verset
19). Mais ils avaient discerné encore plus ces derniers jours qu’il était par
lui-même et en lui-même un événement sans égal ! Dieu par Jésus-Christ les rejoint. Il marche avec eux,
j’aime beaucoup cette image du Dieu qui fait route avec nous qui se dissimule
et qui est pourtant là, caché et visible à la fois. Je suis convaincu que
c’est souvent ce qu’il fait avec nous, il nous rejoint ainsi. Il marche près de nous quand tout semble s’écrouler quand
nos espoirs s’envolent ; Mais peut-être ne savons-nous pas le voir,
l’entendre, l’aimer, le croire ? Pourtant, les témoignages sont
multiples. Beaucoup de personnes peuvent dire que dans le secret de leur vie
Dieu les a rejoints, qu’il les écoute, qu’il les a aidés à traverser les
chemins difficiles ! Ces disciples sont au nombre de deux, ce qui veut dire que
lorsque vient l’épreuve, ils peuvent échanger, communiquer, parler l’un à
l’autre. Mais il y a une autre chose qu’ils ne peuvent pas faire, c’est faire
disparaître le poids de leur douleur… Celui qui chemine avec eux, a lui, cette capacité !
Il ne va pas comme par enchantement la faire disparaître et l’effacer de leur
mémoire par un lavage de cerveau ou en utilisant une baguette magique, mais
il va les aider à prendre en compte leur misère et les éclairer et aussi leur
redire qu’il y a une solution, une issue. Peu à peu il les amènera à une
interprétation de l’histoire, des faits qu’ils ont vécus qui était
insoupçonnable pour les humains. Ici Dieu a voulu, a permis, que son envoyé
meure et qu’il revienne à la vie, qu’il soit remis debout, qu’il ressuscite
et qu’il les éveille, eux aussi à la nouvelle réalité. Ainsi, il leur fait
comprendre qu’aucun homme, aucune femme, n’est abandonné à la mort. Jésus, le Christ a la possibilité de transformer les
ténèbres en lumière… Ces hommes finiront par le reconnaître. Mais en ce qui
nous concerne savons-nous et voulons-nous le reconnaître ? Il vient, il
passe au travers de nos vies. Eux, ils ne rentreront pas chez eux sans qu’une
radicale transformation se soit accomplie. Ils deviendront alors eux-mêmes
des témoins de la richesse de cet amour. En quelques minutes ces croyants vont réaliser que Dieu
les accompagne, que son plan de salut pour tous les hommes est déjà accompli et
qu’il va se poursuivre jusqu'à l’irruption du monde nouveau de Dieu pour tous
les humains. Si Luc a écrit ce récit, c’est aussi pour que nous
comprenions qu’il n’est pas réservé à quelques humains seulement de voir
Jésus ressuscité. Cette possibilité a été offerte à tous pour souligner que
le salut est pour tous, que la volonté de Dieu consiste à faire entrer tous
les hommes dans son alliance. Nous sommes en face d’une belle narration dans le récit de
Luc, mais l’auteur ne cherche pas à nous raconter une belle histoire sainte,
il nous met en, face d’un récit authentique ou Dieu encore une fois vient au
secours de notre faiblesse. Il est évident que ces disciples sont devenus
d’authentiques témoins de la vie de Dieu et de son œuvre dans leur vie quotidienne
et c’est bien ce que Dieu veut faire en nous et attend de nous ! Il vient
au secours de nos détresses, mais il attend de nous une vie conforme à ce
qu’il nous a révélé. * * * * * Le cheminement
du disciple Le
disciple est avant tout celui ou celle qui accepte que Dieu accomplisse en
lui quelque chose de nouveau. Il nous appelle à naître de nouveau, à renaître,
à nous éveiller et à lui confier nos vies dans le secret. En
écrivant ces quelques mots il me revient en mémoire ce petit verset du livre
de l’apocalypse au chapitre 3 verset 20 : « Voici, je me tiens à
la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte,
j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi ». Ces
mots étaient destinés à l’Église de Laodicée dans les lettres au sept Églises
qui figurent dans les trois premiers chapitres de la révélation de Jean.
Cette Église nous est présentée comme tiède, se croyant riche mais aveugle
sur elle-même. Pourtant,
le Christ de la part de Dieu frappe à sa porte, certains y verront un appel à
la célébration de la cène, un récit eucharistique. Cette interprétation me
semble trop réductrice, je pense qu’il s’agit là d’un appel à laisser le
Seigneur entrer toujours plus dans nos vies. Mais
convenez que l’image est belle, il se présente, il s’invite et nous demande
de l’accueillir de vivre un moment de partage en sa présence dans notre vie
quotidienne pour qu’il ouvre nos yeux sur les Écritures et sur la manière
dont elles rejoignent notre vie et peuvent nous transformer et nous aider à
voir la réalité de Dieu au-delà de nos existences quotidiennes. Bref,
c’est un appel à compter sur sa grâce et à l’accueillir dans le secret nos
vies. L’essentiel de chacun de nous est invisible, mais Dieu peut y avoir
accès. Les
disciples d’Emmaüs auraient pu rater le rendez-vous. Ils auraient pu le
laisser partir plus loin. Ils auraient pu considérer que ce que racontait ce
pèlerin dont on ne savait d’où il venait ni où il allait était en train de
les embrouiller davantage. Et qu’il était en train de leur raconter des
balivernes. Mais quelque chose les animait et leur disait qu’il y avait là
une brèche dans nos évidences trop terrestres. Au
contraire bien que cela semblait défier l’intelligence, ils l’ont cru, ils
ont écouté. Ils l’ont retenu .Ils l’ont invité. Il y a dans cette attitude
beaucoup de gestes et de symboles dont nous ferions bien de nous inspirer
dans notre vie chrétienne. Ce
récit d’apparition voilée nous amène à considérer que selon Luc, que le
Christ soit matériellement visible ou pas, qu’il soit donc invisible à nos
yeux, ne change rien car il sera toujours présent auprès de nous. Le Christ
pour moi ici cela signifie la présence de Dieu qui prend un visage humain et
nos chemins d’humanité et qui ne désespère pas de nous aider à changer nos cœurs
et nos manières de voir et de vivre. Ainsi,
après avoir rompu le pain avec eux, après qu’ils l’aient reconnu, il
disparaît. Il n’est pas sorti par la porte, il n’a pas continué son chemin,
il a disparu à leurs yeux ! Alors
les disciples comprennent et c’est ce que nous devons aussi accepter, c’est
qu’il sera toujours présent parmi les siens, près de ceux qui l’invoquent
avec vérité non pour satisfaire à un rite qui ne serait que parodie. Dans
nos assemblées, dans nos familles, dans nos petits groupes, si nous invoquons
sa présence, il est là et j’ajouterai au plus profond de notre être dans ce
que nous avons de plus secret. Dans nos peurs, nos espoirs déçus, nos joies,
nos calculs insensés, rien ne lui échappe, mais il nous accepte ; il
entre en dialogue bienveillant avec nous. Au-delà, j’aimerais aussi dire que
nous touchons à la vérité de la présence réelle du Christ, une présence
qu’aucun rite liturgique ne saurait résumer ni contenir. Au
travers de cette présence, c’est Dieu lui-même qui est présent. Les
disciples ont finalement dépassé leurs doutes, ils ont fait demi-tour. Ils
sont revenus à Jérusalem qu’ils avaient quitté récemment peut-être pour
éviter qu’on les traque et les arrête comme disciple du crucifié. * * * * * Notre cœur brûle-t-il en entendant ses paroles ? Les disciples s’en vont et ils
disent : « Notre cœur ne brûlait-il pas en nous, lorsqu’il nous
parlait en chemin et nous ouvrait le sens des Écritures ? »
(Verset 32). Et inévitablement nous pourrions nous demander si les paroles du
Seigneur provoquent le même effet dans nos vies ? Mais je crois qu’ici chacun
doit s’interroger sur lui-même. En lisant et en relisant ce
récit et en essayant d’en dégager quelques aspects qui me paraissaient
aujourd’hui plus seyants, j’avoue que je me suis posé quelques questions.
Très librement je voudrais les mentionner, car je crois qu’elles sont parmi
celles que nous pouvons tous nous poser : D’abord comment recevons-nous
les paroles de Jésus ? Pas seulement celles qui apparaissent dans le
texte de ce jour, mais dans la trame des évangiles. Nous sont-elles devenues
si familières qu’à force de les entendre, nous ne nous sommes plus laissé
interroger par ce qu’elles disent ? Au fond, c’est comme si nous disions,
les autres feraient bien d’écouter l’Évangile, en nous dispensant de nous
laisser remettre sur le chemin par lui. Osons-nous croire que ces
paroles et ce que J’ai toujours pensé qu’il y a
dans la révélation biblique un mélange de clarté et d’obscurité ; un jeu
de dévoilement et de mystère, car Dieu nous échappe en partie dans ce qu’il
fait et dans ce qu’il est. C’est pourquoi j’aime assez l’expression selon
laquelle Dieu se révèle dans le « clair-obscur des Écritures et de la
vie du Christ ». Mais le récit pourrait encore nous poser de nombreuses
autres questions telles que : Sommes-nous capables de croire, d’écouter
ce que Dieu veut nous dire jour après jour ? Et pour terminer quand Dieu
se fait proche de nous, voulons-nous le laisser passer, le laisser partir ou
le retenir ? Car nos disciples, eux, l’ont retenu et invité à rester
avec eux ! Enfin, je ne peux m’empêcher de
relier le texte de ce jour à l’un de nos cantiques que d’ailleurs je vous
inviterai à lire ou chanter à la fin de notre office et dont voici quelques paroles : Reste avec nous, Seigneur, le jour décline, * * * * * Petite note complémentaire : Ce cantique s’inspire de l’angoisse des disciples sur le
chemin d’Emmaüs, sa version originale anglaise à pour titre : ‘’Abide
with me ! fast falls the eventide’’ C’est le dernier cantique que rédigea le pasteur H.F Lyte qui
était atteint de tuberculose qui allait l’emporter quelques temps après. Il
fut donc rédigé en un temps où la tuberculose était une maladie sans
diagnostic de guérison. Il est encore souvent chanté en fin de veillée des
éclaireurs… Frédéric Verspeeten
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Sur le chemin d’Emmaüs |
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