Evangile de Marc chapitre 1, versets 29 à 39






















 

Marc 1, versets 29 à 39: méditation  sur  un petit miracle  de Jésus

 

 

Le miracle ne consiste pas à chasser la fièvre …
mais à transformer nos vies !

c’est cela avant tout la résurrection !


(Lecture du chapitre 1 de l’évangile selon Marc, versets 29 à 39 [version NBS])

Dans l’évangile selon Marc, Jésus, après avoir appelé ses disciples, nous entraîne aussitôt à sa suite dans l’urgente mission de l’annonce de la Bonne Nouvelle. Nous sommes invités à le suivre, ici et là… Partout, il laisse la trace de ce qu’il fait et déjà, il est en route vers un autre lieu… Le voilà avec ses disciples dans la maison de Simon dont la belle-mère est malade atteinte de fièvre ! Jésus la guérit.

Il n’y a rien de spectaculaire dans cette guérison. Ce si petit miracle a-t-il une raison d’être dans la mission de Jésus qui vient manifester l’œuvre de Dieu ? De ce Dieu qui ne sommeille ni ne dort…

Certains diront que ce n’est là qu’un détail, d’autres y verront la compassion et la providence qui prend soin de nous-même dans les petites choses. Pourtant, il faut bien avouer cette idée du dieu providentiel qui s’occuperait de nous dans les moindres détails est souvent battue en brèche par la réalité de nos vies et ce que nous voyons dans notre monde tous les jours ! Alors pourquoi Jésus guérit-il la belle-mère de Pierre ?

L’étude un peu plus attentive du récit nous conduit à remarquer que le vocabulaire employé pour évoquer la guérison est celui que l’on emploie pour décrire la résurrection. La belle-mère de Pierre était allongée, couchée, comme morte et lui la remet debout, la relève. Le récit ne dit pas qu’il la guérit mais qu’il la remet debout.

Dans les évangiles faire lever quelqu’un évoque la résurrection. Pour Marc nous sommes ici en face du signe de la vérité de l’œuvre et de la parole du Christ qui vient accomplir l’œuvre de Salut de Dieu. Quant Jésus intervient dans la vie de ceux et celles qu’il croise il les fait passer de la situation de mort à la vie nouvelle.

Dans nos existences quotidiennes l’ombre de la mort se profile souvent derrière chaque maladie. La guérison ne fait que retarder cette étape inéluctable. Pourtant Jésus lui prend la main et la remet debout ! Telle est l’image de ce que Dieu veut faire pour chacun de nous. Jésus, envoyé de Dieu, vient établir avec chacun le contact de la présence attentive de Dieu ! Ce sera la dominante, le cœur même de son ministère.

Derrière ce "petit miracle", Jésus chassant la fièvre, se cache un miracle plus grand encore et qui échappe souvent à notre regard : Dieu vient nous pardonner et nous ouvrir à une vie nouvelle… à la vie éternelle !

La résurrection ici dessinée n’est pas réduite à une survie à notre condition terrestre. La résurrection c'est la réalité de la présence de Dieu à nos côtés tous les jours, révélée par l’œuvre de Jésus.

Dans les ténèbres de nos vies, dans les ténèbres de notre monde, Dieu vient travailler au renouveau et à la véritable libération de chacun. Nous nous sentons souvent menacés, nous avons l’impression que nos vies sont sans espoir et pire encore sans espérance. Nous ne voyons pas l’avenir, nous ne savons pas où nous sommes entraînés et dans cette confusion nous sommes aussi désespérés de constater que nos frères et sœurs humains subissent la destruction, le mépris, la vengeance, la haine, la cupidité et la liste peut encore s'allonger !

Jésus dans notre récit est présenté comme celui qui vient dans cette nuit de nos angoisses, de nos peurs pour manifester l’œuvre de Dieu et combattre avec nous le mal et la maladie. La résurrection c’est d’abord et avant tout cette relation nouvelle que Dieu dans son amour incompréhensible et infini vient établir avec chacun d’entre nous. Nos vies sont certes encore marquées par la finitude, l’erreur, le péché, la souffrance, le mal mais elles n’y sont plus vouées, ni abandonnées. Elles sont traversées par la présence de Dieu en Jésus Christ qui nous accompagne, nous guide, nous écoute, prie et marche avec nous !

Nous faisons tous l’expérience des forces hostiles dans nos vies, dans le contexte du nouveau testament elles sont exprimées par la maladie et la présence des démons.

Notre récit laisse entendre que Jésus guérissait beaucoup de malades et chassait des démons. Pourtant il n’est pas un guérisseur ou réductible à un thaumaturge, il est porteur de la parole de vie. Il incarne ce qu’il annonce et ce qu’il vit, il est comme l’être nouveau que nous sommes nous-mêmes appelés à devenir. Il ne nous livre pas un traité de philosophie mais la réalité de l’œuvre de Dieu qui vient nous saisir et toucher nos existences. Il vient vers nous avec l’autorité que Dieu a placée en lui. Il ne nous appelle pas à une soumission à des règles religieuses. Il nous montre que Dieu est celui qui nous rend libres. Il fait tomber peu à peu ce qui nous emprisonne. Il vient nous aider à sortir de nos entêtements, de nos prisons, de nos obscurités.

Ainsi une relation nouvelle avec Dieu peut s’instaurer dans nos vies et elle est porteuse de guérison ; pas nécessairement physique mais spirituelle. Sa présence nous aide à discerner les chemins nouveaux qu’il ouvre devant nous.

Jésus est celui qui vient nous redire que Dieu combat les forces du mal et surtout celles qui sont tapies en nous. Cela commence donc dans notre intimité, dans la profondeur de notre être.

Il désire nous faire prendre conscience de nos égarements et de ce qui est déformé. Ce chemin nouveau est l’œuvre de la résurrection qui a commencé en nous. La puissance libératrice de Dieu s’installe en celui qui le laisse agir. Les textes des Écritures ne sont plus pour nous une belle histoire sainte du peuple d’Israël mais parole de Dieu en devenir qui s’inscrit dans nos intelligences et dans nos vies. Dieu ne sera jamais démontrable avec un télescope même le plus puissant. Il faut le chercher là où il est, c’est à dire caché au cœur de notre existence. Il est avec nous dans notre réalité consciente ou inconsciente.

Avec bienveillance mais avec l’autorité de sa puissance libératrice il vient nous éveiller à sa présence. Il nous prend la main comme il le fait pour la belle-mère de Pierre lorsqu’il la remet debout. Bien des choses peuvent nous amener à douter de Dieu, de sa présence, de l’intérêt qu’il nous porte. Nous traversons parfois des situations si complexes, si terribles, tout nous paraît si lourd. Face au destin que nous ne maitrisons pas, il nous redit que nous ne sommes pas seuls, qu’il veille avec nous. Que Dieu malgré les apparences nous est favorable et n’éprouve aucune joie ou satisfaction à nous voir souffrir. Il nous invite à veiller avec lui, à prier, à développer notre communion intime avec lui ; c’est là que commence la résurrection ! Alors que nous nous croyons prisonnier et incapables d’avancer, il nous libère, nous invite à marcher et nous rend capables de le faire à notre grand étonnement !

Pourquoi Dieu le fait-il ? Parce qu’il nous aime, il nous emmène ailleurs, nous montre notre véritable place et le meilleur chemin. Bien sûr nous préférerions qu’il fasse immédiatement cesser ce qui ne va pas dans nos vies, dans celle de nos proches et dans notre monde. Nous voudrions qu’il supprime la douleur. Mais cela changerait-il nos cœurs et nos pensées en profondeur ?

Si parfois nous pouvons dire qu’en certaines situations nous avons pu voir l’œuvre transformatrice de Dieu, dans d’autres cas cela paraît plus difficile à discerner ! Malgré nos prières, nos angoisses, le mal subsiste et semble nous emporter. Mais Dieu est engagé dans ce combat. Il ne se contente pas de calmer quelques douleurs mais il désire tout recréer en nous et dans notre monde. Il met en nous la force du dépassement. Il place sur nos routes des signes de sa puissance et de sa présence.

Le miracle ne consiste pas à chasser la fièvre mais à transformer nos vies ! C’est cela avant tout la résurrection !

 

 

 

Amen

Frédéric Verspeeten
Prédication du culte radiodiffusé sur France 2, Présence protestante, le 8 février 2015

 

 

 


Marc 1, versets 29 à 39: méditation  sur  un petit miracle  de Jésus