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Multiplications
des pains |
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www.eglise-protestante-unie.fr Matthieu 14, 13-21 : 5000 hommes sont
nourris 13A cette nouvelle,
Jésus prit un bateau pour se retirer à l'écart, dans un lieu désert ;
les foules l'apprirent, quittèrent les villes et le suivirent à pied. 14Quand il descendit du bateau, il vit une grande foule, et il en
fut ému ; il guérit leurs malades. * *
* * * Plusieurs
récits de multiplications des pains dans les évangiles Le récit qui se trouve dans Matthieu
est considéré comme la première multiplication des pains et il a deux
parallèles dans Marc et dans Luc. La seconde multiplication des pains n’est
mentionnée que dans Matthieu et Marc ; Jean en mentionne une au chapitre
6. Ceci pour souligner que ce thème du pain providentiel multiplié et distribué
à tous est important aux yeux des rédacteurs des évangiles. Pour les
contemporains de Jésus, la nourriture d’une famille juive était
essentiellement végétarienne et l’aliment de base en était le pain, fabriqué
avec de l’orge pour les plus pauvres, mais aussi du blé ou du sarrasin pour
ceux qui avaient plus de ressources. Le peuple d’Israël se
souvenaient que Dieu avait nourri son peuple au désert en lui donnant la
manne ; il se souvenait aussi que, dans le jardin d’Éden Dieu avait
pourvu à la nourriture de l’homme et de la femme et que même, si selon la
tradition, l’homme avait été chassé du jardin et que la terre ne lui donnait
plus, toutes ses productions et ses fruits sans qu’il y ait un effort à
fournir, elle n’en demeurait pas moins une terre nourricière. Dieu dans sa
bonté voulait que l’homme trouve sa nourriture et le don de la nourriture était
considéré comme une bénédiction de Dieu lui-même. Les livres de sagesse,
notamment l’Ecclésiaste (chap. 2.24) et le Siracide (Sir 3 1, 12 et 37, 27 à
31) soulignent eux aussi que la nourriture est une large part du bonheur
humain. Mais les textes bibliques sont
aussi des textes qui nous mettent en garde contre la gloutonnerie et
l’ivresse qui contrairement à ce qu’on pourrait penser ne sont pas présentées
comme des richesses ou des bienfaits mais comme une misère. Et souvent les
textes bibliques lient plus ou moins directement le thème de la nourriture
terrestre et de la nourriture spirituelle. Jésus est aussi celui qui
dit :’’ L’homme ne vivra pas de pain seulement mais de toute parole qui
sortira de la bouche de Dieu ‘’. Les récits de multiplication
des pains peuvent être interprétés de manière différente. La tradition
classique de l’Église y a vu une œuvre miraculeuse de Dieu en Jésus agissant
sur la nature, prouvant ainsi qu’il est le maître de toutes choses et fait ce
qu’il veut puisque tout lui appartient… Après le siècle des lumières,
des lectures bibliques nouvelles sont entrées dans le champ de réflexion des
théologiens et biblistes et cela a conduit à voir plutôt dans ces récits des
récits légendaires ou symboliques. Ernest Renan qui a commenté les textes
bibliques y voyait une belle expérience de partage entre des hommes qui tout à
coup se sont assis ayant entendu les paroles de Jésus et se sont mis à
partager les petites provisions qu’ils avaient emportées avec eux pour la
route et leur travail. Il imaginait un grand banquet fraternel qui n’a rien à
voir avec un pique-nique arrosé ! * *
* * * Le texte et ses
interprétations La première interprétation visait
à garder à ces récits leur caractère littéral. Elle a fait l’objet de
nombreuses critiques. Certains disaient que, si ce récit (même s’il a eu lieu
matériellement) n’avait pas de raison de se reproduire car il était seulement
là pour nous rappeler que l’homme ne vivra pas de pain seulement mais de
toutes paroles qui sortent de la bouche de Dieu. Comment supporter l’image de
ceux qui ne mangent pas à leur faim. Si Jésus, et donc Dieu, a agi ainsi
pourquoi ne le fait–il pas encore de nos jours dans les lieux de pauvreté
auprès des plus démunis ? Car nous sommes les gardiens de nos frères et
il nous appartient de veiller à ce qu’ils aient une nourriture matérielle
suffisante. Ce texte est important pour
nous, particulièrement aujourd’hui, car il n’est pas inutile de rappeler que
Jésus se préoccupait aussi des nourritures matérielles de ceux qui le
suivaient. Même si Jésus déclare ailleurs « L’homme ne vivra pas de pain
seulement », l’homme vivra néanmoins aussi de pain, c’est ce que Jésus
veut nous faire comprendre dans cette fraction du pain. Car comment peut-on
imaginer parler du salut, de la vie éternelle, à des hommes et des femmes
dont la seule préoccupation c’est que leurs enfants ne meurent pas de
faim ? de se vêtir, de se loger ou d’accéder aux soins ? Face à ceux qui étaient là près
du lac de Tibériade, Jésus a dit à ses disciples qui voulaient les
renvoyer : ‘’Donnez-leur vous-même à manger’’. Dans Ésaïe 55 on peut
constater le même glissement qui s’opère entre rassasiement matériel et
spirituel. Ésaïe déclare (versets 1 à 3) : « Vous tous qui avez soif,
venez prenez cette eau, même celui qui n'a pas d'argent ! Pourquoi payer
pour ce qui ne nourrit pas ? Pourquoi travailler pour ce qui ne rassasie
pas ? Écoutez-moi donc, votre âme se délectera de mets succulents,
Écoutez, et votre âme vivra : Je traiterai avec vous une alliance
éternelle ». Ésaïe
aborde à la fois le thème de l’eau, symbole de la vie sur terre, mais aussi
l’eau symbole de l’action de Jésus pour les âmes assoiffées : « Si
quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive. Celui qui croit en moi,
des fleuves d'eau vive couleront de son sein ». Alors, on peut se poser la
question : est-ce que Jésus ne nous interpelle pas aujourd’hui pour nous
demander ce que nous faisons pour le partage de ces nourritures terrestres,
qui sont elles aussi un don de Dieu, qui devrait être partagé équitablement
entre tous comme ce pain et ces poissons sur les rives du lac de Tibériade. * *
* * * Ce récit révèle ce qui se passe entre les gens En
regardant le récit de plus près, il devient évident que ce récit plein de
sens ne raconte pas tellement un miracle mais plutôt ce qui se passe entre
les gens. Alors que les disciples disent à Jésus renvoie les pour qu’ils
aillent s’acheter quelque chose à manger, il dit donnez leur vous même à
manger ! Jésus répond pour nous dire : tout ne s’achète pas ! L’amour,
l’amitié, la souffrance sont hors de prix et nous ne pouvons continuer à
vivre les uns avec les autres que parce qu’il existe entre nous des gestes
sans prix dans lesquels on peut encore lire la dignité sans prix de chacun. Mais par-dessus
tout cela, ce récit évoque la présence d’une foule. Il y a, en elle une faim
et une soif spirituelle. Cette faim et cette soif animent et déplacent ces
gens. Cette faim et cette soif spirituelle les rend même capables de quitter
leurs villes, de parcourir des kilomètres à pied, jusqu’à arriver dans un
lieu désert, sans avoir rien prévu pour manger, parce que leur préoccupation
est ailleurs. Ces gens ont tenu compte d’abord de leurs besoins spirituels,
mais leurs besoins matériels sont quand même pourvus. Finalement,
cette succession d’imprévus n’a pas débouché sur une impasse, mais un chemin
s’est ouvert. Un chemin peut être différent de celui que l’on aurait attendu
au début, mais c’était le chemin de Dieu. Ce texte nous invite, face aux
imprévus de la vie, à ne pas nous figer dans nos attentes, mais à être
souples et disponibles. Il nous invite aussi à ne pas refuser de voir la
réalité en face, telle qu’elle est, avec tout ce qu’elle peut avoir de
décevant. Il nous invite à ne pas nous focaliser sur ce qui nous manque, sur
ce que nous n’avons pas, mais sur ce que nous avons. Et ce que nous avons
sera suffisant pour faire face à l’imprévu dans nos vies. Alors ainsi nous pourrons
accueillir l’inattendu de Dieu. * *
* * * Apaisement
et certitude L’appel d’Ésaïe 55, rappelé
plus haut, nous rejoint tous : Vous tous qui avez soif, voici de
l’eau, venez ! Venez acheter sans argent. C’est gratuit, on ne peut
ni payer ni mériter : c’est gracieux. La source s’appelle Grâce. Pourquoi
dépenser pour ce qui ne nourrit pas ? Pourquoi vous fatiguer pour quelque
chose qui ne rassasie pas ? Soyez à l’écoute : ouvrez yeux,
oreilles et cœurs, et vous vivrez ! Mon alliance est pour toujours ! L’apôtre Paul va plus fort
encore pour nous inviter à une pleine confiance en Dieu : « Qui nous
séparera de l’amour du Christ ? Dans tout ce qui nous arrive, nous
sommes grands vainqueurs par Celui qui nous a aimés ! » (Romains
8,39). Quant à Jésus il nous dit que le
combat quotidien est normal, mais que Dieu est avec nous dans tous les abîmes
du monde : toujours présent pour sauver et non pour juger. Face aux
foules affamées et assoiffées, Jésus a fait ouvrir toutes grandes les
sacoches de ceux qui disaient « nous n’avons que peu de moyens ».
Mais ces faibles moyens, mis à disposition, peuvent contribuer au-delà
de ce que nous pouvons imaginer. A cause de mis en commun
conjointe de faibles moyens il nous est dit que tous ont mangé, et il y eut
plein de restes : ls étaient 5 000, sans compter les femmes et les
enfants. Oui, participons : nous
serons enthousiasmés de l’impact de cette participation. C’est la découverte d’un trésor
caché ! Quelle exemplarité qu’un tel
partage ! Le Règne du Dieu se serait-il
approché de nous Frédéric Verspeeten * * * * * |
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