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Les Rameaux |
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www.eglise-protestante-unie.fr Matthieu 21,1-11 L’entrée
de Jésus à Jérusalem * * * * * Nous venons aujourd’hui de relire le récit de l’entrée de
Jésus à Jérusalem. Tous les évangiles racontent cette entrée, c’est dire
l’importance que les évangélistes y ont accordée. Et pourtant ce n’est que le
début de la semaine sainte qui va se terminer par la crucifixion puis la
résurrection, événements autrement importants. Mais cet épisode est
fondamental, car déjà l’incompréhension de la mission de Jésus apparaît et le
malentendu va commencer à s’installer entre une foule qui attend un roi et un
Christ dont le royaume n’est pas de ce monde. Alors, nous sommes en droit de nous interroger : Les rameaux est-ce vraiment une fête
puisque ce qui en apparence commence par une acclamation va se terminer par
une accusation, une arrestation, une condamnation et une exécution ? Il n’est pas faux de penser que les
rameaux incarnent la fête triste : penser aux mélodies de Saint Preux dans
son album la fête triste… * * * * * Pourtant tout
commence dans la joie avec un âne ! Les évangélistes qui écrivent cette scène longtemps après
qu’elle s’est déroulée nous parlent de l’entrée triomphale du Messie dans sa
ville, avec pour monture singulière un âne, un animal paisible, la monture
des humbles, selon ce qu’annonçait précisément Zacharie le prophète, non pas
un cheval tirant un char de guerre. L’âne n’a pas vraiment hérité en Occident d’une réputation
de noblesse et de distinction, c’est le moins que l’on puisse dire si on
énumère les sobriquets, blagues et autres images réductrices qui le
caractérisent : entêté comme un âne, On n’enseigne pas aux ânes à voler, On
ne saurait faire d’un âne un cheval de course, sans oublier le fameux bonnet
d’âne… Et pourtant, lorsque l’on examine de plus près la culture orientale et
méditerranéenne, dès les premiers temps, l’animal aux longues oreilles fut
tenu en grande estime… Israël a, en effet, très tôt réservé le meilleur accueil à
cet animal bien soigné et de prix, ce qui explique qu’il soit considéré dans L’épisode de l’ânesse de Balaam souligne combien les
humains peuvent rester sourds aux appels divins à la différence des animaux
telle cette ânesse qui sut entendre les paroles de l’Ange du Seigneur. On ne
compte pas moins de 90 références dans Cette arrivée d’un Messie pacifique, annonciatrice de
réconciliation réjouit tout le peuple. L’acclamation de la foule et les
gestes qui l’accompagnent pour faciliter la marche du roi qui arrive - on
dispose en effet des vêtements, des rameaux, des palmes dans les rues comme
pour dérouler un tapis en son honneur - signifient l’immense communion entre
le peuple et son chef. Tous attendent le miracle de la délivrance de
l’occupation romaine et le rétablissement de l’indépendance et de la
souveraineté d’Israël ! Mais ce n’est pas ce que Jésus propose il vient, certes,
mais ce qu’il vient manifester et accomplir ne correspond pas à ce que la
foule attend ! * * * * * Celui qui vient
jeter le trouble et ouvrir les voies de Dieu ! Mais, après les cris de joie lancés dans les rues en
l’honneur du Roi :« Hosanna pour le fils de David ! Béni
soit le fils de David ! » voici que dès l’entrée à Jérusalem, l’on
s’interroge sur son identité qui apparaît alors moins certaine. Est-ce
vraiment le roi attendu ? Et l’on est alors amené à dire, de proche en proche, qu’il
ne s’agit en fait que d’un prophète, le prophète Jésus ; qui plus est un
prophète venant d’un bourgade inconnue, Nazareth, en Galilée... De Messie à
roi, fils de David, puis de fils de David à prophète, bientôt la foule déçue,
et manipulée demandera la mort de celui qu’elle désignera finalement comme
« blasphémateur » ! Les Rameaux sont donc une fête tragique comme souvent les
fêtes excessives. Le malentendu durera tout au long de la semaine sainte,
jusqu’au reniement, jusqu’à l’arrestation et l’exécution, hors de la ville,
au Golgotha. Mais ce malentendu n’est-il pas le fait même de Jésus qui prend
le risque d’une entrée triomphale ? N’est-ce pas lui qui décide
d’effectuer ce geste prophétique, n’est-ce pas lui qui assume l’annonce de la
venue du Messie en sa propre personne ? Oui, c’est effectivement lui qui
assume l’annonce anticipée de la mort de ce Messie, mort incompréhensible
pour les foules. Et bientôt les rumeurs et les cris de colère s’entendront
dans la ville : scandale ! Incohérence ! Contradiction !
Le Messie est vainqueur, il ne peut pas mourir ! Et le Seigneur
tout-puissant ne peut laisser faire une chose pareille ! Car, s’il
existe, comment peut-il accepter la mort de celui-là même qu’il envoie pour
sauver le monde ! Sommes-nous aussi victimes de ce malentendu ? Ne savons-nous
pas, contrairement à cette foule, que c’est la volonté du Seigneur qui va s’accomplir,
qu’il a donné son ‘’Fils unique’’, afin que quiconque croit en lui ne périsse
point, mais qu’il ait la vie éternelle ? Cette fête des Rameaux qui commémore l’entrée triomphale
de Jésus à Jérusalem et l’accomplissement de cette volonté ne célèbre-t-elle
pas de fait l’entrée dans nos vies, dans le plus secret de nos vies, de ce
Messie paradoxal, tout-puissant et en même temps sans aucun pouvoir. Son royaume n’est pas de ce monde, en effet, car c’est
avec les yeux de la foi seulement que nous pourrons discerner et voir ce
qu’il nous révèle en vérité. C’est avec le regard de la foi qu’il nous faudra
comprendre et accepter le tragique de la mort lorsqu’elle nous guette,
l’abjection de la souffrance quand elle nous étreint, et l’horreur de la
méchanceté des hommes. Et c’est avec les yeux de la foi qu’il nous faudra
saisir sa présence, là où précisément tout le monde dit autour de nous qu’il
n’est pas là, qu’il est absent, qu’il a abandonné ses enfants à leur malheur,
et déserté le monde. Son royaume n’est pas de ce monde. Mais il s’y trouve
cependant mystérieusement présent. Telle est notre certitude. Et celui dont
l’évangile nous raconte qu’il entre à Jérusalem, est entré en fait en chacune
de nos vies et signe sa présence au plus secret de nos vies. * * * * * Celui qui vient
jeter le trouble et ouvrir les voies de Dieu ! Mais, après les cris de joie lancés dans les rues en
l’honneur du Roi :« Hosanna pour le fils de David ! Béni
soit le fils de David ! » voici que dès l’entrée à Jérusalem, l’on
s’interroge sur son identité qui apparaît alors moins certaine. Est-ce
vraiment le roi attendu ? Et l’on est alors amené à dire, de proche en proche, qu’il
ne s’agit en fait que d’un prophète, le prophète Jésus ; qui plus est un
prophète venant d’un bourgade inconnue, Nazareth, en Galilée... De Messie à
roi, fils de David, puis de fils de David à prophète, bientôt la foule déçue,
et manipulée demandera la mort de celui qu’elle désignera finalement comme
« blasphémateur » ! Les Rameaux sont donc une fête tragique comme souvent les
fêtes excessives. Le malentendu durera tout au long de la semaine sainte,
jusqu’au reniement, jusqu’à l’arrestation et l’exécution, hors de la ville,
au Golgotha. Mais ce malentendu n’est-il pas le fait même de Jésus qui prend
le risque d’une entrée triomphale ? N’est-ce pas lui qui décide
d’effectuer ce geste prophétique, n’est-ce pas lui qui assume l’annonce de la
venue du Messie en sa propre personne ? Oui, c’est effectivement lui qui
assume l’annonce anticipée de la mort de ce Messie, mort incompréhensible
pour les foules. Et bientôt les rumeurs et les cris de colère s’entendront
dans la ville : scandale ! Incohérence ! Contradiction !
Le Messie est vainqueur, il ne peut pas mourir ! Et le Seigneur
tout-puissant ne peut laisser faire une chose pareille ! Car, s’il
existe, comment peut-il accepter la mort de celui-là même qu’il envoie pour
sauver le monde ! Sommes-nous aussi victimes de ce malentendu ? Ne savons-nous
pas, contrairement à cette foule, que c’est la volonté du Seigneur qui va s’accomplir,
qu’il a donné son ‘’Fils unique’’, afin que quiconque croit en lui ne périsse
point, mais qu’il ait la vie éternelle ? Cette fête des Rameaux qui commémore l’entrée triomphale
de Jésus à Jérusalem et l’accomplissement de cette volonté ne célèbre-t-elle
pas de fait l’entrée dans nos vies, dans le plus secret de nos vies, de ce
Messie paradoxal, tout-puissant et en même temps sans aucun pouvoir. Son royaume n’est pas de ce monde, en effet, car c’est
avec les yeux de la foi seulement que nous pourrons discerner et voir ce
qu’il nous révèle en vérité. C’est avec le regard de la foi qu’il nous faudra
comprendre et accepter le tragique de la mort lorsqu’elle nous guette,
l’abjection de la souffrance quand elle nous étreint, et l’horreur de la
méchanceté des hommes. Et c’est avec les yeux de la foi qu’il nous faudra
saisir sa présence, là où précisément tout le monde dit autour de nous qu’il
n’est pas là, qu’il est absent, qu’il a abandonné ses enfants à leur malheur,
et déserté le monde. Son royaume n’est pas de ce monde. Mais il s’y trouve
cependant mystérieusement présent. Telle est notre certitude. Et
celui dont l’évangile nous raconte qu’il entre à Jérusalem, est entré en fait
en chacune de nos vies et signe sa présence au plus secret de nos vies. * * * * * Alors Ouvrez les yeux ! Ouvrez les yeux de la foi, acclamez votre roi et priez le
Seigneur, en toute circonstance ! Car il est entré dans votre vie. Il
est entré dans notre vie y compris là où notre foi se trouve mise en
question, y compris là où la royauté du Christ semble mise en doute, et y
compris là où notre prière même semble vaine, inopérante, sans efficacité
aucune, là où précisément il n’y a ni miracle, ni guérison, ni
triomphe : il est là, présent, mystérieusement vivant par notre foi,
maître de notre vie. Dans ce récit de l’entrée à
Jérusalem et de l’inauguration de la passion comme dans celui de l’épître aux
Philippiens l’on nous dit que Dieu s’est intéressé à nous jusqu’à la mort,
mais que cela relève de son plan. En
Jésus Dieu s’est vidé de sa nature divine pour se faire totalement homme au
milieu des hommes. Ainsi, il est allé au bout de la condition humaine, en
acceptant les pires conséquences : la mort, donnée par ces hommes mêmes
au milieu desquels il est venu, pour leur faire comprendre son amour, la pire
des morts, celle réservée aux esclaves, aux bandits, aux
« terroristes » : la mort sur la croix. Mais par la
résurrection, Dieu lui a finalement redonné sa puissance divine en l’établissant
« maître des nations ». Dieu
révèle qu’il s’est intéressé
à nous jusqu’à même accepter et assumer que
celui qu’il a envoyé en meure ! Il vient assumer
notre peine nos souffrances et nous assure de sa présence. * * * * * N’y
a-t-il pas là, pour, nous, tous, un appel ? Les chrétiens d'aujourd'hui sont encore porteurs d’une
mission. Bien sûr, nous n’avons pas toujours été de bons témoins de cette
présence de Dieu auprès de nos contemporains. Dans un monde qui souffre et se
perd souvent dans de nombreuses illusions la mission consiste à être des
témoins d’un règne où chacun peut trouver sa place. Nous sommes appelés à
redire et proclamer sans cesse que Dieu vient libérer l’humanité de toutes
les formes de servitude. De ces asservissements d'une part de l'humanité,
dont on sent encore et toujours les traces aujourd'hui, les lignes de fractures
et la division de l'humanité. L’Évangile nous redit « Allez donc : de
toutes les nations faites des disciples ! », c'est une
injonction qu'on ose à peine lire aujourd'hui, quand on sait ce qui a été
fait au nom de cette parole ! Nous avons parfois du mal à croire que nous en
serons capables. Les onze disciples eux-mêmes n’étaient pas des champions de
la foi : ils ont eu des doutes ! Ces doutes ne sont pas mentionnés
par hasard dans les évangiles : ils sont constitutifs de la
mission ! Il s'agit pour nous de transmettre l'espérance, il s’agit
de susciter la foi en quelque chose d’impalpable, et pas de certitudes que
l'on pourrait imposer aux autres. Je dirais même que c'est ce qui rend la
mission crédible. Il
ne s’agit pas de manifester l'arrogance de ceux qui pensent avoir compris le
monde et se font un devoir de l'expliquer aux autres, il s’agit des mots
d'une fragile espérance : je crois que Jésus-Christ a ouvert un chemin
qui surmonte même la mort. C'est mon espoir et je le partage sans exclure qui
que ce soit, mais dans le respect de ma propre fragilité et de celle de
l'autre. * * * * * Invités à devenir à nouveau des
disciples Le chemin des rameaux est un chemin de gloire et
d’abaissement, c’est le chemin qu’empruntent les disciples. Maintenant, qu'est-ce
qu'un disciple ? Qu'est-ce que c'est, « faire des
disciples » ? Et en particulier, faire des disciples alors qu'on en
est un soi-même ? Un disciple, c'est quelqu'un qui veut apprendre, qui se
met en quelque sorte à l'école de Jésus-Christ. C'est un curieux, un curieux
de Dieu, de la vie, mais aussi de l'autre, de la même façon que le Christ
s'est toujours intéressé aux autres. Faites des disciples : soyez curieux,
et contaminez les autres, non pas avec un virus, mais avec
votre manière de vous intéresser, de poser les bonnes questions, d'avancer
dans la vie. Ne nous prenons pas pour des maîtres ! Osons ne pas
savoir ! Être disciple, c’est être encore des curieux de Dieu,
partager notre curiosité sans exclure personne, faire des autres des curieux
de Dieu, comme nous. Allez ! Intéressez-vous aux autres ! Oser
vivre dans l'espoir plutôt que dans la peur ! Ne rougissez pas d’être en
recherche ! Devenez des disciples ! Ouvrez-vous, et aidez les
autres à s’ouvrir aussi ! Frédéric Verspeeten |
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