Le cri d’Amos  - Noël  2007

 

 

- Contre l’injustice sociale d’autrefois et la situation économique d’aujourd’hui

- Un gérant habile, ingénieux, lucide, intelligent et plein d’énergie

- Une seule solution : le partage et le don, la seule capitalisation c’est la « dilapidation » au bénéfice des autres

- Faire preuve d’ingéniosité pour que le Royaume de Dieu soit déjà perceptible aujourd’hui

- A qui faisons-nous réellement confiance ? Dieu est le véritable bien de l’homme

- Noël : se remémorer des événements historiques totalement invérifiables ou revivre en notre cœur cette naissance merveilleuse qui donna au monde un sauveur parfait ?

- Noël, choisir le parti des faibles, de ce que l’on méprise

 

 

 

Lectures bibliques :

Luc 16, 1 à 13 ; I Timothée 2, 1 à 8 ; Amos 8, 4 à 7

Contre l’injustice sociale d’autrefois et la situation économique d’aujourd’hui

Le livre du prophète Amos est un véritable cri contre l’injustice sociale. Il dénonce un comportement indigne des commerçants, leur richesse est scandaleuse. Dans un pays qui a reçu la Torah, les humbles sont anéantis.

Pourtant, dans de nombreux passages, celle-ci déclare que Dieu fait justice aux pauvres, par exemple dans Deutéronome 10, 17 à 19 et le psaume 68, 6 et 7… Dieu qui donne en abondance est en droit d’attendre de ceux qui ont entendu sa Parole, qu’ils agissent de même. Nous voilà en Israël et ce n’est pas le cas ! Amos constate le contraire, ce qui compte ce sont les affaires… la réussite, le profit et la malversation. Malgré les recommandations répétées de Dieu à son peuple de tenir compte de la présence de la veuve et de l’orphelin (Deutéronome 24, 19–22),  il n’en est rien : le pauvre, on l’achète pour une paire de sandale…  !

Si vous actualisez ces versets vous trouverez immédiatement des parallèles avec la situation économique d’aujourd’hui.

Un gérant habile, ingénieux, lucide, intelligent et plein d’énergie

Ceci nous amène au texte de Luc 16, 1-13. Très souvent, Luc s’en prend aux riches de son époque et leur fait un sort peu enviable. Il estime que Dieu est celui qui renverse les valeurs et qu’au sein de la communauté chrétienne, les plus pauvres ont droit aux mêmes égards que les riches. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les riches ne sont pas mal vus, c’est l’attitude, le piège de la richesse qui est dénoncé…

L’homme riche de cette parabole ne gère pas lui-même ses biens, c’est un gérant, un économe qui s’en occupe. La rumeur dit que ce dernier dilapide ses biens et le maître prend pour « argent comptant », ce qui lui est dit (verset 2).

Ce gérant est habile et réaliste, il ne veut pas travailler la terre, il ne veut pas non plus mendier. Alors, il se crée un réseau d’amis, une protection sociale sur mesure ! Finalement, cet homme accusé d’insouciance et de dilapidation des biens de son maître se révèle être un excellent gérant, même son maître ne contestera pas son initiative.

Il remet les dettes aux débiteurs de son maître, peut-être était-elle trop élevée ? C’est à la fois habile et malhonnête. Mais ne nous y trompons pas, ce que Jésus loue dans le comportement de cet homme, ce n’est pas sa malhonnêteté, c’est son habileté, son ingéniosité, sa lucidité, son intelligence et son énergie pour sortir d’une situation désespérée, décisive, vitale.

Face au choix inévitable entre Dieu et l’argent nous sommes tous dans cette situation décisive et vitale.

Une seule solution : le partage et le don, la seule capitalisation c’est la « dilapidation » au bénéfice des autres

Jésus ne rejette pas l’idée selon laquelle dans ce monde l’argent trompeur peut être utile et pour lui, il n’y a qu’une solution : le partage, le don. La solution est claire : la seule capitalisation c’est la « dilapidation » au bénéfice des autres. La seule manière de « blanchir » notre argent c’est de le donner.

C’est aussi sur un autre plan qu’il nous faut lire cette parabole : le maître, c’est Dieu, le gérant, c’est vous et moi. Ce que Dieu attend de nous, c’est que nous ayons des balances justes, de la disponibilité, de l’habileté, pour montrer que l’évangile peut transformer notre manière de vivre.

Être habile ne veut pas dire tromper, mais être digne de confiance ; être habile ne veut pas dire, vendre n’importe quelle sornette au nom de l’évangile, mais faire preuve d’ingéniosité pour que le Royaume de Dieu soit déjà perceptible ici bas.

Faire preuve d’ingéniosité pour que le Royaume de Dieu soit déjà perceptible aujourd’hui

Il y a un enjeu fondamental : les chrétiens doivent se défaire de l’influence de l’argent et de la séduction qu’il exerce sur les humains, se méfier de lui, il n’est qu’un serviteur et souvent devient le maître, il est facile de l’idolâtrer. Amos dénonce l’avidité des riches prêts à s’enrichir par tous les moyens et qui accablent les pauvres.

Jésus met le doigt sur le risque grave de vouloir servir deux maîtres. Entendons nous bien, Jésus n’a jamais dénoncé la réussite sociale : certains réussissent mieux que d’autres. Il a eu pour amis des riches et des pauvres. Mais il nous appelle au juste équilibre, à la solidarité. La question encore une fois individuelle est inévitable : A qui faisons-nous réellement confiance ? Qui est notre véritable maître ?

A qui faisons-nous réellement confiance ? Dieu est le véritable bien de l’homme

Le disciple doit bien choisir, ce qui ne veut pas dire avoir sans cesse des cas de conscience. Agir avec rapidité, audace, intelligence, vous allez me dire que ce n’est pas simple. Comment en effet prendre part à la vie du monde quand nos sociétés sont régies par l’argent ? Il n’est pas question d’en rejeter l’usage, mais comment travailler chacun à notre niveau pour que son pouvoir ne soit pas oppressant ?

Jésus veut éveiller en nous la recherche du Bien véritable : Dieu lui-même ! Ce Bien véritable nous est donné, confié, ce qui compte avant tout c’est de le recevoir, de recevoir notre vie de Dieu. Dieu est le Bien véritable de l’homme, il est la vie pour toujours. Tout est à Lui et nous devons le laisser nous guider pour ne pas être aveuglés, fascinés par l’argent alors il pourra nous combler et nous donner sa vie.

Souvenons-nous de la parabole du riche qui meurt après avoir engrangé abondamment et dont l’âme est réclamée (Luc 12, 16-21) : la valeur d’un humain, c’est son âme, son être, pas ses richesses qui ne lui sont que prêtées.


Noël : se remémorer des événements historiques totalement invérifiables ou revivre en notre cœur cette naissance merveilleuse qui donna au monde un sauveur parfait ?

Ainsi libérés plus besoin de jouer les justiciers ! Accueillis malgré nos faiblesses nous pourrons enfin œuvrer à la justice... Dès lors, fêter Noël ce ne sera point admettre avec l'intelligence des doctrines abstraites, ce ne sera point nous remémorer des événements historiques totalement invérifiables, mais ce sera revivre en notre cœur cette naissance merveilleuse qui donna au monde un sauveur parfait.

Ce qui importe, en ces jours de l'Avent, où nous préparons Noël, c'est que le formidable esprit qui animait Jésus puisse renaître en nous. Mais pour que cela soit possible, il faut que notre cœur soit symboliquement, comme l'étable de Bethléem, accueillant et ouvert, simple et humble.

Noël, choisir le parti des faibles, de ce que l’on méprise

Chaque année, je célèbre Noël, car il est à mes yeux une bonne nouvelle qui sera toujours à partager avec mes semblables, hommes et femmes de tous horizons et de toutes races, cultures et religions. Un homme, il y a plus de 2000 ans, est né sur cette terre et, en quelques années, a prononcé les paroles justes et bénéfiques qui le rendent à mes yeux véritablement "Fils de Dieu" et "Fils de l'Homme", comme je peux l'être aussi, chaque fois que je choisis le parti des faibles, de ceux que l'on méprise et que l'on délaisse, de ceux qui sont malades et affamés ; chaque fois que je redonne courage, que je partage ma joie d'être et d'exister ; chaque fois que je peux me réjouir d'une simple naissance porteuse de tant d'espoirs et de tant d'amour. Oui, je fêterai Noël le 25 décembre 2007 !

 

Joyeux  Noël à tous !

 

 

 

 

 

Frédéric Verspeeten