Psaume 119, 105 : Ta Parole est une lampe à mes pieds
une lumière sur mon sentier

 

 

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Psaume 119, 105 : un verset, extrait du psaume, souvent qualifié de psaume de la Parole

105 Ta parole est une lampe à mes pieds, Et une lumière sur mon sentier

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Mots-clés: Bible, Ecritures, Parole (de Dieu)

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Dans la nuit, pour seule lumière, comme seule protection : une Bible

Dans les Cévennes, au Mas Soubeyran, le premier dimanche de septembre est un jour de commémoration là où au 17ème siècle une guerre opposa les huguenots aux troupes du roi Louis XIV qui voulait éradiquer toute manifestation du protestantisme. Les cévenols résistèrent et ils allaient dans les clairières, les montagnes, les plaines, les Mas. On les retrouvait encore dans les maisons, dans des caches, dans des grottes… La Bible traquée et interdite y était cachée derrière des miroirs ou des coffres à double, voire triple fond… La nouvelle circulait de bouche à oreille, les femmes la propageaient, il y avait certains après-midi, certains soirs, en un lieu seul connu de ceux qui étaient invités la venue d’un prédicant…

Un prédicant, un prédicateur, qui connaissait les Écritures et venait célébrer le culte en toute clandestinité. Il avait pour seule arme une Bible à la main et il risquait sa vie pour la lire à ceux qu’il rencontrait…. Depuis les origines de la Réforme protestante l’idée majeure qui va révolutionner le christianisme consiste à faire en sorte que chacun puisse librement accéder à l’écoute et à la lecture de la Bible. Chacun doit pouvoir s’en nourrir sans qu’elle ne soit bridée par une autorité. Au contraire, l’autorité de l’Église, institution, doit s’incliner devant les Écritures Saintes, s’y soumettre et la servir. Ce qui revient à dire qu’elle a pour mission de la travailler, la diffuser, l’expliquer et permettre à chacun de s’en nourrir de la rendre accessible et viser à ce que chacun puisse la lire et la méditer par lui-même… Elle n’en est pas maîtresse, elle n’en est que servante !

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La Bible est parfois ardue à lire, mais pour la lire avec profit deux idées sont à accepter

La Bible n’est pas un vieux livre qui appartient seulement à la culture ou au patrimoine de l’humanité. Elle est aussi un guide quotidien. Certes, la lecture de certaines parties est plus ardue moins facile à saisir immédiatement. Il faut lorsque l’on lit la Bible accepter a priori deux idées :

La première idée c’est que ce livre témoigne de la volonté de Dieu d’entrer en contact avec chacun de nous. Il nous parle… ou nous invite en tout cas à faire attention à ses paroles comme il l’a fait avec les personnages dont parlent les livres bibliques… Ce qui ne veut pas dire qu’il veut faire de nous des figures de proue ou des prophètes mais d’abord et avant tout qu’il veut notre bien, notre bonheur et que notre vie peut trouver toute sa valeur. Mais nous pouvons aussi devenir des témoins.

La deuxième idée c’est que la Bible a été reçue, comprise par des hommes et femmes qui n‘appartiennent pas à notre culture du 21ème siècle et qu’ils ont tenté de comprendre et vivre dans leur monde ce que Dieu voulait leur dire. Aujourd’hui, il nous appartient lorsque nous la lisons de faire la part entre la volonté de Dieu, ce qu’il propose, ce qu’il suggère et ce qui était contextuel. Il nous appartient de nous ré-accaparer sa parole, ses promesses, d’en vivre et de tenter de les mettre en œuvre dans notre vie quotidienne et dans notre monde. Sur ce chemin nous ne sommes pas seuls, Dieu par son Esprit, par sa présence spirituelle quotidienne nous accompagne et fait route avec nous.

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Lisons la Bible nous-même, au lieu de lire ce qu’on en pense ou ce qu’on dit

Pour les disciples que nous sommes ou voulons être, la Bible demeure le fondement et le meilleur moyen de savoir ce qu’elle peut nous apporter. Il nous faut prendre connaissance de ce qu’elle dit. Au lieu de lire ce que l’un ou l’autre pense ou dit au sujet de la Bible, lisons la Bible nous-mêmes. Car derrière ces écrits différents se cache la Parole de Dieu qui est la vérité sur laquelle nous pouvons baser notre existence.

Dans le quotidien de nos vies, peu à peu, l’Écriture peut nous conduire dans nos choix et à faire prévaloir ce qui est juste, ce qui est bon. Elle peut nous garder du mal et des illusions trompeuses. Au quotidien, souvent notre intelligence, notre cœur nous guident dans nos décisions, nos actions. Mais l’Écriture vient jeter une lumière nouvelle. Nous pouvons lui faire confiance pour découvrir le plan de Dieu pour notre vie.

C’est la lecture de la Parole de Dieu et la méditation des Écritures qui gardera notre cœur. Elle produira son effet dans nos vies. C’est une promesse de Dieu : sa Parole ne revient pas à lui sans effet. Alors, passer du temps à lire sa Bible, c’est laisser opérer en soi un cheminement, une transformation, pour que nos paroles, nos pensées, nos actions soient en accord avec la volonté de Dieu. Mais cette volonté de Dieu n’est pas pesante ni édictée pour lui faire plaisir à lui. Elle est là comme un conseil, un guide pour notre bien. Dieu n’exige pas, il n’impose pas, il ouvre le chemin, montre la voie et il guide celui qui l’écoute…

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Le message biblique vise à nous placer sur le bon chemin

Cela s’adresse à tous les humains, à ceux qui ont erré et se sont trompés, à ceux et celles qui doutaient de la valeur de leur vie, à ceux et celles qui se sentent rejetés, mal aimés perdus dans leur propre existence. Elle s’adresse encore à ceux qui regardent leur passé en regrettant ce qu’ils ont fait…

Parfois nous pensons vivre une vie juste, mais la seule façon de savoir où notre vie nous mène, c’est de connaître la Parole de Dieu, ce qu’il nous dit au travers de la Bible. C’est elle qui nous guidera dans la bonne direction. Le psalmiste a écrit et fait chanter cette phrase : ‘’Ta parole est une lampe à mes pieds, Et une lumière sur mon sentier’’ ». (Psaumes 119,105). Elle est là pour éclairer notre vie et fait renaître l’espoir. Dans les périodes de détresse, la lecture de la Bible procure un précieux soulagement et renouvelle nos forces pendant le combat.

Elle vient nous purifier de tout ce qui encombre. C’est la Parole de Dieu qui travaille dans nos cœurs pour la purification. Ici il faut entendre purification comme un travail sur notre Ego souvent prisonnier des blessures quotidiennes que nous avons subies…

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La Bible reste vraie pour nous en ce 21ème siècle

Le message des textes bibliques d’abord transmis oralement a été, je le disais précédemment, enraciné et écrit dans une culture différente de la nôtre, mais elle reste vraie pour nous en ce 21ème siècle

La culture évolue, ce qui était vrai hier, ne l’est plus forcément aujourd’hui, ce qui est vrai ici, ne l’est pas forcément ailleurs. Mais la Parole de Dieu est immuable et véritable pour chaque personne sur Terre. La foi chrétienne, malgré ce que d’autres traditions chrétiennes ont voulu y ajouter, demeure avant tout fondée sur le message biblique. Notre foi, notre pensée et notre piété sont d’abord et avant tout fondées sur la Bible. Ce qui ne veut évidemment pas dire que tout est biblique dans les communautés chrétiennes ! Des choses se sont ajoutées, des rites, des coutumes.

Mais si nous perdons cet enracinement initial dans les Écritures, c’est notre fondement même que nous abandonnons et l’essentiel disparaît en peu de temps. C’est sans doute ce qui fait la fragilité de nos Églises, mais aussi peut-être ce qu’elles peuvent avoir de meilleur. La Bible est le milieu, le terreau dans lequel notre foi se développe et atteint une certaine maturité. Sans elle, il nous reste l’influence du milieu, avec tout ce que cela peut avoir d’ambigu. Cette intuition était celle des Réformateurs mais aussi des humanistes qui prônaient et encourageaient une lecture simple mais aussi une lecture savante de la Bible.

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Affirmer l’autorité souveraine des Écritures ne prône en rien une lecture littérale ou fondamentaliste

Pour les Réformateurs, chacun doit pouvoir y accéder et la saisir. Mais ils se méfiaient de ceux qui au nom d’un illuminisme psychotique ou d’un littéralisme excessif en arrivaient à lui faire dire n’importe quoi. Si les Réformateurs défendent l’autorité souveraine des Écritures, ils ne prônent en rien une lecture purement littérale ou fondamentaliste. Ce risque existe toujours et, malheureusement, au sein de toutes les églises des hommes qui confondent parole de Dieu et littéralité du texte. Souvent ces personnes se marginalisent et en arrivent à penser que leur projection sur la Bible est la vérité et bien sûr ne comprennent pas ou ne veulent pas admettre que l’interprétation peut conduire à des constructions théologiques différentes.

À y bien réfléchir ces attitudes qui se servent de la Bible comme prétexte et comme rempart qu’il faut imposer aux autres trahissent plutôt une peur de Dieu. Pourtant, Dieu est présent non d’abord comme un juge mais comme quelqu’un qui fait route avec nous, comme un ami qui peu à peu nous dévoile le sens des Écritures et nous rend libres. Il y a sur ce sujet le très beau récit des pèlerins d’Emmaüs au chapitre 22 de l’évangile de Luc. Il nous dit comment Jésus rejoignit ses disciples et peu à peu leur ouvrit les yeux et les aida à voir la vérité. Il nous appartient de nous nourrir des versets de la Bible qui nous parlent le plus, mais de ne pas oublier qu’au-delà de textes spécifiques, la Bible nous présente une idée essentielle et centrale comme un fil rouge : Dieu désire faire alliance avec les humains et particulièrement avec chacun d’entre eux.

En conséquence, les théologiens de la Réforme pensent qu’il est utile que chacun accède aux Écritures dans une démarche personnelle et qu’à celle-ci on ajoute une démarche communautaire où les questions peuvent être posées, les textes difficiles expliqués et que l’on n’enferme pas les textes dans un carcan doctrinal préconçu.

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Les traditions d’interprétation ne doivent pas enfermer le texte biblique

Ce sont elles au contraire qui doivent les éclairer et les écarter ou les reformuler et aider à renoncer à ce qui est au fond inutile. Le pasteur Dietrich Bonhoeffer nous rappelle également que : « L’Écriture ne consiste pas en versets isolés, mais elle est un tout qui entend s’imposer tel quel. C’est dans sa totalité que l’Écriture est la parole de la révélation de Dieu. Ce n’est que dans l’infinie richesse de ses correspondances internes, manifestant le rapport entre l’Ancien et le Nouveau Testament, entre la promesse et l’accomplissement, le sacrifice et la loi, la loi et l’Évangile, la croix et la résurrection, la foi et l’obéissance, le don et l’attente, que le témoignage de Jésus-Christ, le Seigneur, devient entièrement intelligible ».

Mais prenons-nous le temps de nous familiariser avec les Écritures ? Il existe aujourd’hui des traductions en Français courant qui facilitent cette lecture. Pourquoi ne pas prendre un livre et le lire comme on lirait un roman ? Il ne s’agit pas ici de méditer tel ou tel passage, mais de lire l’ensemble et de comprendre comment il est composé. D’écouter ce que l’auteur nous dit dans la perspective dans laquelle il l’a écrit. Les événements, les arguments se suivent et leur ordre n’est généralement pas sans intérêt. Il existe aujourd’hui des instruments qui facilitent la lecture de la Bible par exemple en un an. Qui a le courage de se lancer dans cette entreprise, en retire toujours un grand bénéfice. Par ce moyen, nous comprenons l’ensemble de la révélation et nous pouvons en avoir une vision globale.

Une jeune femme écrivit un jour il y a bien longtemps les lignes suivantes : Guidée par l’esprit de Dieu, par sa parole, je me suis mise à l’écoute de ce que Dieu propose. J’ai découvert, moi paumée, l’amour du Père que je voulais ignorer. J’ai reçu le pardon et j’ai trouvé la force de le donner. J’ai senti que cela me guérissait, me libérait. J’ai découvert la douceur qui apaise, qui relève et nous fait toujours entrevoir l’espérance ; j’ai renoncé à mon orgueil à défendre mon égo. J’ai découvert l’humilité qui n’est pas un renoncement à nous-même ni une soumission mais un chemin vers la liberté d’être enfin moi-même et de l’accepter. Tout cela je l’ai reçu pas à pas un peu à la fois, un peu plus chaque jour et je me suis sentie bien que malade de plus en plus libre et aimée inconditionnellement. Moi l’angoissée perdue, je suis passée chaque jour de la mort à la vie et j’ai compris ce qu’est la résurrection. La Bible je l’ai lue, relue, rejetée, contestée, discutée, acceptée et finalement dans cette marche, dans cette lutte, Dieu je l’ai trouvé !

Jésus a dit :

Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira Jean 8,31-32)

Que cela soit ainsi pour chacun de nous !

Frédéric Verspeeten

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