Hommage à Clément Marot (1496 – 1544)

 

 

-         Eléments biographiques

-         Les paraphrases des Psaumes

-         Serviteur de la Réforme

 

lément Marot a fait l'objet de nombreuses recherches, de publications, d'éditions de disques et d'un colloque en 1996, à l'occasion du cinquième centenaire de sa naissance. Ce "Prince des poètes" est à la fois l'auteur de 49 paraphrases de Psaumes, et de chansons françaises qui ont attiré l'attention de nombreux musiciens au Siècle de la Réforme et de la Renaissance.

Eléments biographiques

Clément Marot est né à Cahors en 1496 et mort à Turin en 1544. Fils du poète et rhétoriqueur Jean Marot, il occupera une place considérable dans le paysage littéraire français et jouera un rôle prépondérant dans l'hymnologie française, lors de l'élaboration du Psautier huguenot dans la langue du peuple. Les lois des grands rhétoriqueurs lui ont été enseignées par son père. Il a sans doute bénéficié d'une éducation musicale lui permettant de chanter et de jouer d'un instrument.

Il sera au service de Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroy ; vers 1519, de Marguerite d'Alençon (1492-1549), soeur de François 1er; en 1527, de ce dernier, roi de 1515 à 1547, comme valet de chambre. En 1529, il sera emprisonné à cause de ses idées favorables à la Réforme, puis libéré, et à nouveau jeté en prison, à cause de l'assistance portée à un prisonnier. Grâce à la faveur du Roi, il sera le poète attitré de la Cour. Comme conséquence de l'affaire des Placards, suspecté à la Sorbonne, il se réfugie à Nérac, chez la Reine de Navarre, Marguerite d'Alençon, puis se rend en Italie, à Ferrare, protégé par Renée de France, Duchesse de Ferrare, qui soutient les Protestants, puis à Venise. Il abjure en 1536, mais reste un humaniste évangélique. Sur les encouragements de sa bienfaitrice, il s'intéresse aux Psaumes et, avant sa mort, il avait rédigé 49 paraphrases de Psaumes. Les premières, commencées avant 1533 se chantaient sur des mélodies de chansons connues et, à partir de 1539, sur des mélodies fonctionnelles, propres au chant d'assemblée.

Dès 1514, Marot commença à écrire le Temple de Cupidon, puis les Épîtres de Maguelone, du Dépourvu à M. Bouchard, ensuite L'Adolescence Clémentine en 1532, sept éditions entre 1533 et 1535 lui permettent d'affirmer son talent poétique. Ses Psaumes connaissent un succès considérable, au point d'être chantés par les courtisans et entendus par le Roi, depuis les fenêtres du Louvre, la Seine renvoyant les chants interprétés par des Huguenots au Pré aux Clercs.

Les paraphrases de psaumes

Clément Marot élabore pendant quinze ans 49 paraphrases (à la demande de Calvin, Théodore de Bèze a complété les 101 textes manquants). Il est aussi l'auteur des Commandements, " Lève le cueur, ouvre l'aureille ... "(Strasbourg, 1545), du Cantique de Siméon, "Or laisse Createur en paix ton serviteur:.. ", de deux Prières avant et après le repas, de l'Oraison dominicale, "O nostre Pere estant la hault es cieux... " (Strasbourg, 1542, devenu en 1547 "Pere de nous qui es la hault es cieux... " ), des Articles de la Foy, "Je croys en Dieu le Pere tout-puissant", de la Salutation angélique, "Resjouys -toy, vierge Marie »... .

Serviteur de la Réforme

Les paraphrases, genre littéraire à la mode aux XVIème et XVIIème siècles, représentent un exercice difficile. Marot, tout en restant proche du texte biblique, des images et de l’atmosphère, doit les structurer en strophes, les versifier et les rimer en français de l'époque, donc destinées au peuple qui doit les apprendre facilement par coeur. (cf. tableau ci-contre : 49 Psaumes de Marot). Ses paraphrases se trouvent dans les recueils suivants :

Aulcuns Pseaumes et Cantiques mys en chant (Strasbourg, 1539), La forme des prières et chants ecclésiastiques, avec la manière d'administrer les sacrements & consacrer le mariage: selon la coustume de l'Église ancienne... (Strasbourg, 1542), ainsi que dans les éditions de Lyon ( 1547 , Bourgeois ), de Genève (Octante trois Psaumes, 1551) et dans le Recueil officiel avec les 150 Psaumes paru à Genève en 1562 (cf. tabl. dessous: Chronologie). Les Psaumes étaient chantés plusieurs fois dans l'année avec toutes leurs strophes au Temple et dans les familles, de même que les " sainctes chansonnettes " "pour s’esjouir en Dieu ès-maisons ".

De nombreux musiciens ont été attirés par les Psaumes, une fois les paraphrases terminées. Les mélodistes empruntent ou créent des mélodies. Ils les traiteront aussi à plusieurs voix: en style "note contre note", en contrepoint fleuri et même en motet. Les plus représentatifs sont pour les mélodies: Loys Bourgeois, Guillaume Franc, et Pierre Davantès, selon les dernières attributions par Pierre Pidoux (1993) ; pour les harmonisations : Claude Goudimel (v. 1520-1572), Claude Le Jeune (v. 1530-1600), Paschal de l'Estocart(1539-apr. 1584), Philibert Jambe de Fer (?-1566), Pierre Certon (?-1580), parmi d'autres... Des musiciens étrangers se sont emparés des mélodies: en Allemagne, en Suisse alémanique, en "Hollande" et en "Belgique" (actuelles).

Clément Marot a été au service de la langue française, de la Cour (chansons françaises) et de la Réforme. Les musiciens du Psautier ont été tentés par sa précision prosodique, sa sobriété métrique, sa langue d'apparence spontanée, compréhensible pour les fidèles qui la mémorisaient aisément. Ils ont connu une pérennité littéraire et musicale, après actualisation du texte successivement par Conrart-Labastide et Bénédict Pictet jusque dans le recueil Louange et Prière (1938). Dans sa Préface à tous les Chrétiens et amateurs de la Parole de Dieu (Genève, 10 juin 1543), Calvin leur avait quasi prophétiquement prédit un tel destin :

"...c'est pourquoi quand nous aurons bien cherché ça et là, nous ne trouverons meilleure chanson ( et pour ce faire) que les Psaumes de David".

Edith Weber

Pour en savoir plus :

Edith Weber, La musique protestante de langue française, Paris, Honoré Champion, 1979.

Edith Weber, Histoire de la musique française de 1500 à 1650, Paris, Sedes, 1996.

Les psaumes 

sont devenus 

partie intégrante 

de l'identité protestante