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Johannes Oecolampade
(1482 – 1431) |
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Oecolampade
étudie le droit et la théologie à Bologne et à Heidelberg où il subit
l'influence humaniste puis à Tübingen. Il collabore en 1515 avec Erasme à
l'édition du Nouveau Testament. En 1518 il
est nommé prédicateur à Bâle puis à Augsbourg, se retire deux ans dans un
couvent et rejoint les humanistes de l'Ebernburg où se trouve Bucer.
De retour à Bâle, il s'impose
comme le chef de Son influence gagne Ulm, Memmingen
et Biberach où il organise Johannes Oecolampade,
réformateur de Bâle et humaniste érudit, a laissé une œuvre importante dont
des traductions des Pères et des commentaires des Prophètes |
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Martin Luther (1483
– 1546) |
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Après des études de philosophie,
Martin Luther revêt l'habit des Augustins à Erfurt. Il enseigne à
l'université de Wittenberg où il commente les Epîtres de Paul. En Le 31 Octobre 1517, Luther
affiche sur la porte de l'église du château de Wittenberg les "95 thèses" dénonçant la vente
des indulgences. Cet acte, qui marque le
début de Luther brûle publiquement la
bulle Exsurge Domine. La diète de Worms (1521) l'excommunie et le met
au ban de l'empire. Il se réfugie au château de De retour à Wittenberg, il se
sépare de Thomas Münzer (Contre les prophètes célestes) et prend le
parti des princes contre la révolte des paysans (1524-1525) non sans dénoncer
les atrocités commises. En 1525 il épouse Katharina von Bora, une ancienne
nonne, et publie le De servo Arbitrio. Luther règle le culte et la
liturgie de la nouvelle église qui se développe et s'organise. Il rédige le Grand
et le Petit Catéchisme. Avec ces développements, des dissensions
apparaissent, notamment au sujet de la communion, avec Zwingli et Oecolampe. En 1530, Philipp Melanchthon, son principal
disciple, rédige le texte de |
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Huldrych Zwingli (1484-1531) |
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Zwingli reçoit à Vienne et à
Bâle une formation d'humaniste et
rencontre Erasme. Devenu curé de la collégiale de Zurich (1519), il adhère à Les paroissiens et le conseil de
Zurich prennent son parti et Zwingli entreprend la réforme de la ville (1522)
fondant sa doctrine sur une lecture approfondie de Zwingli entre en conflit avec Luther à qui il s'oppose au colloque de
Marbourg (1529). Pour lui, dans la cène, le Christ est présent dans les cœurs
par son Esprit et non dans les espèces. Zwingli ne se contente pas
d'être un chef religieux mais intervient aussi en politique. Il combat la
coutume du mercenariat et conduit Zurich à entreprendre deux campagnes
militaires contre des cantons catholiques. C'est à la bataille de Kappel
qu'il trouve la mort. On trouve dans la pensée de
Huldrych Zwingli les principaux thèmes qui seront développés ensuite par Jean Calvin aussi c'est lui qui apparaît
aujourd'hui comme le véritable père du courant réformé. |
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Guillaume Farel (1489-1565) |
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Né à Gap, Guillaume Farel fait
ses études à Farel prend part au colloque de
Chanforan (1532) au cours duquel les vaudois piémontais adhèrent à Guillaume Farel, missionnaire
ardent et souvent intransigeant, est le Réformateur de |
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Martin Bucer (1491 –
1551) |
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Né à Sélestat (Alsace), Martin
Bucer entre chez les dominicains dans sa ville natale et rencontre Luther en 1518 alors qu'il poursuit ses études à Heidelberg. Il adopte les vues du
Réformateur et quitte l'ordre des dominicains en 1521 pour devenir prêtre
séculier. Il se marie la même année avec une ancienne nonne mais il est
excommunié. En fuite, il prêche la réforme
luthérienne et se réfugie à Strasbourg en 1523. Il y est reconnu comme chef
de file de Martin Bucer doit quitter
Strasbourg en 1549 sur ordre de Charles-Quint et de l'évêque de la ville et
il se réfugie à Cambridge où il enseignera jusqu'à sa mort. Les idées de Bucer représentent
la possibilité d'une troisième voie entre celles de Calvin et Luther, possibilité qui échoue. Même sa
ville de Strasbourg se rangera aux options du luthéranisme strict. |
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Philipp Melanchthon (1497-1560) |
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Petit neveu de l'humaniste
Johannes Reuchlin, Philipp Schwartzerdt (hellénisé en Melanchthon en raison
de sa réussite précoce en grec) étudie à partir de 1512 à Heidelberg et à
Tübingen. Devenu en 1518 professeur de grec à l'université de Wittenberg, il
y rencontre Luther dont il devient et restera le
principal disciple. En 1519, il écrit l'Apologia
pro Luthero. Ses Loci communes (1521) constituent le premier
ouvrage de théologie luthérienne. Il les remaniera plusieurs fois tout au
long de sa vie (1533, 1543, 1559). Il rédige Conciliant et diplomate, il a
tenté d'aplanir les divergences entre les différents courants de Melanchthon est l'exégète et le
fondateur de la dogmatique protestante luthérienne. |
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Jean Calvin (1509-1564) |
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C'est à Noyon en Picardie que
naît, le 10 Juillet 1509, Jean Calvin. Il reçoit une formation
d'humaniste et étudie les lettres et la philosophie à Paris, le droit à
Orléans puis à Bourges, l'hébreu, le grec et la théologie au Collège royal.
En 1533 il adhère à Sa carrière de prédicateur
commence alors en Saintonge et en Angoumois. Dès 1534 il doit se réfugier à
Bâle où il publie pour la première fois son ouvrage majeur, l'Institution
de la religion chrétienne, livre qui connaîtra plusieurs éditions revues
et augmentées. Au cours d'un voyage, il passe à
Genève, qui vient d'adopter la Réforme. Farel l'y retient pour prêcher l'Evangile
(1536-1538). Calvin irrite les responsables Genevois et part pour Strasbourg
où il rejoint Martin Bucer et
devient le pasteur des réfugiés français. C'est là qu'il se marie avec
Idelette de Bure, avant d'être rappelé à Genève où il demeurera jusqu'à sa
mort. Il a dès lors dans la ville
capitale de Calvin recourt parfois à la
force pour triompher des opposants qu'il fait condamner à l'exil ou au bûcher
comme l'Espagnol Michel Servet (1553) à qui les protestants ont élevé un
monument à Champel, proclamant ainsi que Calvin avait eu tort de partager
l'intolérance de son époque. Théodore de Bèze succède à Calvin, à sa
mort en 1564, à la tête de l'Eglise réformée. Figure controversée, Jean Calvin
est l'un des premiers grands écrivains de langue française et un théologien majeur |
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Heinrich Bullinger
(1504 – 1575) |
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Heinrich Bullinger poursuit des
études aux Pays-Bas et à Cologne où il entre en contact avec Erasme et l'humanisme.
Il adhère à Il devient ami et conseiller de Zwingli puis son successeur après la
défaite de Kappel alors que Il jouit d'une réputation
considérable dans la chrétienté réformée en raison de l'accueil qu'il assure
aux réfugiés et de son rôle reconnu de conseiller des Églises réformées. Bullinger laisse une œuvre
d'historien (Chroniques de Zurich) et une abondante correspondance
(12 000 lettres) qui fait de lui un des théologiens les plus respectés
du protestantisme réformé. |
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Sébastien Castellion
(1515-1563) |
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Né, à Saint-Martin-du-Fresne,
dans le Bugey, Castellion étudie à Lyon où il fréquente les humanistes et
s'essaie à la poésie. La lecture de l'Institution chrétienne de Calvin et la persécution des protestants
dont il est le spectateur indigné le poussent à partir pour Strasbourg en
1540. Il y rencontre Calvin qu'il rejoint en 1542 à Genève où il devient le
principal du collège. Il publie en 1543 les Dialogues sacrés
dans lesquels il témoigne de sa haine des tyrans et des persécuteurs.
"Il n'y a rien, écrit-il, qui résiste plus obstinément à la vérité que
les grands de ce monde". Castellion supporte mal l'autorité de plus en
plus absolue de Calvin à Genève. Mettant en garde contre l'absolutisme du
nouveau tyran, il démissionne du collège et est mis en demeure de quitter la
ville. Il commence à traduire Le 27 octobre 1553, Calvin fait
exécuter Michel Servet. Peu après paraît à Bâle une brochure intitulée De
haereticis an sint persequendi signée Martin Bellie, alias Castellion
(1554). On y trouve des extraits de Luther, de Sébastien Franck, d'Érasme et
de Castellion. C'est un plaidoyer pour la liberté de conscience et la tolérance.
L'auteur y souhaite "qu'un chacun retourne à soi-même, et soit soigneux
de corriger sa vie, et non de condamner les autres". La réaction contre Sébastien
Castellion mobilise Bèze, qui dénonce sa
"charité diabolique et non chrétienne", tandis que Calvin voit en lui: "un monstre qui
a autant de venin qu'il a d'audace". À Bâle aussi, Castellion est
attaqué de toutes parts pour avoir pris parti contre la prédestination et
surtout pour son attachement à la liberté. En 1562, dans Conseil à Sébastien Castellion meurt le 29
décembre 1563. Il est demeuré largement méconnu. |
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Théodore de Bèze
(1519-1605) |
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C'est à Vézelay, dans une
famille noble et riche, que Théodore de Bèze naît le 24 Juin 1519. Il est à
Bourges (1528- 1535) l'élève de Melchior Wolmar, un des humanistes les plus
célèbres de l'époque. Puis il étudie le droit à Orléans. Melchior Wolmar a révélé au
jeune homme les idées de Partant en exil volontaire, Bèze
arrive à Genève le 24 Octobre 1548 et entre aussitôt en relation avec Calvin. Mais c'est d'abord à Lausanne,
avec Pierre Viret, qu'il travaille pendant 10 ans. Il enseigne le grec,
explique le Nouveau Testament, participe activement à la vie de la cité. En Septembre 1558, Bèze quitte
Lausanne et s'installe à Genève. Il aide à l'organisation de l'Académie de
Genève dont il devient recteur en L'oeuvre littéraire de de Bèze
est importante. Poète, exégète, théologien, prédicateur, historien, il a
beaucoup écrit. On lui doit Abraham sacrifiant (1550), une tragédie en
français, une Confession de foi, une traduction latine annotée du Nouveau
Testament et surtout une traduction des Psaumes qui fera
référence. Théodore de Bèze a été pendant les guerres de religion le chef
spirituel des Huguenots. |
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La doctrine des
Indulgences |
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Cependant, les chrétiens savent
combien cette grâce reste toujours imméritée, en raison de notre incapacité
fondamentale à vivre en permanence dans la sainteté. Au fil du temps, Les théologiens ont donc, petit
à petit, forgé une doctrine qui redonnait espoir aux chrétiens. Le chrétien
pouvait obtenir du pape un document appelé "indulgence", qui lui
remettait ses péchés ou une partie de ceux-ci. Il pouvait alors continuer à
travailler à son salut ou à celui des défunts qui lui étaient chers. La papauté franchit un pas de
plus au début du XVIème siècle. Lorsque le pape eut besoin
d'argent pour construire la basilique de Saint-Pierre de Rome, |
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Luther
affichant ses thèses sur l’église de Wittenberg, Tableau de Hugo
Vogel, fin du XIXe siècle |
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L’épisode de l’affichage des
quatre-vingt-quinze Chaque année, le dernier dimanche d’octobre, un culte de la réformation est
célébré en souvenir de ce |
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Les
quatre-vingt-quinze thèses de Luther |
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Préambule : Par amour pour la vérité et dans
le but de la préciser, les thèses suivantes seront soutenues à Wittemberg,
sous la présidence du Révérend Père Martin LUTHER, ermite augustin, maître es
Arts, docteur et lecteur de Thèses : 1. En disant : Faites pénitence, notre Maître et
Seigneur Jésus-Christ a voulu que la vie entière des fidèles fût une
pénitence. 2. Cette parole ne peut pas s'entendre du sacrement de la
pénitence, tel qu'il est administré par le prêtre, c'est à dire de la
confession et de la satisfaction. 3. Toutefois elle ne signifie pas non plus la seule
pénitence intérieure ; celle-ci est nulle, si elle ne produit pas au
dehors toutes sortes de mortifications de la chair. 4. C'est pourquoi la peine dure aussi longtemps que dure la
haine de soi-même, la vraie pénitence intérieure, c'est à dire jusqu'à
l'entrée dans le royaume des cieux. 5. Le pape ne veut et ne peut remettre d'autres peines que
celles qu'il a imposées lui-même de sa propre autorité ou par l'autorité des
canons. 6. Le pape ne peut remettre aucune peine autrement qu'en
déclarant et en confirmant que Dieu l'a remise ; à moins qu'il ne
s'agisse des cas à lui réservés. Celui qui méprise son pouvoir dans ces cas
particuliers reste dans son péché. 7. Dieu ne remet la coulpe à personne sans l'humilier,
l'abaisser devant un prêtre, son représentant. 8. Les canons pénitentiels ne s'appliquent qu'aux
vivants ; et d'après eux, rien ne doit être imposé aux morts. 9. Voilà pourquoi le pape agit selon le Saint-Esprit en
exceptant toujours dans ses décrets l'article de la mort et celui de la
nécessité. 10. Les prêtres qui, à
l'article de la mort, réservent pour le Purgatoire les canons pénitentiels,
agissent mal et d'une façon inintelligente. 11. La transformation
des peines canoniques en peines du Purgatoire est une ivraie semée
certainement pendant que les évêques dormaient. 12. Jadis les peines
canoniques étaient imposées non après, mais avant l'absolution, comme une
épreuve de la véritable contrition. 13. La mort délie de
tout ; les mourants sont déjà morts aux lois canoniques, et celles-ci ne
les atteignent plus. 14. Une piété
incomplète, un amour imparfait donnent nécessairement une grande crainte au
mourant. Plus l'amour est petit, plus grande est la terreur. 15. Cette crainte,
cette épouvante suffit déjà, sans parler des autres peines, à constituer la
peine du Purgatoire, car elle approche le plus de l'horreur du désespoir. 16. Il semble qu'entre
l'Enfer, le Purgatoire et le Ciel il y ait la même différence qu'entre le
désespoir, le quasi-désespoir et la sécurité. 17. Il semble que chez
les âmes du Purgatoire l'Amour doive grandir à mesure que l'horreur diminue. 18. Il ne paraît pas
qu'on puisse prouver par des raisons, ou par les Ecritures que les âmes du
Purgatoire soient hors d'état de rien mériter ou de croître dans la charité. 19. Il n'est pas
prouvé non plus que toutes les âmes du Purgatoire soient parfaitement
assurées de leur béatitude, bien que nous-mêmes nous en ayons une entière
assurance. 20. Donc, par la rémission
plénière de toutes les peines, le Pape n'entend parler que de celles qu'il a
imposées lui-même, et non pas toutes les peines en général. 21. C'est pourquoi les
prédicateurs des Indulgences se trompent quand ils disent que les indulgences
du Pape délivrent l'homme de toutes les peines et le sauvent. 22. Car le Pape ne
saurait remettre aux âmes du Purgatoire d'autres peines que celles qu'elles
auraient dû souffrir dans cette vie en vertu des canons. 23. Si la remise
entière de toutes les peines peut jamais être accordée, ce ne saurait être
qu'en faveur des plus parfaits, c'est-à-dire du plus petit nombre. 24. Ainsi cette
magnifique et universelle promesse de la rémission de toutes les peines
accordées à tous sans distinction, trompe nécessairement la majeure partie du
peuple. 25. Le même pouvoir
que le Pape peut avoir, en général, sur le Purgatoire, chaque évêque le
possède en particulier dans son diocèse, chaque pasteur dans sa paroisse. 26. Le Pape fait très
bien de ne pas donner aux âmes le pardon en vertu du pouvoir des clefs qu'il
n'a pas, mais de le donner par le mode de suffrage. 27. Ils prêchent des
inventions humaines, ceux qui prétendent qu'aussitôt que l'argent résonne
dans leur caisse, l'âme s'envole du Purgatoire. 28. Ce qui est
certain, c'est qu'aussitôt que l'argent résonne, l'avarice et la rapacité
grandissent. Quant au suffrage de l'Eglise, il dépend uniquement de la bonne
volonté de Dieu. 29. Qui sait si toutes
les âmes du Purgatoire désirent être délivrées, témoin de ce qu'on rapporte
de Saint Séverin et de Saint Paul Pascal. 30. Nul n'est certain
de la vérité de sa contrition ; encore moins peut-on l'être de l'entière
rémission. 31. Il est aussi rare
de trouver un homme qui achète une vraie indulgence qu'un homme vraiment
pénitent. 32. Ils seront
éternellement damnés avec ceux qui les enseignent, ceux qui pensent que des
lettres d'indulgences leur assurent le salut. 33. On ne saurait trop
se garder de ces hommes qui disent que les indulgences du Pape sont le don
inestimable de Dieu par lequel l'homme est réconcilié avec lui. 34. Car ces grâces des
indulgences ne s'appliquent qu'aux peines de la satisfaction sacramentelle
établies par les hommes. 35. Ils prêchent une
doctrine antichrétienne ceux qui enseignent que pour le rachat des âmes du
Purgatoire ou pour obtenir un billet de confession, la contrition n'est pas
nécessaire. 36. Tout chrétien
vraiment contrit a droit à la rémission entière de la peine et du péché, même
sans lettre d'indulgences. 37. Tout vrai
chrétien, vivant ou mort, participe à tous les biens de Christ et de
l'Eglise, par la grâce de Dieu, et sans lettres d'indulgences. 38. Néanmoins il ne
faut pas mépriser la grâce que le Pape dispense ; car elle est, comme je
l'ai dit, une déclaration du pardon de Dieu. 39. C'est une chose
extraordinairement difficile, même pour les plus habiles théologiens, d'exalter
en même temps devant le peuple la puissance des indulgences et la nécessité
de la contrition. 40. La vraie
contrition recherche et aime les peines ; l'indulgence, par sa largeur,
en débarrasse, et à l'occasion, les fait haïr. 41. Il faut prêcher
avec prudence les indulgences du Pape, afin que le peuple ne vienne pas à
s'imaginer qu'elles sont préférables aux bonnes œuvres de la charité. 42. Il faut enseigner
aux chrétiens que dans l'intention du Pape, l'achat des indulgences ne
saurait être comparé en aucune manière aux œuvres de miséricorde. 43. Il faut enseigner
aux chrétiens que celui qui donne aux pauvres ou prête aux nécessiteux fait
mieux que s'il achetait des indulgences. 44. Car par l'exercice
même de la charité, la charité grandit et l'homme devient meilleur. Les
indulgences au contraire n'améliorent pas ; elles ne font qu'affranchir
de la peine. 45. Il faut enseigner
aux chrétiens que celui qui voyant son prochain dans l'indigence, le délaisse
pour acheter des indulgences, ne s'achète pas l'indulgence du Pape mais
l'indignation de Dieu. 46. Il faut enseigner
aux chrétiens qu'à moins d'avoir des richesses superflues, leur devoir est
d'appliquer ce qu'ils ont aux besoins de leur maison plutôt que de le
prodiguer à l'achat des indulgences. 47. Il faut enseigner
aux chrétiens que l'achat des indulgences est une chose libre, non commandée. 48. Il faut enseigner
aux chrétiens que le Pape ayant plus besoin de prières que d'argent demande,
en distribuant ses indulgences plutôt de ferventes prières que de l'argent. 49. Il faut enseigner
aux chrétiens que les indulgences du Pape sont bonnes s'ils ne s'y confient
pas, mais des plus funestes, si par elles, ils perdent la crainte de Dieu. 50. Il faut enseigner
aux chrétiens que si le Pape connaissait les exactions des prédicateurs
d'indulgences, il préfèrerait voir la basilique de Saint-Pierre réduite en
cendres plutôt qu'édifiée avec la chair, le sang, les os de ses brebis. 51. Il faut enseigner
aux chrétiens que le Pape, fidèle à son devoir, distribuerait tout son bien
et vendrait au besoin l'Eglise de Saint-Pierre pour la plupart de ceux
auxquels certains prédicateurs d'indulgences enlèvent leur argent. 52. Il est chimérique
de se confier aux indulgences pour le salut, quand même le commissaire du
Pape ou le Pape lui-même y mettraient leur âme en gage. 53. Ce sont des
ennemis de Christ et du Pape, ceux qui à cause de la prédication des
indulgences interdisent dans les autres églises la prédication de la parole
de Dieu. 54. C'est faire injure
à 55. Voici quelle doit
être nécessairement la pensée du Pape ; si l'on accorde aux indulgences
qui sont moindres, une cloche, un honneur, une cérémonie, il faut célébrer
l'Evangile qui est plus grand, avec cent cloches, cent honneurs, cent
cérémonies. 56. Les trésors de
l'Eglise, d'où le Pape tire ses indulgences, ne sont ni suffisamment définis,
ni assez connus du peuple chrétien. 57. Ces trésors ne
sont certes pas des biens temporels ; car loin de distribuer des biens
temporels, les prédicateurs des indulgences en amassent plutôt. 58. Ce ne sont pas non
plus les mérites de Christ et des saints ; car ceux-ci, sans le Pape,
mettent la grâce dans l'homme intérieur, et la croix, la mort et l'enfer dans
l'homme intérieur. 59. Saint Laurent a
dit que les trésors de l'Eglise sont ses pauvres. En cela il a parlé le
langage de son époque. 60. Nous disons sans
témérité que ces trésors, ce sont les clefs données à l'Eglise par les
mérites du Christ. 61. Il est clair en
effet que pour la remise des peines et des cas réservés, le pouvoir du Pape
est insuffisant. 62. Le véritable
trésor de l'Eglise, c'est le très-saint Evangile de la gloire et de la grâce
de Dieu. 63. Mais ce trésor est
avec raison un objet de haine car par lui les premiers deviennent les
derniers. 64. Le trésor des
indulgences est avec raison recherché ; car par lui les derniers
deviennent les premiers. 65. Les trésors de
l'Evangile sont des filets au moyen desquels on pêchait jadis des hommes
adonnés aux richesses. 66. Les trésors des
indulgences sont des filets avec lesquels on pêche maintenant les richesses
des hommes. 67. Les indulgences
dont les prédicateurs vantent et exaltent les mérites ont le très grand
mérite de rapporter de l'argent. 68. Les grâces
qu'elles donnent sont misérables si on les compare à la grâce de Dieu et à la
piété de la croix. 69. Le devoir des
évêques et des pasteurs est d'admettre avec respect les commissaires des
indulgences apostoliques. 70. Mais c'est bien
plus encore leur devoir d'ouvrir leurs yeux et leurs oreilles, pour que ceux-ci
ne prêchent pas leurs rêves à la place des ordres du Pape. 71. Maudit soit celui
qui parle contre la vérité des indulgences apostoliques. 72. Mais béni soit
celui qui s'inquiète de la licence et des paroles impudentes des prédicateurs
d'indulgences. 73. De même que le
Pape excommunie justement ceux qui machinent contre ses indulgences, 74. Il entend à plus
forte raison excommunier ceux qui, sous prétexte de défendre les indulgences,
machinent contre la sainte charité et contre la vérité. 75. C'est du délire
que d'exalter les indulgences du Pape jusqu'à prétendre qu'elles délieraient
un homme qui, par impossible, aurait violé la mère de Dieu. 76. Nous prétendons au
contraire que, pour ce qui est de la coulpe, les indulgences ne peuvent pas
même remettre le moindre des péchés véniels. 77. Dire que Saint
Pierre, s'il était Pape de nos jours, ne saurait donner des grâces plus
grandes, c'est blasphémer contre Saint Pierre et contre le Pape. 78. Nous disons au
contraire que lui ou n'importe quel pape possède des grâces plus hautes,
savoir : l'Evangile, les vertus, le don des guérisons, etc...(d'après 1
Cor. 12). 79. Dire que la croix
ornée des armes du Pape égale la croix du Christ, c'est un blasphème. 80. Les évêques, les
pasteurs, les théologiens qui laissent prononcer de telles paroles devant le
peuple en rendront compte. 81. Cette prédication
imprudente des indulgences rend bien difficile aux hommes même les plus
doctes, de défendre l'honneur du Pape contre les calomnies ou même contre les
questions insidieuses des laïques. 82. Pourquoi,
disent-ils, pourquoi le Pape ne délivrent-ils pas d'un seul coup toutes les
âmes du Purgatoire, pour les plus justes des motifs, par sainte charité, par
compassion pour leurs souffrances, tandis qu'il en délivre à l'infini pour le
motif le plus futile, pour un argent indigne, pour la construction de sa
basilique ? 83. Pourquoi
laisse-t-il subsister les services et les anniversaires des morts ?
Pourquoi ne rend-il pas ou ne permet-il pas qu'on reprenne les fondations
établies en leur faveur, puisqu'il n'est pas juste de prier pour les
rachetés. 84. Et encore :
quelle est cette nouvelle sainteté de Dieu et du Pape que, pour de l'argent,
ils donnent à un impie, à un ennemi le pouvoir de délivrer une âme pieuse et
aimée de Dieu, tandis qu'ils refusent de délivrer cette âme pieuse et aimée,
par compassion pour ses souffrances, par amour et gratuitement ? 85. Et encore :
pourquoi les canons pénitentiels abrogés de droit et éteints par la mort se
rachètent-ils encore pour de l'argent, par la vente d'une indulgence, comme
s'ils étaient encore en vigueur ? 86. Et encore :
pourquoi le Pape n'édifie-t-il pas la basilique de Saint-Pierre de ses
propres deniers, plutôt qu'avec l'argent des pauvres fidèles, puisque ses
richesses sont aujourd'hui plus grandes que celles de l'homme le plus
opulent ? 87. Encore :
pourquoi le Pape remet-il les péchés ou rend-il participants de sa grâce ceux
qui par une contrition parfaite ont déjà obtenu une rémission plénière et la
complète participation à ces grâces ? 88. Encore : ne
serait-il pas d'un plus grand avantage pour l'Eglise, si le Pape, au lieu de
distribuer une seule fois ses indulgences et ses grâces, les distribuait cent
fois par jour et à tout fidèle ? 89. C'est pourquoi si
par les indulgences le Pape cherche plus le salut des âmes que de l'argent,
pourquoi suspend-il les lettres d'indulgences qu'il a données autrefois,
puisque celles-ci ont même efficacité ? 90. Vouloir soumettre
par la violence ces arguments captieux des laïques, au lieu de les réfuter
par de bonnes raisons, c'est exposer l'Eglise et le Pape à la risée des ennemis
et c'est rendre les chrétiens malheureux. 91. Si, par contre, on
avait prêché les indulgences selon l'esprit et le sentiment du Pape, il
serait facile de répondre à toutes ces objections ; elles n'auraient pas
même été faites. 92. Qu'ils
disparaissent donc tous, ces prophètes qui disent au peuple de Christ :
"Paix, paix" et il n'y a pas de paix ! 93. Bienvenus au
contraire les prophètes qui disent au peuple de Christ : "Croix,
croix" et il n'y a pas de croix ! 94. Il faut exhorter
les chrétiens à s'appliquer à suivre Christ leur chef à travers les peines,
la mort et l'enfer. 95. Et à entrer au
ciel par beaucoup de tribulations plutôt que de se reposer sur la sécurité
d'une fausse paix. |
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Martin
Luther |
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