Karl Barth (1886 – 1968)

 

 

Né et décédé à Bâle. Après des études à Berne, Berlin, Tübingen et Marbourg, Barth devient pasteur suffragant de la paroisse suisse alémanique de Genève (1909-1911). De 1911 à 1921, il est pasteur à Safenwil (Argovie) et s'engage fortement dans les questions sociales (il devient membre du Parti socialiste dès 1916). En 1921, il est nommé professeur à Gottingen, puis à Münster (1925) et à Bonn (1930).

Mis à pied par le régime national-socialiste en 1935, il est appelé à l'Université de Bâle. Il a intensément participé à la création de l'Église confessante d'Allemagne et à la rédaction de la Déclaration de Barmen (1934). Principales œuvres : L'Epître aux Romains (1919, 1922 ) ouvrant la période dite « dialectique" qui fait suite à la rupture culturelle et sociale qu'a représenté la guerre de 1914­1918 (à l'enseigne de la «différence qualitative infinie entre Dieu et l'homme », kierkegaardienne) et la Dogmatique (plus à l'enseigne d'une « analogie de la foi », déployée à partir de la révélation interprétée de façon particulièrement christologique ), quatre gros volumes totalisant plus de neuf mille pages, publiée entre 1932 et 1967, disposée selon un plan en cinq parties (Prolégomènes, Doctrine de Dieu, Doctrine de la création, Doctrine de la réconciliation, inachevée, Doctrine de la rédemption, non écrite), après s'être notamment expliqué méthodologiquement, au gré d'une lecture de saint Anselme : la théologie est et n'est qu'intelligence, interne, de la foi (1931).

Sa pensée et son action prennent leur origine dans une situation concrète: celle du pasteur qui doit annoncer l'Évangile. De quoi doit-il partir ? Aux yeux de Barth, la théologie « libérale" ou « néo-protestante », illustrée par les grands noms de l'Université allemande, Schleiermacher, Harnack, entre autres, et que Barth avait apprise dans sa jeunesse, non sans intérêt d'ailleurs, répondait : il faut partir de l'homme, des questions qu'il se pose face à sa propre existence, à sa destinée, à sa mort. Car, au départ, c'est l'homme qui est une réalité certaine. Ce qui est encore incertain, c'est Dieu, ses réponses et, à la limite, son existence même. Ainsi l'homme, si l'on peut dire, appelle Dieu à la barre: il pose les éléments du dialogue, et Dieu doit répondre. L’œuvre spécifique de Barth est d'avoir opéré, touchant le rapport de l'homme à Dieu, une véritable révolution copernicienne: ce n'est pas l'homme qui est au centre, c'est Dieu. C'est lui qui a l'initiative du dialogue entre lui-même et l'homme. Au total, précédence absolue, tant dans le domaine de l'être que dans celui de la connaissance, de Dieu par rapport à l'homme; mais une précédence où Dieu dans le Christ, implique déjà l'homme.

« Humanité de Dieu» (cf. la conférence de 1956) et non divinité de l'homme ! Constatation qui amène quatre corollaires :

 1) une distinction, de type kierkegaardien, entre connaissance « objective » et connaissance « existentielle ». Dieu n'est pas un objet que l'homme pourrait connaître sans s'engager vis-à-vis de lui; 2) un refus de toute apologétique, tentative de prouver Dieu par des arguments extérieurs à lui. Dieu seul parle bien de Dieu ; 3) une distinction entre « religion » - effort de l'homme pour atteindre Dieu et disposer de lui- et « révélation » - acte par lequel Dieu, dans le Christ, apporte à l'homme sa vraie humanité ; 4) la nécessité foncière de l'engagement éthique de l'homme par rapport au monde, et particulièrement face au prochain, surtout lorsqu'il est victime du péché, de l'injustice et de la violence. En ce sens, la position de Barth est l'une des sources profondes de la « théologie politique » des années soixante à quatre-vingts, mais à une condition: tout action authentique en faveur des hommes ne peut, pour Barth, que découler de la transcendance de Dieu, faute de quoi elle dégénèrerait en idéologie, abandonnée aux aléas de l'histoire.

Jean-Claude Leuba

. BARTH, Karl, Gesamtausgabe, Zurich, Theologischer Verlag, 1971 ss. (en cours de parution) ; Id. , Parole de Dieu et parole humaine (1916-1923). trad. fr., Paris, les Bergers et les Mages, 1966'; Id" L'Épître aux Romains (1919, 1922'), trad., fr." Genève, labor et Fides, 1972; Id., Saint Anselme, Fides quaerens intellectum, La preuve de l'existence de Dieu (1931), trad. fr." Genève, labor et Fides, 1985 ; Id., Dogmatique (1932-1967),

 

 

Lire :

Karl Barth, sa pensée

Karl Barth, une œuvre géante

 

 

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Karl Barth, sa pensée

 

 

-         Barth encore et toujours

-         Dieu est Dieu

-         Dieu se fait humain

-         Contre le nazisme

-         Dieu nous parle

-         Citation 1, à méditer

-         Citation 2, à méditer

La place de Karl Barth dans l'univers théologique est monumentale, à l'image de son œuvre majeure : la "Dogmatique".

Elle marque le retour radical aux intuitions de la Réforme contre les prétentions des sciences humaines à juger de tout.

Barth encore et toujours

Un peu comme celle de De Gaulle sur la politique française, l'ombre de Barth continue, trente ans après sa mort, de planer sur le protestantisme européen. Il a beau appartenir à un autre âge (1886-1968), celui de nos pères ou grand-pères, il reste extraordinairement présent. Ce monstre sacré ne se laisse pas oublier. A ceux qui entendent le prolonger, et à ceux qui veulent prendre d'autres directions, il s'impose comme une évidence incontournable.

Un jour, Barth a écrit qu'il n'était pas barthien. Disons qu'il n'est pas seulement barthien. Si les livres contiennent bien les thèmes repris par ses admirateurs, on en trouve également d'autres qui les contredisent ou les relativisent. Barth sait parfois se réfuter lui-même. Il n'a pas voulu bâtir un système, mais faire entendre la Parole de Dieu, même s'il résiste mal à la tentation de systématiser cette Parole,

Dieu est Dieu.

On raconte qu'un étudiant américain aurait entré la volumineuse Dogmatique de Barth (vingt-sept volumes en français) sur un ordinateur perfectionné, auquel il aurait demandé d'en donner un résumé. L'ordinateur, après avoir tourné un bon moment, aurait répondu: . Dieu est Dieu.

Barth insiste toujours sur la divinité de Dieu. Il reproche à ses professeurs de théologie d'accepter que la culture humaine décide de la valeur du message chrétien. Ils tentent de rendre acceptable la révélation biblique à la pensée. Ils veulent défendre et légitimer la doctrine chrétienne devant la science et la philosophie. Ils soumettent Dieu au jugement humain, au lieu de proclamer le jugement de Dieu sur les humains. Ils oublient que Dieu est Dieu, et que la théologie n'est pas une réflexion humaine sur Dieu, mais l'écoute de ce que dit Dieu.

Dieu se fait humain

En Christ, Dieu se fait humain. Le Tout Autre, le Très Haut, le Transcendant devient l'Emmanuel (Dieu avec nous) . Barth s'en émerveille. Il ne cesse de souligner ce que cette venue de Dieu a d'extraordinaire, d'inimaginable et d'inouï. Il ne veut parler de rien d'autre que du Christ. Hors de lui, nous ignorons tout de Dieu, et il n'y a aucune autre voie de salut. Ni la philosophie, ni les autres religions n'ont la moindre idée ni la plus petite intuition de ce qu'est le vrai Dieu. Notre conduite et notre piété ne peuvent pas nous rapprocher de Dieu. Seul Dieu peut s'approcher de nous, et il l'a fait en Christ.

Barth oppose vigoureusement la religion et la révélation. Il appelle « religion" les efforts de l'être humain pour atteindre Dieu, efforts qui manifestent son orgueil et son désir d'atteindre la vérité et le salut par ses propres moyens. Au contraire, dans la Révélation, Dieu s'approche de nous, nous atteint et fait naître en nous la foi. Elle nous est donnée; il la crée en nous. Il nous faut renoncer à nous-mêmes pour tout recevoir de Dieu.

Contre le nazisme

Hitler invoquait souvent la Providence.

Il se réclamait d'une révélation divine, dans l'âme allemande plutôt que dans le Christ, et en tout cas pas dans les Ecritures juives. En 1934, Barth rédige une « déclaration » contre le nazisme que votera un synode réuni à Barmen.

 Il n'est ni le seul ni le premier chrétien à s'être opposé au nazisme, mais il a su, mieux que quiconque, incarner et exprimer le refus des chrétiens à Hitler.

Dieu nous parle

« La Bible n'a pas pour contenu de justes conceptions de l'homme sur Dieu, mais les justes opinions de Dieu sur l'homme. Elle ne dit pas comment nous devons parler à Dieu, mais bien ce que Dieu nous dit. Elle n'indique pas le chemin qui conduit à Lui,, mais le chemin qu'il a cherché et trouvé pour venir à nous. »

Parole de Dieu et parole humaine, Karl Barth

« La révélation de Dieu... est sa présence critique et réconciliatrice dans le monde des religions humaines, c'est-à-dire dans le domaine des tentatives faites par l'homme pour se justifier et se sanctifier lui-même, devant l'image de la divinité qu'il se compose... L'Eglise est le lieu de la vraie religion uniquement dans la mesure où, par grâce, elle vit de la grâce »

Dogmatique 4,71

Karl Barth

« Du côté de Dieu, la possibilité de le connaître réside dans le fait qu'il est lui-même la vérité et qu'il se présente comme tel à l'homme dans sa parole. » Dogmatique 6,62

Karl Barth

Texte rédigé par André Gounelle

 

 

 

 

 

 

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« La Bible n'a pas pour contenu
de justes conceptions de l'homme sur Dieu,
mais les justes opinions de Dieu sur l'homme.
Elle ne dit pas comment nous devons parler à Dieu,
mais bien ce que Dieu nous dit.
Elle n'indique pas le chemin qui conduit à Lui,
mais le chemin qu'il a cherché et trouvé pour venir à nous. »

Karl Barth

 

 

 

 

 

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« Je marcherai au milieu de vous, je serai votre Dieu
et vous serez mon peuple.
Lévitique 26/12…

Je serai votre Dieu, je veux vous appartenir
de manière à ce que vous puissiez m’appeler :

notre Père, notre Dieu, et chacun pour son compte :
mon Père, mon Dieu.
Je veux être celui qui se tient à vos côtés,
qui prend votre parti, solidaire de vous à tout prix,
contre tout ce qui vous tourmente,
au besoin contre le monde entier
et avant tout contre vous-même. »

Karl Barth

Dans « Aux captifs la liberté »,
recueil de prédications données au pénitencier de Bâle

 

 

 

 

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Karl Barth, une œuvre géante

 

 

Théologien protestant suisse, Karl Barth est né à Bâle en 1886. Il étudia la théologie, de 1904 à 1909, à Berne, Berlin, Tübingen et Marburg. Après avoir occupé plusieurs chaires dans les universités de Gottingen et de Münster de 1923 à 1930, il fut nommé professeur de théologie systématique à l'université de Bonn (1930).

Lorsqu'il commence en 1931 dans cette dernière ville le premier volume de sa monumentale Kirchliche Dogmatik (1932-1967), et traduite en français sous le titre Dogmatique (1953-1972), les signes avant-coureurs de la tempête mondiale apparaissent. Chassé de Bonn, expulsé vers sa Suisse natale (1935), il poursuit son œuvre, et devient le principal auteur de la Déclaration de Barmen. Six articles qui déterminèrent l'opposition chrétienne à l'idéologie et à la pratique du national-socialisme. La guerre éclate. L'enfer de l'extermination des juifs s'installe en même temps qu'une grande partie de l'Europe occidentale tombe en ruines.

Et là, au milieu de cette époque violente et dévastée, il écrit une Dogmatique de 10 000 pages ! Un immense travail de réflexion, sans interruption, ni distraction, une véritable ascèse intellectuelle, un mouvement du corps et de l'âme, pour ne pas dire un mouvement charnel. Ce travail lui coûte des jours et des nuits, le tenant en haleine pour continuer toujours plus en avant l'ascension d'une arête s'élevant à perte de vue).

Cet homme si dense et pénétré de son sujet savait pourtant prendre quelques distances, concédant par exemple que « la Bible pouvait être expliquée plus succinctement » ou se demandant si la théologie ne serait pas un luxe. « En nous y vouant, ne pourrions-nous pas être en train de fuir tout simplement le Dieu vivant ? . écrit-il sur le tard.

Barth, outre son œuvre majeure, a laissé plus de six cents écrits.

Pour poursuivre

Introduction à Karl Barth:

Portrait de Karl Barth, Georges Casalis, Labor et Fides

Œuvres de Karl Barth :

Introduction à la théologie évangélique, KarL Barth, Labor et Fides

L’humanité de Dieu, Karl Barth, Delachaux et Niestlé

Texte rédigé par Jean-Luc Mouton