Dietrich Bonhoeffer (1906 – 1945)

 

 

-         Bonheur et malheur d’un destin

-         Vers un christianisme non religieux

-         Un Dieu faible

-         L’audience de Bonhoeffer

-         Citation 1, à méditer

-         Citation 2, à méditer

Des thèmes comme le christianisme non religieux ou la faiblesse de Dieu ne cessent, encore aujourd’hui d’alimenter la réflexion théologique. En termes de questions à la société sécularisée qui est la nôtre.

Bonheur et malheur d’un destin

Les fées semblent s'être penchées sur son berceau. Dietrich Bonhoeffer a tous les dons: intelligence, charme, sensibilité artistique (surtout musicale), capacité de travail, Il a toutes les chances: sa famille (il a sept frères et sœurs), très unie, fait partie de la meilleure société berlinoise; elle est cultivée, et a des moyens financiers. Il en profite abondamment et judicieusement, fait des études brillantes. Il voyage en Europe et en Amérique, s'engage dans le mouvement œcuménique et participe à plusieurs conférences internationales. En 1931, à vingt-cinq ans, il devient privat docent en théologie à l’université de Berlin. Tout lui a souri, tout a exceptionnellement bien marché pour lui.

Après les fées, les démons. La vie de Bonhoeffer bascule quand les nazis arrivent au pouvoir. Le théologien prend immédiatement et publiquement parti contre Hitler.

Il fait des séjours à l’étranger, mais revient toujours en Allemagne. Il y dirige un séminaire qui prépare au pastorat des étudiants hostiles au nazisme. En 1940, il entre dans un groupe qui a pour objectif d’assassiner Hitler et de prendre le pouvoir. En avril 1943, la police militaire l’arrête. Il est exécuté le 9 avril 1945, quelques heures avant que les troupes américaines n’arrivent au camp de concentration où il se trouvait.

Vers un christianisme non religieux

De sa prison, jusqu’en octobre 1944 (où il est mis au secret), Bonhoeffer envoie à un ami des notes en vue d’un livre qu’il comptait écrire. Publiés sous le titre « Résistance et soumission «, ces papiers esquissent des thèmes qui ont fait choc et ont marqué la réflexion théologique.

Bonhoeffer y écrit que la religion a fait son temps. Essayer de la maintenir serait une erreur. Il faut, plutôt, inventer un christianisme non religieux, fidèle à l’Evangile, mais rompant avec les doctrines et pratiques traditionnelles qui ont fait leur temps.

La religion, selon Bonhoeffer, se fonde sur la faiblesse humaine et la puissance de Dieu. Elle méprise et condamne le monde. Elle se préoccupe de la spiritualité, de l’au-delà, et se désintéresse des réalités de, l’ici-bas.

Or, d’une part, l’homme a développé aujourd’hui un savoir et un pouvoir tels qu’il a le sentiment d’être devenu majeur et de maîtriser sa vie. Il se sent concerné par ce monde, et non par, l’intériorité ou l’au-delà. La religion ne lui parle plus, et elle ne cesse de reculer.

D’autre part, la Bible insiste sur la faiblesse de Dieu qui nous aide et nous sauve par sa souffrance et non par sa force. Elle nous dit que Dieu s’engage dans notre monde. L’Eglise, à l’image de Jésus, doit le servir, et non essayer de le dominer. Pour témoigner de Dieu dans notre monde, et pour être vraiment évangélique, le christianisme doit devenir non religieux.

Ce thème « christianisme non religieux » reste énigmatique. Quand Bonhoeffer en parle, il annonce des explications qui ne viendront jamais. « Résistance et soumission » est une ébauche inachevée. En tout cas, le chrétien non religieux pratique la prière, la lecture de la Bible, et le culte; il parle le langage de tout le monde; il n'oppose pas, mais conjugue l'amour de Dieu et celui du monde, sa foi s'exprime par des actes plus que par des paroles.

Un Dieu faible

« Dieu se laisse [...] clouer sur la croix. Dieu est impuissant et faible dans le monde seulement ainsi Il est avec nous et nous aide Le Christ ne nous aide pas par sa toute puissance, mais par sa faiblesse et ses souffrances. »

Résistance et soumission. Dietrich Bonhoeffer

« Ne pouvez-vous pas veiller une heure avec moi ? » Demande Jésus à Gethsémani C'est le renversement de tout ce que l'homme religieux attend de Dieu. Le croyant est appelé à souffrir avec Dieu de la souffrance que le monde sans Dieu inflige à Dieu. » Dietrich Bonhoeffer

« L'au-delà n'est pas ce qui est infiniment loin, mais ce qui est le plus proche. » Dietrich Bonhoeffer

L'audience de Bonhoeffer

.

.

.

.

« J’entends au dehors des pas.
Ils s’arrêtent à la porte.
 
Puisque pour moi le soleil s’éteint 
prends, toi, ma place, mon frère ? »

.

.

.

.

.

Dans les années 60 à 80, Bonhoeffer exerce une véritable fascination. Tout le monde en parle et se réclame de lui. Trois raisons expliquent cet engouement. 

1. Bonhoeffer apparaît exemplaire par sa lutte contre le nazisme, même si on soulève, ici ou là, quelques questions. (Un pasteur est-il bien à sa place dans un complot qui vise un assassinat et un coup d'Etat, même contre un dictateur et un régime criminels?).

2. En quelques dizaines d’années se produit une avancée scientifique et technique considérable. On commence à en bénéficier concrètement. Rien ne paraît impossible et, de plus, la conjoncture économique, plutôt bonne, suscite beaucoup d'optimisme et une grande confiance dans les capacités humaines.

3. On prend conscience des progrès de la sécularisation. La religion ne semble plus intéresser personne et connaît, en Occident, un recul spectaculaire. Les Eglises perdent leur poids social, leur prestige culturel, et leur influence sur les individus.

Cette situation correspond assez bien aux analyses de « Résistance et soumission.» Ce livre a eu un grand retentissement parmi les chrétiens, parce qu'il posait le problème qu'ils percevaient. Il ne propose pas vraiment de solution, mais on pouvait espérer en trouver en s'appuyant sur sa réflexion et en la prolongeant. Les théologies politiques, celles de la sécularisation et celles de la mort de Dieu se réfèrent toutes, pas toujours à bon escient, à Bonhoeffer.

Dans les années 80, au contraire, on constate un « retour du religieux ». La crise économique fait découvrir les limites de la technique et du pouvoir des hommes. Se développe, à nouveau, un sentiment de finitude et de vulnérabilité, que traduit actuellement, par exemple, la hantise du sida. Du coup, Bonhoeffer paraît toujours intéressant et interpellant, mais il répond moins directement aux questions et attentes d'aujourd'hui.

Texte rédigé par André Gounelle

Pour poursuivre

Résistance et soumission. Dietrich Bonhoeffer , labor et Fides

Dietrich Bonhoeffer. Vie, pensée et témoignage. E. Bethge,

labor et Fides (biographie écrite par le destinataire des lettres de prison)

Une théologie de la réalité. Dietrich Bonhoeffer André Dumas, labor et Fides

 

 

 

 

 

 .

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

;

.

.


.

.

.

.

.

.

.

.

.

 .

 

 

 

 

 

« Dieu se laisse [...] clouer sur la croix.
Dieu est impuissant et faible dans le monde
seulement ainsi il est avec nous et nous aide.
Le Christ ne nous aide pas par sa toute puissance,
mais par sa faiblesse et ses souffrances. »

Dietrich Bonhoeffer

 

 

 

 

 

 .

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

 

 

 

 

« Si Dieu en Jésus Christ revendique un espace dans le monde
-ne serait-ce que dans une étable (Luc2/7)-
il renferme dans cet espace étroit toute la réalité du monde
et en révèle le fondement dernier.
L’Eglise de Jésus-Christ est l’espace dans le monde où l’on atteste et annonce la seigneurie de Jésus-Christ sur le monde entier.
L’espace de l’Eglise ne sert pas
à disputer au monde une partie de son domaine,
mais à attester au monde qu’il reste le monde,
à savoir le monde aimé et réconcilié par Dieu. »

Dietrich Bonhoeffer