Paul Tillich (1886 – 1965)

 

 

-         Passer les frontières

-         Paul Tillich, théologien de la culture

-         La question de l’être

-         Catholicisme et protestantisme

-         Citation 1, à méditer

-         Citation 2, à méditer

Après Schweitzer, Barth, Bultmann, Bonhoeffer, voici Tillich. Il est le théologien qui a peut-être le plus porté le souci d'établir des ponts entre l'Evangile et notre culture contemporaine.

Les fondations ébranlées. Deux évènements ont une importance décisive dans la vie et la réflexion de Tillich. D'abord, la guerre 14-18. Il est aumônier de l'armée allemande sur le front français. A peine sorti de l'Université, où il a fait de brillantes études, le voici précipité dans l'horreur des tranchées et des champs de bataille.

Il découvre à la fois l'ampleur des drames que vit l'être humain, et le peu d'aide qu'apporte la formulation traditionnelle du message chrétien, trop inadaptée.

Ensuite, l'arrivée au pouvoir de Hitler en 1933. Tillich, doyen de sa faculté, a pris des sanctions contre des étudiants nazis qui molestaient leurs camarades juifs. Il a adhéré au parti socialiste. Il est révoqué, et forcé de s'exiler aux Etats-Unis. Le nazisme symbolise pour lui le démoniaque qui constamment tente et tente les humains. Tillich a intitulé un de ses livres « Les fondations ébranlées » et un autre « Le courage d'être ».

Ces titres expriment son expérience: au travers d'ébranlements successifs, la prise de conscience que la Providence ne dispense pas des épreuves, mais qu'elle suscite une foi courageuse qui les affronte et les surmonte.

Passer les frontières

Tillich a franchi plusieurs frontières. Il est passé de l'optimisme idéaliste du XIXème siècle au réalisme tragique du XXème.

Il a émigré aux Etats-Unis. D'origine et de culture allemandes, il a pris la citoyenneté américaine, avant de s'ouvrir à la civilisation du Japon.

Pour lui, la frontière ne représente pas une ligne de séparation, mais le lieu où deux idées se rencontrent, dialoguent et échangent. Il cherche toujours à établir des ponts : entre la philosophie et la théologie (il enseigne une philosophie de la religion, et une théologie philosophique) ; entre la culture et, la science, la psychanalyse et la foi ; entre le politique et le religieux (il milite dans l'Allemagne de Weimar pour un socialisme religieux) ; entre le christianisme et les religions du monde. Il utilise une " méthode de corrélation" qui met en correspondance, qui fait se rencontrer et s'interroger mutuellement divers domaines, positions et attitudes.

Son but: montrer que l'Evangile donne une réponse aux questions les plus profondes de l'être humain - celles qu'exprime la culture. Cette réponse, Jésus le Christ l'apporte. Nous sommes des êtres aliénés, parce que séparés de Dieu, et nous souffrons de n'être pas ce que nous devrions être. Jésus vit en totale communion avec Dieu. Il est le premier homme pleinement humain. C'est pourquoi on lui a donné le titre de Christ. Comme Schweitzer, Tillich insiste sur la nouveauté que représente et qu'introduit Jésus dans le monde. Il est l'être nouveau, et nous fait participer à cette nouveauté qu'il introduit, celle d'une existence authentique.

Paul Tillich, théologien de la culture

Tantôt le christianisme a condamné la culture, jugée pécheresse. Tantôt il l'a épousée et s'y est conformé.

Tillich ne veut ni opposer ni assimiler, mais instaurer une complémentarité critique et une interpellation mutuelle.

Sa « théologie de la culture » a pour dessein :

-          une culture à qui l'Evangile donne sa « substance » (son contenu profond) ;

-          et un christianisme à qui la culture donne sa « forme » (son expression, son organisation).

La question de l'être

« Il n'y a pas de philosophie qui sauve, mais le salut pose la question philosophique de l'être. Contre Pascal, je dis que le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, et le Dieu des philosophes est le même Dieu. »

Religion biblique et ontologie. Paul Tillich

« La théologie doit être une théologie qui répond. Sa tâche est de nous aider à comprendre le message chrétien comme la réponse aux questions qu'impliquent notre situation et celle de tout homme. »

Paul Tillich

« La vie a du sens quand on a le courage de lui dire "oui" en dépit du malheur, des conflits et de la mort. Dieu est la puissance qui nous donne ce courage. Il est la source d'une vie qui a du sens, alors même qu'elle se débat avec l'absurde. »

Paul Tillich


Catholicisme et protestantisme

Pour Tillich, le christianisme a toujours connu un conflit entre deux courants. Le premier, plutôt catholique et sacerdotal (bien qu'il existe ailleurs que dans l'Eglise romaine), insiste sur la présence et l'incarnation de Dieu en certains « lieux », l'Eglise ou les sacrements, par exemple, qui donnent à la foi une « substance ». Le second, plutôt prophétique et protestant (même s'il se trouve ailleurs que dans les Eglises issues de la Réforme), souligne que Dieu dépasse toutes les réalités tangibles, il se situe en dehors et au-delà de cela même qui manifeste sa présence.

Ces deux courants s'opposent mais, en même temps, ont besoin l'un de l'autre. La protestation légitime contre la sacralisation abusive d'objets, de personnes ou de rites risque d'enlever à la foi ses points de repères, de la vider de son contenu, et d'aboutir à un spiritualisme évanescent. L'insistance juste sur la présence substantielle de Dieu dans des actes de piété, dans des cérémonies cultuelles ou dans des écrits sacrés dégénère vite en superstition, en magisme sacramentel et en autoritarisme clérical.

 L'attestation religieuse de Dieu, et la contestation qui marque la distance entre Dieu et la religion se corrigent mutuellement. Toutes deux sont essentielles à la vie de la foi. L’œcuménisme bien compris ne cherche pas l'unanimité et l'harmonie en faisant taire les voix dissidentes et en étouffant les non-conformismes. Il n'accepte pas, non plus, l'ignorance réciproque et le refus d'écouter l'autre. Il ne se donne pas pour objectif de supprimer les différences et les tensions. Il les maintient, les entretient, et surtout nous apprend à en faire un bon usage. La foi chrétienne implique un combat constant entre la « substance catholique » et le « principe protestant », pour éviter les déformations démoniaques qui, d'un côté comme de l'autre, la menacent.

Texte rédigé par André Gounelle

pour le Journal Réforme

Pour poursuivre

Dieu au-dessus de Dieu. Paul Tillich, textes choisis et présentés par André Gounelle. Les Bergers et les Mages.

La dimension religieuse de la culture

Christianisme et socialisme

Ecrits contre les nazis

Substance catholique et principe protestant. Paul Tillich. Cerf - Labor et Fides ­PUL

 

 

 

 

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« La vie a du sens
quand on a le courage de lui dire "oui"
en dépit du malheur, des conflits et de la mort.
Dieu est la puissance qui nous donne ce courage.
Il est la source d'une vie qui a du sens,
alors même qu'elle se débat avec l'absurde. »

Paul Tillich

 

 

 

 

 

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« Nous éprouvons souvent des doutes
sur l’authenticité ou le non-sens de l’espérance
des autres, et aussi de la nôtre…
Mais, ce que nous espérons possède déjà une certaine puissance,
… qui nous oriente vers le futur.
Nous espérons l’achèvement de notre œuvre,
souvent contre toute espérance,
parce qu’elle est déjà en nous comme une vision
et une force qui nous dirigent.
Nous espérons un amour durable,
parce que nous sentons en nous la puissance d’un tel amour.
Espérer implique souvent l’attente.
Attendre demande la patience
Et la patience demande le silence en soi-même »

Paul Tillich