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Dans quelle société voulons-nous vivre ? |
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© REFORME Une icône Ce
que l’horreur d’un camion rempli de 71 cadavres en
décomposition n’a pas réussi, une photo l’a
fait. La carapace d’indifférence s’est
fissurée et l’opinion publique a vu derrière les
mots « migrants » et
« réfugiés » autre chose
qu’une menace, mais des hommes et des femmes de sang et de
larmes. La représentation iconique de leur malheur, sous les
traits d’un enfant gisant sur une plage, en a fait des
frères et des sœurs en humanité. Un
maître chinois raconte l’apologue d’un roi qui, alors
qu’il se rendait au temple, a vu passer près de lui un
veau qu’on conduisait au sacrifice. Il l’a regardé
et a été marqué par ses yeux
épouvantés. Il a alors donné l’ordre de
l’épargner. Les prêtres ont demandé au roi :
« Devons-nous renoncer au sacrifice ? » Le roi a
ordonné de poursuivre les sacrifices avec d’autres
bêtes. Les prêtres lui ont demandé pourquoi il a
épargné ce veau en particulier. Le roi a répondu :
« Lorsqu’il est passé à proximité de
moi, je l’ai regardé en face, et j’ai croisé
ses yeux. » La
raison sait qu’on ne peut accueillir toute la misère du monde, mais le cœur
dit qu’on ne peut ignorer celui qui s’est approché de nous et qui, devenu un
proche, s’est fait prochain. Parfois, il faut écouter son cœur plus que ses
peurs, si l’on ne veut pas vivre dans un monde glacial et déshumanisé. Dans
la Bible, le manque d’hospitalité est le péché de la ville de Sodome. Une
page du Talmud est d’une singulière actualité : « À cause de leur richesse,
les habitants de Sodome devinrent hautains. Ils se dirent les uns aux
autres : puisque l’or et l’argent sont abondants dans notre pays,
pourquoi devrions-nous autoriser les étrangers à franchir nos frontières,
manger et partager ce qui est à nous ? Ils ne feront que prendre ce qui est à
nous et il y en aura moins pour nous. Empêchons-les donc d’entrer, et
chassons ceux qui sont au milieu de nous dès que possible, particulièrement
ceux qui sont pauvres et malades. » Nous savons ce qu’il est advenu de
la ville. Dans
quelle société voulons-nous vivre ? Antoine Nouis © REFORME Plus d'un après (Octobre 2016), 3 articles du journal Liens protestants témoignent que notre société esttoujours très fortement réluctante à l'accueil. Lire: - la France doit et peut mieux faire - Au nom d'une hospitalité radicale |
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