Partage sur le livre des Actes des Apôtres :
être témoin, hier et aujourd’hui
étude biblique 6

Les sommaires des Actes
et le sommaire d’Actes 2, 42-47

La Pentecôte

WORLD MISSION COLLECTION PENTECOST

 

 

 

 

 

Etude biblique 6

Les sommaires du livre des Actes

et le sommaire d’Actes 2, 42 à 47

Luc, narrateur de talent, introduit dans son récit des sommaires. Le sommaire d’Actes 2 décrit la communauté chrétienne de Jérusalem.

1.    Les sommaires dans le livre des Actes, leurs rôles

L’art du récit exige de varier le rythme de la narration pour soutenir l’attention du lecteur.

En rapportant les faits racontés sous forme de scènes (où alternent récit et dialogue), le narrateur lui donne l’impression d’assister à l’événement.

En ralentissant, voire en arrêtant (dans les pauses descriptives) la cadence de la narration, il pique sa curiosité ou lui donne des éléments d’information nécessaires à la compréhension de ce qui va suivre. Il peut aussi accélérer le rythme de son récit pour l’entraîner plus rapidement vers un moment essentiel de l’intrigue.

Un sommaire est un bref bilan dans l’histoire de la Parole et de la communauté.

Les principaux exemples de sommaires des Actes

Ac 2,42-47

La vie de la première communauté

Ac 4,32-35

Le partage des biens dans la première communauté

Ac 5,12-16

Les miracles accomplis par les apôtres

Ac 5,42

L’enseignement et la prédication des apôtres

Ac 6,7-8

La croissance de la communauté

Ac 9,31

L’Eglise s’accroît dans la paix

Ac 12,24

La croissance et l’expansion de la Parole de Dieu

Ac 19,20

La croissance et la force grandissante de la Parole de Dieu

Ac 28,30-31

Le ministère de prédication de Paul à Rome

* * * * *

2.    Les traits de la communauté chrétienne, d’après les trois plus grands sommaires des Actes

Les sommaires des Actes (Ac 2, 42-47, Ac 4, 32-35 et Ac 5, 12-16) donnent de la communauté chrétienne de Jérusalem l’image d’une intense communion fraternelle.

Luc insiste sur 5 notes dominantes :

-          Unanimité                                              2,44-45 ;4,32 ; 5, 12

-          Rôle des apôtres                                   2,43 : 4, 33 ; 5, 12

-          Partage des biens                                 2,44-45 ; 4, 32 et 34-35

-          Attraction de la communauté                2,47 ; 5, 13-17

-          Actes thérapeutiques des apôtres       2,43 ; 5, 12 et 15-16

Cette vie vie exemplaire attire sur le groupe la faveur du peuple, « et chaque jour, le Seigneur adjoignait à la communauté ceux qui étaient sauvés » (Ac 2, 47).

Comparaison des trois sommaires (Ac 2, 42-47 ; 4, 32-35 ; 5, 12-16

1er sommaire

Ac 2, 42-47

2ème sommaire

Ac 4,32-35

3ème sommaire

Ac 5, 12-16

42 Ils persévéraient dans l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières.

32 La multitude de ceux qui avaient cru n'était qu'un cœur et qu'une âme. Nul ne disait que ses biens lui appartinssent en propre, mais tout était commun entre eux.

12 Beaucoup de miracles et de prodiges se faisaient au milieu du peuple par les mains des apôtres. Ils se tenaient tous ensemble au portique de Salomon,

43 La crainte s'emparait de chacun, et il se faisait beaucoup de prodiges et de miracles par les apôtres.

33 Les apôtres rendaient avec beaucoup de force témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus. Et une grande grâce reposait sur eux tous.

13 et aucun des autres n'osait se joindre à eux; mais le peuple les louait hautement.

14 Le nombre de ceux qui croyaient au Seigneur, hommes et femmes, s'augmentait de plus en plus;

44 Tous ceux qui croyaient étaient dans le même lieu, et ils avaient tout en commun.

45 Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun.

34 Car il n'y avait parmi eux aucun indigent: tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de ce qu'ils avaient vendu,

35 et le déposaient aux pieds des apôtres; et l'on faisait des distributions à chacun selon qu'il en avait besoin.

15 en sorte qu'on apportait les malades dans les rues et qu'on les plaçait sur des lits et des couchettes, afin que, lorsque Pierre passerait, son ombre au moins couvrît quelqu'un d'eux.

46 Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur,

47 louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l'Église ceux qui étaient sauvés.

36 Joseph, surnommé par les apôtres Barnabas, ce qui signifie fils d'exhortation, Lévite, originaire de Chypre,

37 vendit un champ qu'il possédait, apporta l'argent, et le déposa aux pieds des apôtres.

(suit le contre-exemple : Ananias et Saphira)

16 La multitude accourait aussi des villes voisines à Jérusalem, amenant des malades et des gens tourmentés par des esprits impurs; et tous étaient guéris.

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3.    Le sommaire d’Actes 2

Le sommaire d’Actes 2 témoigne de l’effet de la Pentecôte. Il suffit de relire le passage pour s’en convaincre. Luc évoque ici un passé exemplaire, un état idyllique de la communauté. La suite du récit nous révèlera que l’idéal n’est peut-être pas la réalité. La communauté connaît des déchirements et l’hostilité du monde extérieur.

Le sommaire d’Actes 2 insiste sur quatre points :

-          La figure des apôtres : 43

-          La communion              44-45

-          La fraction du pain         46

-          Les prières                    47

Il s’agit d’un sommaire qui a des caractéristiques programmatiques. Les deux autres sommaires développent (4, 32-35 et 5, 12-16) le partage des biens et l’activité guérissante des apôtres.

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4.    Les quatre marques de la communauté de Jérusalem

-          1ère marque : L’œuvre du Saint-Esprit. Elle se manifeste par l’enseignement des apôtres (des 12 et des témoins de la résurrection). Il ne s’agit pas d’une dogmatique mais d’une proclamation de Jésus Messie et la confirmation de ceci par les Ecritures. Enseignement et prédication sont liés. Elle se manifeste aussi par l’action thérapeutique des apôtres, à l’identique de celle de Jésus (dans l’Evangile de Luc) : il s’y produit des choses qui suscitent l’attention, et qui accompagnent prédication et enseignement.

-          2ème marque : La communion. Le terme de communion est un mot très riche, qu’il ne faut pas appauvrir en le réduisant à tel ou tel aspect (spirituel, affectif, doctrinal, liturgique, matériel …). Dans ce sommaire il couvre tout ce qui manifeste l’ « être ensemble » des croyants. La traduction par « communion fraternelle » rend assez bien la richesse du sens.

Elle a un sens extensif, matérielle et spirituelle : partage des biens, pratique de la collecte, célébration de la Cène en sont les quelques éléments. Ils participent communément au bien suprême du Salut. Dans le deuxième sommaire elle s’exprime par « un seul corps, une seule âme » (4,32), mais aussi par la mise en commun des biens. « L’être ensemble » (2, 44,47) est une expression typique du début des Actes. Il ne signifie pas seulement « dans le même lieu » (ce qui n’est pas toujours possible), mais « dans une même unité ». « Unanimes » est encore un autre mot familier de Luc dans les Actes pour dire le comportement des croyants (2, 46 ; 4, 24 ; 5, 12 ; 8, 6 ; 15, 25). Cette communion n’est pas doctrinale.

L’entrée dans la communauté introduit des rapports de justice sociale : partage des biens, lien social. Comme l’assemblée de Qumran, ils sont assemblés en un seul corps (1 QS 1, 1 ; 3, 7). Ils ont tout en commun. On évoque bien un âge d’or grec où les humains des origines ignoraient la propriété privée. Pythagore, au VIème avant J.C., avait tenté de réaliser cet idéal de communauté. Dans celle-ci personne ne possédait rien en propre. L’absence de richesse personnelle devait éviter la corruption des gardiens de la cité.

Luc vise à démontrer que la communauté rassemblée vit l’idéal des origines. Elle est une communauté d’amitié fusionnelle. L’Esprit de Pentecôte vient donc satisfaire les aspirations universelles. L’idéal poursuivi n’est pas celui du dépouillement ni de la pauvreté volontaire mais celui de la charité qui ne peut admettre que des frères soient dans le besoin. On abandonne ses biens non pour être pauvre, mais pour qu’il n’y ait pas de pauvres parmi les frères. Il ne s’agit pas de confondre cela avec l’idéal de Qumran qui imposait aux néophytes le dépouillement au profit de la communauté. Ce type de communauté existait dans le monde grec, ce sont des sociétés égalitaires que l’on appelait « Thiases ou Collegia ».

-          3ème marque : La vie cultuelle. est permanente, journalière, partagée entre le Temple et la Maison. La « fraction du pain » est une manifestation quotidienne de cette communion (2, 46). Geste rituel du repas juif, elle en est devenue le Repas du Seigneur donné par Jésus à la dernière Cène pour commémorer sa Pâque (Luc 24, 35 ; Ac 20, 7, 11 ; 1 Cor. 10, 16). La fraction du pain se célèbre « à la maison », en petites communautés, au cours d’un repas fraternel dans un climat de joie et de simplicité.

-          4ème marque : Les prières. Cela évoque une pratique régulière. Le rythme juif du TAMID évoque trois prières quotidiennes (aube ; 15 heures ; coucher du soleil). Sans oublier qu’ils participent aux prières du Temple (3, 1). La vie est rythmée par la prière, la louange, l’intercession. Un rythme s’institue entre « Le Temple » que l’on fréquente encore en continuité avec la foi juive, et « les maisons » où l’identité chrétienne vase creuser par la fraction du pain :célébration de la Cène ou du Repas du Seigneur (au d’un repas, d’une agape).

Luc prône un modèle de vie et va sans cesse souligner dans le Livre des Actes la distance qui peut exister entre cet idéal et le réel.

Frédéric Verspeeten

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