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Etude biblique 6 Les sommaires du livre des Actes Luc,
narrateur de talent, introduit dans son récit des sommaires. Le sommaire d’Actes
2 décrit la communauté chrétienne de Jérusalem. 1. Les
sommaires dans le livre des Actes, leurs rôles L’art du récit exige de varier le rythme de la narration pour
soutenir l’attention du lecteur. En
rapportant les faits racontés sous forme de scènes (où alternent récit et dialogue), le narrateur lui donne l’impression d’assister à l’événement. En
ralentissant, voire en arrêtant (dans les pauses descriptives) la cadence de
la narration, il pique sa curiosité ou lui donne des éléments d’information
nécessaires à la compréhension de ce qui va suivre. Il peut aussi accélérer
le rythme de son récit pour l’entraîner plus rapidement vers un moment
essentiel de l’intrigue. Un
sommaire est un bref bilan dans l’histoire
de la Parole et de la communauté. Les
principaux exemples de sommaires des Actes
*
* * * * 2. Les traits
de la communauté chrétienne, d’après les trois plus grands sommaires des
Actes Les
sommaires des Actes (Ac 2, 42-47, Ac 4, 32-35 et Ac 5, 12-16) donnent de la
communauté chrétienne de Jérusalem l’image d’une intense communion
fraternelle. Luc
insiste sur 5 notes dominantes : - Unanimité
2,44-45 ;4,32 ;
5, 12 - Rôle des apôtres
2,43 :
4, 33 ; 5, 12 - Partage des biens
2,44-45 ;
4, 32 et 34-35 - Attraction de la communauté 2,47 ; 5, 13-17 - Actes thérapeutiques des apôtres 2,43 ; 5, 12 et 15-16 Cette
vie vie exemplaire attire sur le groupe la faveur du peuple, « et chaque jour, le Seigneur adjoignait à
la communauté ceux qui étaient sauvés » (Ac 2, 47). Comparaison
des trois sommaires (Ac 2, 42-47 ; 4, 32-35 ; 5, 12-16
*
* * * * 3. Le sommaire d’Actes 2 Le sommaire
d’Actes 2
témoigne de l’effet de la Pentecôte. Il suffit de
relire le passage pour s’en convaincre. Luc évoque ici un
passé exemplaire, un état idyllique de la
communauté. La suite du récit nous révèlera
que l’idéal n’est peut-être pas la
réalité. La communauté connaît des
déchirements et l’hostilité du monde
extérieur. Le
sommaire d’Actes 2 insiste sur quatre points : - La figure des apôtres : 43 - La communion 44-45 - La fraction du pain 46 - Les prières 47 Il s’agit d’un sommaire qui a des
caractéristiques programmatiques. Les deux autres sommaires développent (4,
32-35 et 5, 12-16) le partage des biens et l’activité guérissante des
apôtres. * * * * * 4. Les quatre
marques de la communauté de Jérusalem - 1ère marque : L’œuvre
du Saint-Esprit. Elle se manifeste par l’enseignement des apôtres (des 12
et des témoins de la résurrection). Il ne s’agit pas d’une dogmatique mais
d’une proclamation de Jésus Messie et la confirmation de ceci par les
Ecritures. Enseignement et prédication sont liés. Elle se manifeste aussi par
l’action thérapeutique des apôtres, à l’identique de celle de Jésus (dans l’Evangile de Luc) : il s’y
produit des choses qui suscitent l’attention, et qui accompagnent prédication
et enseignement. - 2ème marque : La
communion. Le terme de communion est un mot très riche, qu’il ne faut pas
appauvrir en le réduisant à tel ou tel aspect (spirituel, affectif,
doctrinal, liturgique, matériel …). Dans ce sommaire il couvre tout ce qui manifeste
l’ « être ensemble » des croyants. La traduction par « communion fraternelle » rend
assez bien la richesse du sens. Elle a un sens extensif, matérielle et
spirituelle : partage des biens, pratique de la collecte, célébration de
la Cène en sont les quelques éléments. Ils participent communément au bien
suprême du Salut. Dans le deuxième sommaire elle s’exprime par « un seul corps, une seule âme »
(4,32), mais aussi par la mise en commun des biens. « L’être ensemble » (2, 44,47) est une expression typique
du début des Actes. Il ne signifie pas seulement « dans le même lieu »
(ce qui n’est pas toujours possible), mais « dans une même unité ».
« Unanimes » est encore
un autre mot familier de Luc dans les Actes pour dire le comportement des
croyants (2, 46 ; 4, 24 ; 5, 12 ; 8, 6 ; 15, 25). Cette communion n’est pas doctrinale. L’entrée dans la communauté introduit des
rapports de justice sociale : partage des biens, lien social. Comme
l’assemblée de Qumran, ils sont assemblés en un seul corps (1 QS 1, 1 ;
3, 7). Ils ont tout en commun. On évoque bien un âge d’or grec où les humains
des origines ignoraient la propriété privée. Pythagore, au VIème
avant J.C., avait tenté de réaliser cet idéal de communauté. Dans celle-ci
personne ne possédait rien en propre. L’absence de richesse personnelle
devait éviter la corruption des gardiens de la cité. Luc vise à démontrer que la communauté rassemblée
vit l’idéal des origines. Elle est une communauté d’amitié fusionnelle.
L’Esprit de Pentecôte vient donc satisfaire les aspirations universelles.
L’idéal poursuivi n’est pas celui du dépouillement ni de la pauvreté
volontaire mais celui de la charité qui ne peut admettre que des frères
soient dans le besoin. On abandonne ses biens non pour être pauvre, mais pour
qu’il n’y ait pas de pauvres parmi les frères. Il ne s’agit pas de confondre
cela avec l’idéal de Qumran qui imposait aux néophytes le dépouillement au
profit de la communauté. Ce type de communauté existait dans le monde grec,
ce sont des sociétés égalitaires que l’on appelait « Thiases ou Collegia ». - 3ème marque : La vie cultuelle. est permanente, journalière, partagée entre le
Temple et la Maison. La « fraction du pain » est une manifestation
quotidienne de cette communion (2, 46). Geste rituel du repas juif, elle en
est devenue le Repas du Seigneur donné par Jésus à la dernière Cène pour
commémorer sa Pâque (Luc 24, 35 ; Ac 20, 7, 11 ; 1 Cor. 10, 16). La
fraction du pain se célèbre « à la maison », en petites
communautés, au cours d’un repas fraternel dans un climat de joie et de
simplicité. - 4ème marque : Les prières. Cela évoque une pratique régulière. Le rythme
juif du TAMID évoque trois prières quotidiennes (aube ; 15 heures ;
coucher du soleil). Sans oublier qu’ils participent aux prières du Temple (3,
1). La vie est rythmée par la prière, la louange, l’intercession. Un rythme s’institue
entre « Le Temple » que l’on fréquente encore en continuité avec la
foi juive, et « les maisons » où l’identité chrétienne vase creuser
par la fraction du pain :célébration de la Cène ou du Repas du Seigneur
(au d’un repas, d’une agape). Luc prône un modèle de vie et va
sans cesse souligner dans le Livre des
Actes la distance qui peut exister entre cet idéal et le réel. Frédéric Verspeeten |
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